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Demande de redoubler refusée: «<em>J’avais l’impression de lire notre histoire !</em>»

L’école de Fontainebleau de Blainville où au moins deux familles se sont vues refuser leur demande de voir leur enfant redoubler.

Demande de redoubler refusée: «J’avais l’impression de lire notre histoire !»

Publié le 29/06/2015

Le reportage intitulé «Des parents voudraient voir leur fille redoubler sa 6e année», publié le 20 juin dans le Nord-Info, a suscité quelques réactions de parents affirmant avoir vécu la même situation. Selon eux, le fait de refuser à un enfant le droit de redoubler son année, comme l’a fait la Commission scolaire de la seigneurie des Mille-Îles (CSSMI) dans le cas exposé dans le reportage en question, peut entraîner de graves conséquences sur le développement de l’enfant.

Brigitte Labelle était bien assise dans la salle d’attente d’un centre hospitalier de la région, où traînait une copie du Nord-Info, lorsqu’elle est tombée sur l’article qui, rappelons-le, racontait les démêlées avec la CSSMI d’une famille de Blainville qui s’est vu refuser sa demande de voir leur fille redoubler sa 6e année.

Après avoir lu l’article, Mme Labelle est demeurée stupéfaite, tellement qu’elle a découpé la page en question et a immédiatement appelé son mari pour lui en faire la lecture.

«Je n’en revenais pas ! J’avais l’impression de lire notre histoire ! Il fallait que je vous appelle. Nous avons aussi livré la bataille du siècle avec la CSSMI», a-t-elle mentionné pour expliquer sa décision de communiquer avec le journal.

C’est que sa fille, aujourd’hui en 4e secondaire et dont nous tairons le nom pour préserver son identité, souffrait, comme la petite Lavallée, de dyslexie, dysorthographie et d’un trouble de déficit de l’attention, en plus de fréquenter, à l’époque, la même école, soit l’école primaire de Fontainebleau.

«À partir de la 5e année, nous avons demandé à ce qu’elle redouble, a insisté Mme Labelle, mais, à chaque fois, on nous le refusait, affirmant qu’on allait la prendre en charge, l’encadrer. Malgré qu’elle ait coulé son français et ses maths en 6e année, elle est finalement entrée à la Polyvalente de Sainte-Thérèse en première secondaire et ce fut un désastre total!»

Brigitte Labelle n’a eu autre choix que d’inscrire sa fille au privé, au Collège de Boisbriand, où après analyse, on l’a finalement fait redoubler… mais comme elle l’affirme : «le mal était déjà fait. Elle a perdu toute confiance en elle.»

«C’est terrible pour l’estime de soi !»

Mme Labelle n’est pas la seule à avoir réagi. Caroline Macleay l’a fait aussi. La seule différence dans son cas est que sa fille fréquentait l’école Alpha de Rosemère.

«Je crois lire l’histoire de ma propre fille il y a 6 ans, a-t-elle commenté sur le site Internet du Nord-Info. En 4e année, a-t-elle poursuivi, le professeur constatait pourtant déjà un retard de 18 mois dans ses apprentissages. Je voulais qu’elle redouble depuis la première année, mais on me disait que ce ne serait pas bon pour son estime.»

Comme Mme Labelle, Mme Macleay affirme aujourd’hui se rendre compte des dommages causés.

«Les troubles de conduite se sont accumulés à force de récolter des échecs. Ma fille avait des idées suicidaires, si bien qu’elle fut admise en psychiatrie. […] À 17 ans, alors que toutes ses camarades finissent leur 5e secondaire, elle ne voit pas le jour où elle obtiendra son diplôme.»

Caroline Macleay ajoute que, selon elle, si sa fille avait redoublé, elle n’aurait pas eu à souffrir de cumuler des échecs scolaires tout au long de son passage à l’école.

«Parce que ça, c’est terrible pour l’estime de soi !»

Processus rigoureux

«Il arrive que des parents ne soient pas en accord avec l’école, mais les décisions s’appuient sur un processus rigoureux», avait affirmé Anik Gagnon, porte-parole de la CSSMI, le 20 juin dernier, en nous référant au site Internet de la commission scolaire, sous l’onglet «publications/politiques et règlements».

En y consultant le document «Règles de passage de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire», on peut y lire que «la décision du passage d’un élève de l’ordre de l’enseignement primaire à l’ordre de l’enseignement secondaire s’appuie sur la Loi sur l’instruction publique» qui stipule notamment que «le directeur d’école décide du passage en s’appuyant sur le bilan des apprentissages et porte une attention particulière au français et à la mathématique ainsi qu’à la dimension psychosociale de l’élève.»

«Comme vous voyez, nous ne faisons pas dans l’improvisation», avait souligné Mme Gagnon, insistant sur le fait que la réussite de l’élève est toujours au cœur des décisions prises par les directions scolaires.