«Le Créateur l’a bien dit: il faut garder la paix dans ton esprit en tout temps», lance d’abord le grand chef Mohawk. Toutefois, celui-ci ne tarde pas à nuancer ses propos, affirmant que «ça ne prendrait pas grand-chose» pour en arriver à un nouveau conflit.
«Malgré que ce soit mon but, certains des membres de notre communauté ne veulent rien savoir d’une réconciliation avec nos voisins. Il y a donc toujours ce danger de déclencher une autre guerre, une autre crise d’Oka. Je vais te le dire honnêtement, certains membres n’attendent que ça!»
Le dossier du Domaine des Collines à Oka, largement médiatisé l’automne dernier, est un bon exemple de cette goutte qui pourrait faire déborder le vase.
«Le maire Quevillon nous a carrément menti. Il nous avait dit qu’il nous préviendrait et nous consulterait s’il y avait un développement dans ce secteur. Tout d’un coup, j’apprends qu’il y a des manifestations, de la construction qui se fait. C’est quoi ça? Tu m’avais dit que tu étais pour me consulter avant de faire des niaiseries de même pour que je puisse au moins aviser ma population!»
Une réconciliation… sans le maire
Fervent partisan de la paix, le grand chef Simon dit avoir beaucoup de difficulté à accepter que certains des membres de sa communauté souhaitent revivre la crise de 1990.
«On dirait que ça leur manque. L’attention et le pouvoir leur manquent. Moi, je ne veux rien savoir. Je veux avoir la paix. Mais quand tu as un maire comme ça, qui fait des choses comme il a fait, c’est inacceptable! Comment veux-tu que je travaille avec lui?»
Ce que l’on comprend des paroles du grand chef Simon est que si réconciliation il y a, elle se fera sans le maire Pascal Quevillon.
«Je n’ai pas besoin du maire pour me réconcilier. Je discuterai directement avec les citoyens d’Oka. Je n’ai pas besoin de lui!»
Un aréna comme point de départ?
Mardi soir, des membres de la communauté Mohawk de Kanesatake se sont réunis pour entendre le grand chef Simon leur expliquer le projet qu’il caresse de construire un aréna sur son territoire. Le projet évalué à quelque 7 millions de dollars est bien avancé. Mardi, le grand chef a reçu l’aval de sa population de poursuivre ses démarches en vue de le concrétiser dans un avenir rapproché.
«Le projet d’aréna est un projet social, un projet de réconciliation. Au lieu de payer 1 000 $ pour aller jouer au hockey à Deux-Montagnes, les Okois pourront venir ici pour beaucoup moins cher!»
Selon le grand chef Simon, cette réconciliation est plus que nécessaire pour raviver l’économie de la région.
«L’apparence de conflit entre nos communautés met aussi à risque les partenariats que nous avons en développement économique. Sans stabilité, aucun investisseur ne sera tenté de venir investir ici. Il faut réaliser que nous devons travailler ensemble. Ça ne veut pas dire que l’on va plier le genou à qui que ce soit»
Quant aux espoirs du grand chef de recevoir une subvention de Québec pour mener son projet d’aréna à terme, ils sont minces.
«On a des méchants problèmes avec Québec qui essaie d’imposer ses lois sur nous alors que notre territoire est souverain, mais il n’a pas l’air de le réaliser. Avec les taxes que tu collectes sur notre territoire, ne vient pas me dire que tu n’as pas de responsabilités envers les Premières nations. Mais Philippe Couillard n’a aucun respect pour les Premières nations. En bout de ligne, tout ce qu’il fait, c’est d’imposer!», a conclu le grand chef Serge Otsi Simon.
Nous avons parlé au maire d’Oka, Pascal Quevillon, pour recueillir ses commentaires. Sans trop vouloir élaborer sur la question pour ne pas envenimer la situation, il a précisé qu’il n’a jamais menti, affirmant que le projet du Domaine des Collines en est un qui a débuté en 2006. Il a dit ne pas comprendre, par conséquent, pourquoi ce n’est qu’en juillet dernier que son développement a été dénoncé. «S’il y avait eu un nouveau projet de développement, c’est certain que j’aurais avisé le Grand chef, mais ce n’est pas le cas», a indiqué M. Quevillon avant d’ajouter qu’il prendra toujours ses décisions dans le meilleur intérêt de ses citoyens, tout en s’assurant que leurs droits soient respectés.
Selon lui toutefois, la réconciliation doit d’abord débuter entre le Grand chef Simon et Ellen Gabriel. «Malgré leur division, ma porte demeure toujours ouverte aux discussions pour le bien de nos deux communautés», a conclu le maire Quevillon.
«Certains membres n’attendent que ça», dit le grand chef Simon
Publié le 27/03/2018
Nous ne pouvions rencontrer le grand chef du Conseil Mohawk de Kanesatake sans discuter de ses relations avec les différents paliers gouvernementaux et sa voisine d’Oka. Bien que Serge Otsi Simon affirme souhaiter la paix, il est d’avis qu’un «rien» pourrait mener à une nouvelle crise comme celle qu’on a connue à l’été de 1990.
MOTS-CLÉS
Crise d’Oka