Luc Désilets, député sortant du Bloc Québécois, s’est montré particulièrement incisif et tranchant sur le sujet de la langue française, estimant que le Québec est délaissé par les libéraux qui ne font rien pour protéger le français. Il critique notamment les velléités du premier ministre Mark Carney de vouloir contester la clause dérogatoire de la loi 96. Seul rempart, dit-il, du français. Il digère difficilement l’abolition du ministère des langues officielles, reprochant aux libéraux leur manque d’intérêt.
Le bloquiste croit que la seule manière de garder le français à l’abri, c’est l’autonomie du Québec en matière de langue officielle. D’ailleurs, il réclame « tout l’argent dédié au Québec en matière linguistique […] », disant vouloir le gérer « à notre façon, en fonction de notre réalité et de la langue française ». Il réclame le bilinguisme pour tous les postes fédéraux situés au Québec, dénonçant la nomination de candidats unilingues anglophones à la fonction publique canadienne.
Linda Lapointe, ancienne députée libérale de 2015 à 2019 a, quant à elle, brandi ses réalisations en lien avec la loi C-13 sur les langues officielles, dont Désilets veut absolument affranchir le Québec.
La frontière canado-américaine, le sujet qui divise
Luc Désilets plaide pour un meilleur contrôle frontalier, dénonçant une forme de laxisme de la part du gouvernement fédéral.
« Le problème, c’est que la frontière, c’est une passoire où l’arrivée incontrôlée de demandeurs d’asile, notamment par des voies irrégulières, engendre, selon lui, une pression importante sur les ressources du Québec. Il a notamment plaidé pour une immigration structurée et équitablement répartie à travers le pays, réclamant une meilleure coordination entre les provinces et Ottawa pour accompagner les personnes migrantes en bonne et due forme, leur assurant un emploi et des services adéquats.
« Il ne faut pas confondre les demandeurs d’asile avec les travailleurs étrangers temporaires. Ce n’est pas la même chose », a déclaré Linda Lapointe, soulignant que l’immigration reste essentielle pour le développement économique du Canada, notamment dans les secteurs agroalimentaires des Basses-Laurentides.
S’appuyant sur les propos de Mark Carney, elle a réitéré que les personnes qui ne répondent pas aux critères du statut de réfugié ne seront pas accueillies.

Luc Désilets (Bloc Québécois) et Linda Lapointe (Parti libéral du Canada) se sont affrontés lors d’un débat électoral organisé par le Groupe JCL, le 14 avril, à l’Hôtel Imperia de Saint-Eustache. L’animation était assurée par Dany Baribeau, rédacteur en chef, et Anne-Merline Eugène, journaliste à L’Éveil.
Les tarifs douaniers, la question de l’urne
La libérale Linda Lapointe plaide pour un Canada fort. Elle souligne le travail actif du gouvernement libéral pour éviter une escalade tarifaire. Reconnaissant que les entreprises locales subissent les contrecoups des tarifs douaniers, elle propose la diversification des marchés d’exportation en rappelant le lien commercial entre le Canada et les États-Unis.
Elle fait valoir la mise en place de l’assurance-emploi pour aider les entreprises à faire face au marasme économique actuel.
Luc Désilets, lui, insiste sur la nécessité pour le Canada de défendre ses intérêts avec fermeté, tout en reconnaissant les limites imposées par la proximité géographique et les relations bilatérales. Il critique la mollesse du gouvernement libéral quant à la défense de certains secteurs manufacturiers québécois.
L’économie régionale face aux tarifs douaniers
Les candidats ont tous deux exprimé leurs inquiétudes face à l’instabilité économique provoquée par les décisions instables de Donald Trump. Linda Lapointe, qui s’était rendue sur le terrain quelques heures avant le débat, convient que c’est une réalité difficile pour les entrepreneurs.
Pour Luc Désilets, le manque d’action concrète du gouvernement est dommageable aux entreprises qui souffrent, selon lui. Il remet en question la capacité de ses adversaires à influencer réellement les décisions lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir.
Rôle des médias dans la démocratie
Les deux candidats soulignent l’importance des médias locaux tout en exprimant des préoccupations différentes quant au soutien fédéral.
Luc Désilets dénonce la « centralisation excessive » des fonds publics au profit de Radio-Canada, reprochant au gouvernement libéral d’avoir injecté 150 millions dans la société d’État au détriment des médias de proximité.
Linda Lapointe, quant à elle, défend ces investissements qui assurent, selon elle, une couverture francophone hors Québec et le renforcement de l’accès à l’information dans tout le pays. Les deux candidats se sont toutefois entendus sur l’importance du journalisme local comme pilier de la démocratie, s’inquiétant de l’influence grandissante des géants numériques.
Ont été invités à participer au débat les partis ayant actuellement une représentation québécoise à la Chambre des communes, soit : le Bloc Québécois, le Parti libéral du Canada, le Nouveau Parti démocratique et le Parti conservateur du Canada.
Luc Désilets (Bloc Québécois) et Linda Lapointe (Parti libéral du Canada) ont confirmé leur participation.
Des invitations ont également été envoyées à Joseph Hakizimana (NPD) et Élia Lopez (Parti conservateur du Canada), mais aucune réponse n’a été reçue dans les délais prescrits.
MOTS-CLÉS
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Linda Lapointe
Luc Desilets
Parti libéral du Canada
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