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Élèves en difficulté de comportement: Répit-Transit change de visage

Dorénavant

Élèves en difficulté de comportement: Répit-Transit change de visage

Publié le 17/08/2015

Le programme Répit-Transit qu’offrait la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI) à ses élèves en difficulté de comportement depuis 2005, changera de visage à compter de septembre. Dorénavant, le répit se fera à l’intérieur même des murs de l’école.

«On va travailler autrement», a expliqué Anik Gagnon, directrice adjointe à la CSSMI, expliquant que, face à un élève problématique sur le plan du comportement, l’équipe-école pourra continuer à demander conseil aux mêmes spécialistes que par le passé. À la suite de ces consultations, si tous arrivent à la conclusion que l’élève en question a besoin de répit, celui-ci pourra alors en bénéficier à même l’école où, a mentionné Mme Gagnon, «il recevra un enseignement parallèle».

«Est-ce que c’est aussi efficace? On pense que ça peut l’être», a affirmé la directrice adjointe avant de préciser que le répit offert pourrait s’étaler sur 5 à 10 jours, dépendamment des besoins de l’enfant.

Des différences

Au cours des dix dernières années, en marge du programme Répit-Transit, un jeune aux prises avec des problèmes de comportement était retiré de sa classe régulière pour deux semaines et intégré à une classe spéciale, dans une autre école. Au cours de cette période, une psychoéducatrice lui était notamment assignée. L’enseignant et les parents étaient aussi mis à contribution. Au terme de ces dix jours, les interventions réalisées auprès de l’enfant faisant en sorte qu’il était plus que probable qu’il puisse graduellement réintégrer sa classe. On estime en fait à 7 sur 10 le nombre d’élèves qui étaient ainsi «récupérés».

Psychoéducateur à la Commission scolaire de Montréal, Robert Turbide est celui qui a imaginé ce programme au milieu des années 1990, après avoir réalisé que ses interventions auprès des jeunes en difficulté de comportement ne lui permettaient pas d’en remettre plus de 10 % sur le droit chemin.

«Il fallait trouver une passerelle pour ces jeunes», a affirmé M. Turbide pour expliquer sa démarche. Celle-ci fut finalement soumise sous forme de projet-pilote à plusieurs commissions scolaires. Une vingtaine au Québec l’ont mis en place. Selon cet expert en analyse de profil comportemental, cette nouvelle façon qu’a imaginée la CSSMI d’offrir le programme qu’il a créé n’entraînera pas les mêmes résultats.

«Je crois que cela n’a rien à voir avec le programme Répit-Transit, a-t-il dit lorsque mis au fait de la décision de la CSSMI. Ce que l’on tente de faire, c’est de créer des lieux de retrait temporaire à l’intérieur de l’école, pensant que cela pourra suffire à développer un contrôle interne chez le jeune en difficulté. La question à poser, en vertu des coupes budgétaires, est: qui va s’occuper de tout cela?»

Toujours selon M. Turbide, cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences sur le développement des élèves qui auraient pu éventuellement profiter de Répit-Transit.

«Ce programme permettait à des jeunes en difficulté de comportement d’avoir une seconde chance, a souligné le psychoéducateur. En diminuant ainsi ce service, on revient 20 ans en arrière avec un système scolaire amoindri. J’ai beaucoup de difficulté à comprendre les commissions scolaires qui affirment ne pas couper dans les services aux élèves tout en ayant comme objectif de favoriser la persévérance scolaire.»

«Ce programme a sauvé mon gars!»

Patrice Pinel s’interroge également au sujet de la décision de la CSSMI de modifier sa façon d’offrir le programme Répit-Transit, lui qui a vu la vie scolaire et sociale de son fils changer complètement après avoir bénéficié de ce service.

«Ce programme a sauvé mon gars!, a-t-il lancé. N’eût été de Répit-Transit, il n’aurait jamais fini sa 4e année. Il a finalement terminé son année avec 80 % de moyenne et il entre au secondaire en septembre.»

En constants conflits avec son enseignante d’une école primaire de Boisbriand, le jeune homme se retrouvait plus souvent qu’à son tour pointé du doigt par ses camarades de classe.

«L’école avait essayé toutes sortes de plans d’intervention qui ne fonctionnaient pas, a ajouté M. Pinel. Son passage à Répit-Transit a permis de trouver quel était le problème. Mon fils avait juste besoin de bouger. Après l’avoir inscrit dans un programme sport-études, il a alors été pris pour ce qu’il était.»

Plus de 300 élèves éprouvant des difficultés de comportement et fréquentant une école primaire de la CSSMI ont bénéficié du programme Répit-Transit au cours des dix dernières années.