L’artiste révélée à elle-même après sa retraite de l’enseignement a présenté ses œuvres dans le cadre de l’événement Distinctions arts visuels, qui se poursuit à la galerie d’art Blainville, Jusqu’au 7 février.
L’exposition met en vedette le travail de création de quatre artistes, préalablement sélectionnés parmi plusieurs autres par un jury. Un honneur pour un artiste. C’est ainsi que les peintures de l’enseignante en arts de Sainte-Sophie ont trouvé leur place sur les murs de la discrète galerie les 29, 30 et 31 janvier derniers.
L’émotion créative
Des impressions sans prétention. Ce thème lui est apparu le plus approprié pour décrire l’ensemble de ses œuvres où le figuratif se révèle parmi les jets abstraits de ses pinceaux.
Ses sujets de prédilection? Charlotte Gagnon peine à répondre. L’artiste en elle livre sur toile ses émotions, celles du moment, tributaires des évènements de la vie, celles plus sombres, que l’on préfère garder cachées.
«Les arts, c’est un langage. Mes toiles, ce sont des périodes de ma vie», tente-elle d’expliquer en faisant visiter les quatre segments d’exposition.
De fait, certains éléments reviennent parfois d’une toile à l’autre. Le gris est omniprésent sur l’une des collections. «C’est ma période grise, dit-elle spontanément. Ma retraite», souligne la peintre en pointant le squelette au centre d’une toile où figure trois personnages. La mort comme symbole de transition.
Il y a aussi le carré qui se déploie sur bon nombre de ses tableaux. Le cube multiple, la table, la chaise, objets et formes qui se fréquentent assidûment. Des détails n’apparaissant parfois pas de près, mais qui s’observent avec intérêt en prenant de la distance.
L’une des toiles est intrigante avec sa chaise croche, déstabilisée. Elle illustre en fait Charlie Hebdo. Une femme derrière l’écran qui semble bien songeuse. C’est La penseuse, un clin d’œil au célèbre Penseur de Rodin.
«Parfois, on pense que je travaille seulement avec l’abstrait, mais il y a un processus abstrait qui amène à l’image», explique l’artiste.
Sortir du cadre
Et malgré la multiplication des cubes, une forme rappelant la structure, l’artiste assure vouloir sortir du cadre, justement. «Je veux me libérer du connu», indique Mme Gagnon, en précisant que le propos de son pinceau reste irrationnel.
Force est de constater que lorsqu’elle sort de la carrure, l’artiste Gagnon peut aussi se perdre dans les rêves. L’une de ses collections aux évoque la confusion avec ses formes nébuleuses, comme dans un rêve.
Même son rapport au cube irrationnel. Elle ne s’explique pas pourquoi le carré revient si souvent avec les tables et les chaises. «Elles sont apparues comme ça. Je ne me suis pas posée la question», répond-t-elle.
Charlotte Gagnon a mis un an pour créer cette série de tableaux fort jolis, il faut en convenir. Voilà une artiste qui mérite d’être connue. En attendant d’être reconnue.