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Des retrouvailles émouvantes dans la famille d’accueil de Patricia Cieslik

Photo Marjorie Dumoulin-Lafond –

Jean Francois Bélanger, Jasmine Ouellette Laurin, Chelsey Bélair, Sophia Myriam Agsous, Kayla Paiement, Carolanne Primeau Fournier et Patricia Cieslik.

Des retrouvailles émouvantes dans la famille d’accueil de Patricia Cieslik

Publié le 27/06/2024

Être famille d'accueil peut être une expérience extrêmement enrichissante. Offrir un toit et un foyer chaleureux apporte des bénéfices tant pour la famille d'accueil que pour les jeunes accueillis, mais cela comporte aussi son lot de défis.

Le 16 juin dernier, Patricia Cieslik a organisé une journée de retrouvailles avec les jeunes filles qu’elle et son conjoint Jean-François ont accueilli au fil des ans. Infos Laurentides a eu l’occasion d’assister à ce moment touchant dans une maison chaleureuse en pleine nature à Saint-Hippolyte.

« Ça fait longtemps qu’on voulait se réunir tous ensemble, mais chacune a maintenant sa vie et elles ont toutes de belles vies! C’est ce que je tenais à célébrer aujourd’hui. Les filles continuent à se côtoyer comme des sœurs, c’est beau à voir. On entend souvent des histoires d’horreur, mais il y a aussi de belles histoires qui donnent espoir », nous explique Mme Cieslik, qui se dit heureuse d’avoir gardé un lien privilégié avec les filles.

Une détermination inébranlable à aider les jeunes

La travailleuse sociale, qui prend sa retraite cette année, a partagé avec nous ses motivations à devenir famille d’accueil : « J’avais eu une belle vie et mes enfants aussi. Je voulais donner au suivant et trouver une manière d’aider les autres. En tant qu’intervenante scolaire à temps plein dans les écoles secondaires, je constatais le grand besoin. »

« Je me sens bien entourée, j’ai le sens de l’organisation, et je savais que je pouvais offrir un bel environnement à ces jeunes. On les a toujours inclus, que ce soit pour les fêtes de Noël ou en voyage. Quand on allait en Floride, on les emmenait. Au souper, c’était pareil : on mangeait du steak, tout le monde mangeait du steak. »

Or, quand on choisit de devenir famille d’accueil, tout n’est pas rose évidemment. L’Hippolytoise nous a fait mention des défis : 

« Ces jeunes n’arrivent pas seulement avec leur petit bagage. Ils arrivent souvent avec un lourd passé, des parents, des travailleurs sociaux qu’il faut gérer, et c’est beaucoup de gestion. Personnellement, j’étais à l’aise d’accueillir trois jeunes à la fois. Certaines familles d’accueil vont jusqu’à neuf enfants. J’ai du mal à saisir comment ils arrivent à tout gérer adéquatement. » 

Pour elle, cela dépend du niveau d’investissement de la famille d’accueil. 

« J’avais un critère primordial : l’école. Tu dois finir ton secondaire 5. Sans ça, les bonnes opportunités seront rares, et je suis fière de dire qu’elles l’ont toutes fini ! En passant par un bon environnement, j’ose croire que ça peut vraiment influencer ce que les jeunes deviennent et les choix qu’ils vont faire pour plus tard. »

Inquiète pour l’avenir des familles d’accueil

Cependant, Mme Cieslik se dit inquiète pour l’avenir des familles d’accueil, craignant une diminution de l’intérêt pour ce rôle essentiel. « À la DPJ, on nous dit qu’il n’y aura plus de cas faciles, mais on ne nous promet pas davantage de soutien. En tant que famille d’accueil, on a l’impression d’être tout seul. Par exemple, ça m’est arrivé qu’une jeune se mutile, et je n’ai obtenu aucun retour ! » 

Les filles présentes nous ont également mentionné leur impression du manque de soutien de la DPJ. « On avait vraiment du mal à obtenir des services et on devait souvent relancer. »

Un message d’espoir

« Ça a pris du temps pour reconstruire l’estime de soi de ces jeunes filles et leur apprendre à prendre soin d’elles-mêmes », soutient Patricia.  « Ce qui est beau, c’est que même si certaines étaient en confrontation en arrivant, elles ont toutes embarqué finalement. »

Beaucoup de jeunes hésitent à dénoncer les difficultés qu’ils rencontrent dans leur famille par crainte de se retrouver en famille d’accueil. Pourtant, selon son conjoint Jean-François, « cette solution peut réellement les aider s’ils vivent de graves problèmes à la maison. »

« Certaines filles qu’on a accueillies manifestaient le souhait de briser le cycle de l’aide sociale de leur famille, ce qui n’est pas facile, mais aujourd’hui, elles ont un emploi avec des avantages sociaux ! » ajoute Patricia.

« Individuellement, je ne serais pas arrivée ici sans elle. J’étais sur une pente glissante. Tout ce que je voulais, c’était avoir une place stable où je pourrais suivre le bon chemin. Nous avons fait beaucoup de progrès ici ! » a exprimé Kayla, une jeune femme reconnaissante.

Lors de notre visite, certaines filles nous ont montré leurs tatouages significatifs en lien avec leur passage dans la famille d’accueil de Patricia, rappelant des moments inoubliables comme un voyage en Floride.

Après 14 ans de service en tant que famille d’accueil, Mme Cieslik souhaite continuer à s’investir dans la cause des jeunes. « Je ne sais pas encore comment, mais je me suis battue pour elles, et je compte bien continuer à me battre. Nous avons de bons jeunes qui ont besoin de soutien, mais il en manque ! »