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Blainville: La rémunération des élus municipaux soulève la critique

Blainville: La rémunération des élus municipaux soulève la critique

Publié le 08/06/2022

La rémunération des élus de Blainville suscite l’inquiétude de certains citoyens qui y perçoivent un abus des fonds publics municipaux. Entre 2018 et 2022, le salaire du maire de l’endroit est passé de 81 906 $ à 104 208.00 $, cette dernière hausse ayant été adoptée lors de la séance du conseil municipal du 15 mars dernier. Bien que rehaussées annuellement, les rémunérations du maire ainsi que celles des conseillers municipaux soulèvent des questions dans la communauté.

À la suite d’une demande d’accès à l’information, le citoyen Florent Gravel a mis la main sur la rémunération détaillée des élus de Blainville depuis 2018, incluant l’allocation leur étant versée.

M. Gravel qualifie les augmentations de l’Administration blainvilloise abusives et ce, depuis plusieurs années. « Il faut se rappeler que le salaire de base du maire était de 81, 906.00 $ au 31 décembre 2018 et qu’il est maintenant (en 2022) de 104, 208.00 $, soit une augmentation de plus de 27 %, ce qui est de beaucoup supérieur aux taux d’inflation que nous avons connus, ces dernières années et aux taux accordés aux employés de la Ville.

Déjà, note le citoyen Gravel, l’ancien maire Richard Perreault avait fait rehausser son salaire de 13,45 % en un an, faisant passer sa rémunération de 81, 906 $, en 2018, à 92, 925.00 $ en 2019. Ce salaire avait encore été augmenté l’année suivante à 97, 757 $ pour finalement atteindre 101, 667.00 $ en 2021.

En adoptant le règlement 1596-1 le 15 mars dernier, l’équipe Poulin a encore rehaussé les rémunérations leur étant réservées. Cette année, Liza Poulin gagnera ainsi 104, 208$ pour ses fonctions à titre de mairesse, somme à laquelle s’ajoute une allocation de 17, 546$.

Pour le poste de conseiller municipal, la rémunération de base est passée de 27, 301$, en 2018, à 36, 804$, en 2022. Une augmentation de près de 35 % en quatre ans note le citoyen Gravel, en ajoutant que leur allocation de dépenses a aussi été bonifiée, passant de 13, 650$, en 2018, à 17, 546$, en 2022.

« L’équipe Poulin n’y est pas allée avec le dos de la cuillère en ce qui concerne l’augmentation accordée aux membres des commissions », juge-t-il.

Payantes, les commissions

Les données qu’il a recueillies grâce à sa demande d’accès à l’information laissent en effet voir que le président d’une commission recevait en 2021 une rémunération 271 $ comme rémunération et le vice-président, 215 $, pour chacune des réunions de quelques heures auxquelles ils assistaient. Or, ce sont désormais des conseillers délégués qui prennent part à ces réunions. Avec une rémunération de 495 $ pour chacune d’elle, ce qui fait bondir le citoyen Florent Gravel.

« C’est totalement démesuré. Cela fait une augmentation de 82,5 % pour l’ancien poste de président, pour l’année 2021, et de 130 % pour celui de vice-président », signale le citoyen Gravel.

« Comment Liza Poulin peut-elle regarder nos employés dans les yeux en votant aussi facilement et sans scrupule de tels salaires déraisonnables pour elle et son équipe ? », persiste-t-il.

La mairesse répond

La mairesse de Blainville, Liza Poulin, se dit très confortable avec la rémunération actuelle des élus et ne perçoit dans les critiques de ses opposants qu’une tentative de dévaloriser la fonction d’élu municipal.

« Les citoyens veulent avoir des élus compétents, à l’écoute et dans l’action. Ils s’attendent à ce que l’on agisse pour continuer de leur offrir une qualité au niveau des services, une ville sécuritaire et inclusive, et plus que jamais, une ville innovante au niveau de la transition écologique », souligne Mme Poulin, questionnée sur la hausse de rémunération des élus observée depuis 2019. 

À propos de la récente augmentation. « En réalité, le conseil municipal ne s’est pas voté une augmentation salariale le 15 mars dernier. Avec la forte inflation que l’on connait, nous avons plutôt décidé de plafonner l’indexation salariale qui correspond à l’indice des prix à la consommation (IPC), puisque le règlement 1596-1 ne le prévoyait pas », répond la mairesse de Blainville, Liza Poulin, aux propos tenus par son opposant politique, Florent Gravel.

Rattrapage et restructuration

Selon Mme Poulin, la hausse de rémunération des élus de 2019 visait un rattrapage salarial étalé sur trois ans puisqu’il n’y avait pas eu d’augmentation entre 2003 et 2018. « Et ce, malgré la croissance de la population de 54% pendant cette période. Aussi, les conditions salariales ont été ajustées afin de compenser la décision du gouvernement fédéral d’imposer l’allocation de dépenses des élus municipaux qui est prévue dans les lois municipales. Cet ajustement avait été calculé grâce à un outil développé par l’Union des municipalités du Québec », précise Mme Poulin.

Quant à la rémunération des membres des commissions, la mairesse rappelle que le conseil a revu la structure de sa gouvernance en réduisant le nombre de commissions permanentes de 9 à 6, et en déléguant à chacune d’elle des chantiers et des mandats précis qui occasionnent davantage d’implication et de temps de la part des élus.

« Auparavant, chaque élu siégeait sur deux commissions, soit à la présidence et à la vice-présidence et avait deux réunions mensuelles. Avec la nouvelle gouvernance, chaque conseiller est délégué à une seule commission, mais le mandat est plus exigeant et implique notamment la création de comités pour travailler sur nos chantiers prioritaires. Prenons par exemple le comité de pilotage de la nouvelle politique environnementale que nous venons d’annoncer. Les élus de la commission de l’environnement et de la transition écologique siègent sans rémunération supplémentaire sur ce comité puisqu’il s’agit d’un mandat affecté à leur commission », a précisé Liza Poulin.

La mairesse Poulin spécifie également que la rémunération et les allocations de dépenses du conseil municipal représentent moins de 1% du budget total de la Ville de Blainville.