En vertu du Programme de remboursement volontaire (PRV) initié par le gouvernement du Québec, la Ville de Boisbriand a pu récupérer une somme avoisinant le million de dollars, un montant jugé bien en deçà des véritables pertes encaissées dans un contexte de collusion, a commenté la mairesse Marlene Cordato, jeudi dernier en conférence de presse.
La mairesse de Boisbriand apparaissait à la fois déçue et soulagée, elle qui, lors de la campagne électorale de 2009, avait dénoncé des manœuvres frauduleuses qui furent à l’origine de nombreuses accusations et condamnations prononcées dans le cadre de l’opération Marteau menée par l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Lutter contre les puissants
«Je tiens à vous dire que cette annonce représente un moment très spécial pour moi, exprimait conséquemment Mme Cordato. Ces règlements viennent fermer un chapitre de plus de dix ans de ma vie, dans une lutte contre des gens qui avaient beaucoup de pouvoir et d’argent et qui s’en sont servis au détriment des citoyens.»
Et c’est parce qu’elle y croyait qu’elle a mené cette bataille qui, estime-t-elle, a mené à la mise sur pied de la commission Charbonneau, un mérite que beaucoup lui reconnaissent, d’ailleurs. La mairesse a par ailleurs remercié tous ceux et celles qui l’ont soutenue dans ce parcours difficile, tant les membres de sa famille que les employés municipaux qui l’ont aidée, dit-elle, à rétablir une saine gestion de l’appareil municipal boisbriannais. La mairesse a également eu une pensée pour les citoyens qui l’ont élue en 2009 et réélue deux fois depuis.
«Un million, c’est à la fois beaucoup et peu d’argent, en comparaison de la valeur des contrats en cause» , exprimait Marlene Cordato, qui se résout tout de même à l’idée que, sans la loi qui permet ces remboursements volontaires, la Ville aurait dû s’engager dans de longs et coûteux procès.
Celle-ci n’a toutefois pu s’avancer sur un règlement qui lui serait apparu satisfaisant. «Quand on va en procès, tous les espoirs sont permis, mais on ne sait jamais ce qu’on va obtenir. En ce sens, le million de dollars récupéré pour les citoyens est satisfaisant» , a-t-elle répondu.
Le Programme de remboursement volontaire
À noter que le gouvernement du Québec, en 2015, a mis en œuvre le PRV, conformément à l’article 19 de la Loi visant principalement la récupération de sommes payées injustement à la suite de fraudes ou de manœuvres dolosives dans le cadre de contrats publics.
Ainsi, les personnes physiques ou les entreprises incriminées étaient invitées à rembourser les sommes perçues frauduleusement et à obtenir une quittance en échange. Il est à noter que Loi assure la confidentialité de la démarche. «À titre d’élue, j’aurais aimé les rendre publiques» , a tout de même laissé entendre Marlene Cordato.
On sait cependant que l’ancien vice-président d’Infrabec, Lino Zambito, a conclu une entente hors PRV avec la Ville de Boisbriand. Il est aussi possible de trouver, sur le site du ministère de la Justice, la liste des individus et entreprises qui se sont prévalus du PRV, sans toutefois pouvoir les lier à un organisme ou une ville. Les montants versés n’y apparaissent pas non plus, bien qu’on sache qu’ils totalisent 94 754 635,46 $ versés à 32 organismes publics.
La mairesse a également déclaré que cet argent obtenu dans le cadre du PRV sera versé dans le fonds de roulement de la Ville et se transformera donc en services à la population. «C’est avec fierté et soulagement que nous mettons fin à cette longue saga. L’annonce d’aujourd’hui boucle la boucle de façon définitive. Nous regardons maintenant l’avenir la tête haute» , a conclu la mairesse Cordato.
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