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Changement de cap : Blainville rompt l’entente de principe avec Stablex

Photo Alycia Gauthier / Les membres du conseil de Blainville lors de la séance du 22 août dernier.

Changement de cap : Blainville rompt l’entente de principe avec Stablex

Publié le 23/08/2023

Alors que les citoyens se préparaient pour une nouvelle ronde contestataire lors de la séance du conseil du 22 août dernier, la mairesse de Blainville, Liza Poulin, a renversé la vapeur en annonçant la résiliation de l’entente de principe avec Stablex, annulant la vente du terrain de la Ville au coût de 14 millions de dollars.

Ce n’est donc pas sur ce site de 69 hectares que se fera l’implantation de la sixième et tant débattue cellule du centre d’enfouissement, qui comptait y déposer 8 millions de mètres cubes de déchets dangereux et inorganiques durant les 40 prochaines années. En entrevue avec le Nord Info, Liza Poulin dit avoir fondé la décision sur la « récolte des informations qui ont été obtenues en audiences du BAPE et en marge de [celles-ci] ». Interpellée de différentes façons, la municipalité a analysé rigoureusement les faits avec l’aide de partenaires, villes voisines et institutions régionales.

« Ma préoccupation, c’est de réussir à concilier toute la complexité de ce projet-là avec notre compréhension, au niveau du conseil municipal, et notre vision de ce qui est dans l’intérêt des Blainvillois », affirme la mairesse.

Ayant recours au droit de résiliation dont elle s’était pourvue advenant un non-respect de ses conditions, la ville a donc reculé avant même que le BAPE ne dépose le rapport sur lequel il travaille actuellement. La multinationale, quant à elle, ne s’est toujours pas prononcée.

« C’est sûr qu’elle est en droit de contester la légitimité, les assises de notre avis de résiliation, reconnait Liza Poulin. Mais je garde espoir sur le fait que c’est une entreprise avec laquelle on va continuer à avoir un bon partenariat et qui va continuer de s’impliquer dans sa communauté. »

Photo Alycia Gauthier / Liza Poulin, mairesse de Blainville, lors d’une entrevue avec le Nord Info.

Faire le choix vert

La Ville soutient qu’elle n’était pas au courant de toutes les spécificités du projet et de ses éventuels accros au moment d’apposer sa signature en mars 2020, et que « beaucoup d’informations ont fait surface sur [sa] nature. » Parmi les données ayant fait pencher la balance, Liza Poulin énumère la conception de la nouvelle cellule, dont la section hors-terre de 22 de mètres, entre autres choses, n’a jamais été testée. Mais le nerf de la guerre repose dans l’impact éventuel du projet sur les milieux humides et la nappe phréatique : la proximité de tourbières ainsi que la présence de l’esker souterrain près de la zone d’enfouissement en ont fait ciller plus d’un. Liza Poulin évoque les propos préoccupants de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans son mémoire déposé au BAPE, indiquant que, conformément aux aspirations de la CMM, Blainville souhaite protéger 30% de ses milieux naturels d’ici 2030.

« Ce sont des objectifs difficiles à atteindre, donc on doit s’assurer de ne mettre en péril aucun milieu naturel pour réussir », croit Liza Poulin.

Par ailleurs, questionnée sur l’aspect monétaire de la résiliation, la mairesse laisse entendre que le coût écologique occupe une place non-négligeable dans l’affaire, triomphant finalement sur le « coût d’opportunité ».

Encore sur la glace

Malgré cette déviation de trajectoire, la multinationale pourra toutefois exploiter l’autre site où devait initialement se creuser sa cellule 6, à condition qu’elle obtienne l’approbation du Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatique (MELCC). Ce terrain lui permettrait tout de même de « stocker l’équivalent d’un peu plus d’un stade olympique de déchets toxiques », selon la Coalition des citoyens de Blainville. Même si les revendications ne sont pas terminées pour les résidents d’ici et d’ailleurs au Québec, l’annonce du 22 août dernier constitue un bon premier pas et « une belle victoire citoyenne », entendait-on à la sortie de la séance du conseil.

« Le peuple a parlé, et [la mairesse] n’a pas eu d’autre choix », avance Florent Gravel, Blainvillois et chef du parti municipal Mouvement Blainville.

Pour la suite des choses, la Ville compte s’assurer, notamment par l’entremise d’un comité de suivi, « d’augmenter [sa] rigueur et [ses] représentations auprès du gouvernement du Québec », et demeurera plus vigilante par rapport aux activités de Stablex sur son territoire.

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