Chronologie des faits
Le jour de l’accident, trois maçons de l’entreprise Maçonnerie CPM inc. entraient des blocs de béton à l’intérieur d’un bâtiment résidentiel en construction comportant un sous-sol et trois étages, en vue de l’érection de deux murs coupe-feu à partir de la section centrale du bâtiment.
Alors que quatre palettes et demie de blocs de béton (environ 8 229 kg) avaient déjà été déchargées et entreposées sur chacun des deux premiers planchers et que les maçons terminaient le chargement et l’entreposage d’une quatrième palette (environ 7 315 kg) sur le plancher du 3e étage, deux craquements ont été entendus. Le plancher a ensuite cédé sous les trois travailleurs, qui ont été emportés par l’effondrement du bâtiment.
Un des travailleurs a réussi à se sortir seul des décombres tandis que les deux autres y sont demeurés coincés jusqu’à leur sauvetage. Les trois travailleurs ont été conduits en centre hospitalier pour soigner de graves blessures.
Causes de l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’une part, l’entreposage des blocs de béton sur les planchers de la section centrale du bâtiment en construction a provoqué la rupture par flambement d’un mur de colombage au rez-de-chaussée déjà en surcharge, et l’effondrement de cette section du bâtiment. D’autre part, l’organisation des travaux pour la construction de murs coupe-feu en période hivernale était déficiente en ce qu’elle a amené les travailleurs à surcharger la charpente de la section centrale du bâtiment.
À la suite de l’accident, la CNESST a ordonné la fermeture complète du chantier de construction et a interdit l’accès au bâtiment, sa démolition et sa reconstruction jusqu’à la réception d’une procédure signée et scellée par un ingénieur. Le maître d’oeuvre s’étant conformé à cette exigence, la CNESST a autorisé la démolition mécanique de la section centrale du bâtiment.
Comment éviter un tel accident
Pour prévenir les accidents lors de la construction d’une structure, des solutions existent. Par exemple:
-Apporter un soin rigoureux à la planification et à la coordination des travaux: pendant les travaux de construction ou de démolition, c’est au maître d’oeuvre du chantier que revient la responsabilité de s’assurer de la stabilité des ouvrages et des structures ainsi que de leurs résistances aux charges imposées;
-S’assurer que tous les intervenants restent en communication pendant les travaux: le maître d’oeuvre doit être en contact constant avec les contremaîtres, les chefs de chantier, les ingénieurs et les travailleurs;
-S’assurer que toute modification à une charpente, non prévue par le concepteur, fasse l’objet de plans détaillés préparés par un ingénieur de manière qu’elle soit appuyée, contreventée ou haubanée pour résister à toute charge pendant la construction;
-Veiller à ce que les éléments du contreventement assurant la stabilité des ouvrages et des structures soient clairement marqués, signalés à tous les intervenants présents sur le chantier et maintenus en place aussi longtemps que le concepteur l’a prévu;
-Éviter de surcharger le bâtiment lors de l’entreposage des matériaux de construction. Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivis de l’enquête
D’abord, pour éviter la répétition d’un accident similaire, la CNESST informera des conclusions de l’enquête l’Association de la construction du Québec (ACQ), l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), l’Association patronale des entreprises en construction du Québec (APECQ), l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ), l’Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec (AEMQ) et l’Institut de la maçonnerie du Québec (IMQ) afin qu’ils diffusent, auprès de leurs membres, les conclusions de cette enquête.
Ensuite, le rapport d’enquête sera distribué aux associations sectorielles paritaires de même qu’aux gestionnaires de mutuelles de prévention.
Finalement, dans le cadre de son partenariat avec la CNESST visant l’intégration de la santé et de la sécurité dans la formation professionnelle et technique, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur diffusera, à titre informatif et à des fins pédagogiques, le rapport d’enquête dans les établissements de formation qui offrent les programmes d’études en briquetage-maçonnerie et en charpenterie-menuiserie.
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