Dans de nombreux endroits, la chaleur extrême a d’abord entraîné une maturation rapide des fruits. Parfois, on croyait à une année record. Cependant, les fortes pluies du début de l’été ont surabondamment gorgé les fraises, entraînant ainsi une dilution de leur saveur. Parfois même, les inondations ont provoqué un peu de pourriture dans les récoltes.
Quant aux producteurs et productrices de fraises de Sainte-Anne-des-Plaines, leurs avis sur la saison sont divergents. Certains s’en sortent de manière acceptable, sans trop de dégâts, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une saison à oublier.
C’est notamment le cas à la Ferme Métayer. En entrevue, Line Métayer, l’une des propriétaires de l’exploitation agricole, n’a pas mâché ses mots pour décrire la saison 2023. « Puis-je être impolie ? » nous a-t-elle questionné. « C’est une année de m… Nous avons perdu 50 % de notre récolte », s’est-elle exprimée en pouffant de rire. Malgré sa bonne humeur, madame Métayer avouait ressentir une certaine appréhension concernant les états financiers de la ferme, étant donné que les pertes pourraient avoisiner les 25 000 $. « C’est sûr qu’on est un peu inquiets. Nous sommes quand même trois familles à vivre de l’entreprise. Mais nous sommes très diversifiés. Nous avons nos cultures de soya et notre production horticole. »
Nous avons entendu sensiblement le même discours chez les propriétaires de la Fraisière Lauzon et fils. Alors qu’il était au champ sur son tracteur, monsieur Yvon Lauzon a accepté de faire une pause pour répondre à nos questions et nous donner son avis sur la saison. « Au départ, la floraison n’a pas été bonne en raison du froid, donc le rendement n’a pas été généreux. Après cela, les précipitations sont arrivées », disait-il en riant. Malgré qu’il ait utilisé le mot « catastrophe » pour qualifier la récolte de fraises de l’été 2023, nous sentions la résilience de monsieur Lauzon, qui compte sur les autres récoltes à venir pour pallier le manque à gagner.
Chez FraiseBec, le discours était tout autre. En entrevue, Isabelle Charbonneau ne considérait pas que la saison 2023 était un désastre total. Elle se consolait plutôt en se comparant avec ses homologues de l’île d’Orléans qui, pour leur part, ont connu toutes sortes de déboires cette année. Ainsi, madame Charbonneau estime que malgré tout, ils ont été chanceux.
Toutefois, ce qui semble influencer les résultats de la récolte entre FraiseBec et les fraisières de chez les Métayer et les Lauzon, c’est probablement le fait que les deux dernières exploitations récoltent en grande partie leur produit grâce à l’autocueillette, alors que FraiseBec compte sur des employés qui, beau temps, mauvais temps, sont au champ pour récolter les fruits destinés aux marchés d’alimentation.
Par Simon Martel
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