L’origine de cette expression viendrait du monde de la chasse aux canards, une activité qui se pratique en automne. Le chasseur à l’affût, immobile, subit le froid matinal enveloppant les étangs et autres cours d’eau.
Quoi qu’il en soit, les canards résistent assez bien au froid puisque plusieurs espèces demeurent au Québec en hiver. Ces oiseaux, le canard colvert, par exemple, habitent les zones d’eaux libres comme les courants chauds, les sources et les rapides des rivières et du fleuve Saint-Laurent tels les rapides de Lachine.
Les oiseaux aquatiques peuvent s’ébattre au froid en raison d’un plumage épais et bien fourni. De plus, en hiver, un oiseau a davantage de plumes qu’en été, densifiant ainsi son édredon naturel.
Soulignons que les plumes ne contiennent ni peau ni vaisseaux sanguins, une structure qui ne disperse pas la chaleur du corps à l’extérieur.
Mentionnons également que les plumes des oiseaux aquatiques sont hydrofuges grâce aux nombreuses barbules crochetées formant un réseau serré. Elles favorisent l’imperméabilisation et la flottabilité de l’oiseau nécessaires à sa survie.
À preuve, malheureusement, les oiseaux de mer pris dans les déversements d’hydrocarbures perdent l’imperméabilité des plumes, ce qui cause la mort par hypothermie ou noyade.
La vaillance de la mésange
En hiver, une mésange à tête noire semble plus grosse qu’en été. Est-ce une illusion? En fait, l’oiseau hérisse son plumage pour combattre le froid, apparaissant ainsi gonflé aux yeux de l’observateur. Les plumes hérissées emprisonnent l’air, permettant à l’oiseau de mieux se garder au chaud.
Pour survivre à la nuit, laquelle s’étire sur plus de 15 heures au début de l’hiver, la mésange entre dans un état de torpeur. Elle abaisse sa température corporelle en dessous de son niveau régulier.
Ce phénomène s’observe chez de nombreuses espèces, notamment les colombidés (pigeons et tourterelles) et les fringillidés (bruants et sizerins).
Dans les hautes montagnes des Andes, en Amérique du Sud, il y a même une espèce de colibri capable de survivre à une température sous le degré de congélation, grâce à sa capacité de baisser son métabolisme, plongeant ainsi le petit volatile dans un état de torpeur nocturne.
Une autre façon de survivre au froid glacial consiste à constituer un groupe. Par exemple, on remarque des bandes de moineaux domestiques se regroupant de manière très serrée sur des corniches de toits de maisons. La chaleur du groupe permet de réduire, pour chaque individu, sa surface corporelle exposée au milieu extérieur.
Pensons aussi au manchot empereur de l’Antarctique qui forme un groupe de plusieurs milliers d’individus en état de jeûne, rassemblés pendant quatre mois pour couver l’unique œuf de la famille. Cet état de proximité amène une réduction des dépenses énergétiques de plus de 25 %, permettant au sympathique oiseau de survivre à des températures de moins 40 degrés Celsius.
Terminons notre propos sur une note plus chaude en revenant à notre froid de canard. Cela nous rappelle l’histoire du canard et de la poule. Celle-cidit à l’oiseau aquatique: «Il fait un froid de canard»; ce dernier lui répond: «J’en ai la chair de poule!»