Porte-parole de l’événement, qui se déroulait de 9h à 17h, au Centre communautaire et culturel de Sainte-Thérèse, l’artiste Dominic Sillon s’est permis un moment de discussion humoristique et interactive dès le début de la journée, au grand plaisir des citoyens s’étant déplacés pour cet événement hors de l’ordinaire.
De leur côté, Jean-Pierre Beaulieu et Jocelyne Labelle, président et directrice générale de l’APHVAL, étaient fort satisfaits de voir les citoyens se presser à l’entrée des salles afin de découvrir cet événement organisé pour la première fois dans les Basses-Laurentides.
Panoplie de services
Car, il faut bien le dire, peu de citoyens sont spécialistes en matière de handicap visuel, aussi la présence de 25 stands d’informations valait son pesant d’or. Les exposants y présentaient une foule de produits adaptés aux besoins de ceux qui souffrent d’une limitation visuelle ou ont totalement perdu la vue ou encore des idées permettant justement de les adapter.
C’était l’occasion de défaire ses préjugés entourant l’inaccessibilité à la technologie. À l’exception des personnes totalement aveugles, celles qui possèdent encore une partie de leur vision peuvent utiliser un ordinateur à l’aide des fonctions grossissantes ou un téléphone intelligent avec les fonctions audio.
Il faut savoir qu’il existe différentes sources menant à une limitation visuelle : la dégénérescence maculaire, rétinopathie, glaucome, cataracte, etc. Et c’est souvent en prenant de l’âge que l’on fait face à une perte – plus ou moins grande – de vision.
Voilà pourquoi l’APHVAL s’active pour faire connaître ses services ainsi que ceux d’autres organismes tels que la Fondation INCA, Le regroupement pour la concertation des personnes handicapées des Laurentides, la Table d’intégration et de maintien en emploi des personnes handicapées des Laurentides, le CISSS des Laurentides et L’Audiothèque, pour ne nommer que ceux-là.
Dans quatre salles indépendantes du salon, se tenaient pendant ce temps des conférences traitant différentes thématiques et réalités, dont l’outillage numérique adapté, la réalité des proches, les maladies oculaires et vieillissement, la résilience.
Défis de l’employabilité
Si la résilience permet de mener une vie presque normale avec toute la panoplie d’ajustements possibles, il reste que décrocher un emploi demeure un véritable défi. On enregistrerait trois fois de cas de chômage chez les personnes aveugles et en basse vision que chez la population générale.
Mme Labelle, qui a travaillé aussi chez Intégration Travail Laurentides affirme que la personne atteinte d’un handicap visuel est celle la plus difficile à placer sur le marché du travail et qu’il faut parfois compter de six mois à un an avant qu’une démarche aboutisse, et ce, malgré l’encadrement de l’organisme.
« Autour de 65 % des personnes handicapées visuelles qui n’ont pas de travail et donc au seuil de la pauvreté », affirme-t-elle, en spécifiant que l’APHVAL œuvre justement à briser leur isolement, pour leur donner confiance et les mettre à jour sur les technologies afin qu’ils puissent réintégrer le milieu du travail.
À la Fondation INCA, on évalue même un taux de chômage trois fois plus élevé parmi les personnes à limitation visuelle.
Accessibilité de l’univers numérique
Car le grand défi en ce 21e siècle, c’est l’accès à l’univers numérique.
« On a un comité numérique et on leur apprend à travailler sur un iPhone avec la voix », dit Mme Labelle. « Les gens sortent des ateliers en pleurant, car ils ne savaient pas tout ce qu’ils pouvaient faire avec leur téléphone », souligne M. Beaulieu.
Certains réussissent néanmoins à décrocher un emploi. C’est le cas du président de l’APHVAL, qui est consultant informatique même s’il est atteint de rétinite pigmentaire. Il ne lui reste que 9 % de vision actuellement, ce qui complexifie l’exécution de ses tâches, mais il y parvient.
Atteint de la maladie de Leber, Christian Messier a été embauché comme préposé à la logistique de transport il y a 21 ans et malgré son handicap visuel. Eh oui, un métier totalement technique et qui exige précision. Et ce n’est pas Christian qui s’est adapté à son lieu de travail, mais l’employeur qui s’est adapté à sa condition, à ses besoins. Même avec une vue basse, il peut grossir le contenu de son ordinateur.
L’épuisomètre
S’il y a de bonnes nouvelles, certains aspects de la limitation ne doivent toutefois pas être ignorés. Parmi les conférences présentées, deux s’intéressaient à la proche aidance dont l’une spécifiquement sur « l’épuisomètre » soit l’usure de compassion.
Il y a beaucoup de fonctions qui se perdent lors d’une perte ou forte diminution de la vue, d’où l’importante présente d’un proche aidant, signalent les deux gestionnaires, car l’on remarque aussi un état dépressif chez bon nombre de personnes perdant la vue à un âge avancé, ce qui entraînera même des problèmes de santé mentale pour certains.
Il faut comprendre qu’un proche aidant peut s’oublier, souffrir d’épuisement et même de dépression, aussi doit-il se ressourcer, prendre soin de lui.
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