« Les proches aidants, c’est l’ombre de ceux qui sont déjà dans l’ombre dans notre société. Pour la première fois dans les Laurentides, il y a un colloque qui vise à reconnaître l’expertise des proches aidants » lance Guylaine Charlot.
La directrice générale de la Maison Aloïs résumait ainsi le rôle effacé mais combien indispensable que jouent les proches aidants dans notre société.
En compagnie de Julie Gravel de L’Antr’Aidant, Mme Charlot était au cœur de l’organisation de l’événement Au temps des bernaches qui se tenait jeudi dernier au complexe Les Sentiers de Prévost et qui permettait, justement, à de nombreux proches aidants de sortir de l’ombre et de venir partager leurs expériences et, ainsi, en apprendre davantage sur leur implication auprès de personnes vulnérables.
Trois objectifs
« On ne peut pas se préparer (à devenir proche aidant). Quand ça t’arrive, tu te lances. Tu tentes tant bien que mal (de faire le mieux possible). Tu n’as pas de mode d’emploi » note Julie Gravel.
En fait, de reprendre Mme Gravel, il y a trois grands objectifs.
« La proche aidance, ça devrait être un choix libre, éclairé et irrévocable. 85 % des soins au Québec auprès des personnes vulnérables sont prodigués par les proches aidants et 15 % dans le système de santé. À partir de ce moment-là, est-ce que j’ai vraiment le choix ? Est-ce qu’il est libre ? Est-ce qu’il est éclairé ? Est-ce qu’on me dit qu’il y a des ressources pour moi ? Est-ce qu’il y a des gens qui peuvent m’aider ?
Est-ce que le CISSS des Laurentides est capable de m’aider, après que j’aie laissé 42 messages sur des boites vocales ? Est-ce que c’est irrévocable ? Est-ce qu’on peut arrêter d’instrumentaliser les personnes proches aidantes ? ».
Et Guylaine Charlot d’ajouter, à cet égard :
« On veut essayer de les (proches aidants) accompagner avec des ressources qui sont adaptées aux besoins et non pas uniquement donner des services en fonction de la personne qui est aidée, mais aussi en fonction de la personne qui aide. Ce n’est pas reconnu. Il n’y a pas de budget ».
C’est aussi sans oublier, insiste Mme Gravel, que « 40 % des proches aidants ont moins de 65 ans. Donc, ce sont des travailleurs. Là-dessus, il y en a près du tiers qui ne peuvent pas retourner au travail ».
Leur réalité
Devant de tels constats, les organisatrices plaident pour donner de plus en plus la parole aux proches aidants et « sensibiliser la population » à leur réalité.
« Ces gens-là sont précieux » persiste Julie Gravel. « Qu’est-ce qui les aiderait pour vrai ? Au lieu d’avoir des panels où on se gargarise (de pouvoir parler du vécu des proches aidants), pourquoi ne pas avoir les vraies personnes (pour le faire) ? ».
Pour les jeunes
Dans un autre d’idée, mais sur le même sujet, le gouvernement du Québec, par la voix du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, annonçait vendredi dernier la création d’un réseau d’agents en soutien psychosocial afin de soutenir des jeunes qui jouent un rôle de proche aidant auprès d’une personne souffrant de troubles mentaux.
Le projet Aider sans filtre des associations du Réseau Avant de craquer obtient un financement de 7,5 millions sur cinq ans de Québec, a annoncé le ministre Carmant.