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Cancer multirécidiviste: Un miracle pour Henri Delage

Photo : Reine Côté –

Henri Delage peut désormais se promener publiquement sans craindre le regard des autres grâce à ses épithèses.

Cancer multirécidiviste: Un miracle pour Henri Delage

Publié le 21/02/2025

Henri Delage revit. Depuis quelques semaines, il a retrouvé un visage lui permettant de se promener publiquement avec dignité, lui qui souffrait depuis si longtemps d’une déformation physique laissée par un cancer de la peau.

Pendant plus d’une dizaine d’années, le Blainvillois n’osait plus sortir afin d’éviter le regard des autres, tant son visage surprenait avec son nez complètement difforme, avec un côté presque entièrement manquant, ce qui attirait évidemment l’attention.

Il accompagnait son épouse au supermarché, mais l’attendait patiemment dans l’automobile. Les activités sportives de ses petits-enfants : il se cachait dans un coin pour éviter d’attirer l’attention.

Avec le temps, M. Delage s’est complètement retiré de la circulation, préférant vivre en ermite, replié sur lui-même. Sa souffrance était telle qu’il a même songé à en finir pour de bon, confie-t-il ému, les larmes aux yeux.

Ce retour à une vie normale, il la doit beaucoup aux médecins qui l’ont opéré plus d’une fois dans la région nasale, mais surtout à Annie Laverdière, une spécialiste prothésiste de Québec qui lui a fabriqué des prothèses de remplacement si habilement qu’on ne parvient pas à différencier le vrai et le faux nez.

« C’est elle qui m’a sauvé. Elle m’a redonné la vie, ma dignité. Car je m’en allais ; j’en avais assez », confie le Blainvillois, dont les souvenirs de souffrance restent encore vifs.

Récidive

C’est que le cancer de la peau ne laisse pas forcément sa trace uniquement sur le corps. Il peut également toucher le visage. Le Blainvillois Henri Delage en sait quelque chose.

Lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer de la peau, il a rapidement su que des cellules cancéreuses s’étaient logées dans son nez. Il a donc dû subit une intervention chirurgicale.

Cette première opération effectuée par un oto-rhino-laryngologiste aux dires de M. Delage, n’a pas permis de tout gratter la matière cancéreuse. Celui-ci a vu son cancer récidiver, malgré la technique de Mohs, qui consiste à enlever une tumeur par couches, petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de cancer et qui n’assure que 2% de récidive.

Cette intervention en trois phases, au cours de la même journée, nécessitait une biopsie après chaque étape. Or, M. Delage affirme qu’il n’y aurait eu que deux biopsies au lieu de trois, ce qui n’a pas permis de voir qu’il restait de la masse cancéreuse encore après la dernière étape.

M. Delage s’est ainsi retrouvé dans le 2 % de cas de récidive.

Photo courtoisie
Le Blainvillois a vu son visage complètement déformé à la suite de son cancer de la peau s’étant logé à l’intérieur de son nez.

Cinq opérations nécessaires

De 2011 à 2019, il a donc dû se rasseoir sur la chaise d’opération une seconde fois, puis une troisième fois, une quatrième fois et même une cinquième fois, accompagné de séances de radiothérapie, passant du système public au système privé pour revenir au monde médical public.

Or, chaque fois, le Blainvillois souffrait atrocement puisque la plupart des chirurgies étaient pratiquées sur simple anesthésie locale.

En racontant son histoire, M. Delage a encore des flashbacks des souffrances subies lors de ses opérations. Et ce n’est visiblement pas un plaisir.

Au fil des opérations qui consistaient à gratter la zone intérieure du nez affectée, celle-ci s’est tellement agrandie qu’elle forçait le praticien à creuses dans la joue avant de la recouvrer avec une parcelle de peau du crâne.

Des épithèses miraculeuses

Il faut bien saisir l’ampleur de la défiguration subie par M. Delage pour comprendre la métamorphose miraculeuse dont il est l’heureux bénéficiaire grâce à l’expertise de l’épithésiste Laverdière dont la réputation d’exception lui a fait parcourir sans hésiter la route jusqu’à Québec.

Un choix dont il se félicite. Mme Laverdière lui a fabriqué différents modèles de prothèses, dont le vrai terme est épithèse. En fait, ce sont les supports qui font la différence : certaines épithèses peuvent être collées sur les parois de la peau, d’autres sont plutôt aimantées, tandis qu’il y le modèle tenu par une paire de lunettes qui est attachée par l’arrière de la tête.

C’est le modèle qu’a choisi M. Delage : une paire de lunettes de jour et une autre paire, de type verres fumés.

Renaissance

L’année 2025 commence sous les meilleurs auspices pour M. Delage, à qui l’on a diagnostiqué aussi un cancer de la prostate au cours des dernières années.

Mais après deux ans d’injections aux six mois pour freiner son cancer de la prostate, les nouvelles ont eu l’effet d’un cadeau de Noël pour l’homme déjà lourdement éprouvé.

L’année qui commence vient ainsi contrarier l’oiseau de malheur qui semblait avoir installé son nid chez le Blainvillois. Il n’y a plus de trace de cancer de la peau ni du cancer de la prostate chez Henri Delage, qui peut enfin revivre au grand jour à l’aube de ses 80 ans.