Le 7 février dernier, ÉEQ a confirmé la création d’un nouveau centre de tri à Montréal-Est, en partenariat avec Matrec, une division de Green For Life Environmental, une entreprise ontarienne. À Bois-des-Filion, on déplore ce déplacement des opérations, qui soulève des enjeux de transport et une hausse prévisible des gaz à effet de serre.
Jusqu’ici, les matières recyclables étaient acheminées vers le centre Tricentris de Terrebonne, situé à environ 15 minutes de route, via l’autoroute 640. Le nouveau trajet vers Montréal-Est double ce temps de transport — et ce, sans compter l’heure de pointe. Pour les villes plus éloignées, comme Sainte-Anne-des-Plaines, le détour vers la métropole sera encore plus significatif. Résultat : davantage de camions sur les routes, plus de carburant consommé, et une empreinte écologique accrue.
Pour le maire Blanchette, il aurait fallu privilégier le centre de tri le plus proche afin de limiter la circulation. Il remet en question la logique derrière l’acheminement en vrac de la matière vers Montréal. Selon lui, cette décision va à l’encontre d’une saine gestion des ressources : « On essayait d’optimiser ça pour réduire les coûts. Les augmentations actuelles sont liées au transport, parce que ça prend plus de camions pour faire essentiellement le même travail qu’avant. On consomme plus de diesel, et tout ça devient problématique — surtout que les villes n’ont pas été consultées. »

Le maire Gilles Blanchette dénonce une incohérence dans le transport des matières résiduelles et recyclables.
Une année pas comme les autres
Le maire reproche aussi à ÉEQ de se baser sur l’année 2020 pour évaluer la quantité de matières recyclables — une année qu’il qualifie « d’anomalie », en raison de la pandémie. « Tout le monde était à la maison, cuisinait. Il y avait forcément plus de recyclage qu’à l’habitude. Depuis, on nous sert des projections gonflées à partir de ça », s’indigne-t-il.
Selon lui, le volume observé aujourd’hui ne correspond plus à ces données. Remplir un bac de recyclage, dit-il, « c’est juste quelqu’un qui magasine beaucoup en ligne ». Il rappelle qu’avec une collecte toutes les deux semaines, les besoins étaient largement comblés.
La première année d’opération, la Ville sera remboursée pour les coûts supplémentaires. Mais après ? Aucune garantie. Le maire Blanchette s’inquiète de l’avenir : « Nos centres de tri, comme ceux de Terrebonne, Lachute et Gatineau, avaient été pensés pour répondre aux réalités locales — selon les moyens de transport disponibles et la proximité. Pourquoi avoir changé une formule qui fonctionnait ? »

La Ville de Bois-des-Filion est reconnue pour ses initiatives environnementales.
Des mesures contradictoires
Le maire a aussi réagi à l’annonce de l’Association québécoise du recyclage des contenants de boisson (AQCRB), qui prévoit ouvrir un vaste réseau de points de service partout au Québec, sous la bannière Consignation. Cela inclut le retour des bouteilles d’eau de plastique. Une mesure bien intentionnée, mais qui ne convainc pas M. Blanchette : « On pense régler le problème en demandant aux gens de garder leurs huit bouteilles d’eau de la semaine pour 35 cents ? »
L’an dernier, Bois-des-Filion a mis en place un Plan Vert ambitieux pour réduire les gaz à effet de serre, notamment par le recyclage et la réduction des déchets. Le plan est accessible sur le site web de la Ville.
Fier des efforts de sa population, le maire rappelle les campagnes de sensibilisation lancées au cours des derniers mois. Selon lui, ignorer ces efforts reviendrait à engorger les sites d’enfouissement, comme celui de Terrebonne : « Il faut continuer de réduire à la source. Sinon, le site de Terrebonne sera plein d’ici quatre ou cinq ans, et on devra envoyer nos déchets ailleurs. »
À travers la réduction de la taille des bacs, les gestes citoyens et des appels comme celui-ci, Bois-des-Filion veut garantir un avenir plus vert à ses citoyens. Le maire conclut : « Il faut parler d’environnement dans son ensemble. Et tout faire pour réduire notre empreinte. Ce que propose Éco Entreprises Québec, ce n’est pas ça. »
MOTS-CLÉS
Journal La Voix
Bois-des-Filion
Gilles Blanchette
Matières recyclées