Isabelle Ouellet s’est retrouvée entre la vie et la mort au volant de son fardier de 53 pieds, pesant plus 76 000 livres, lorsqu’elle a embouti une remorqueuse qui venait de lui couper la route dans l’État de New-York.
« J’étais prise dans mon habitacle. La cabine a tordu, le moteur est tombé dans le chemin et ma jambe droite était encastrée dans le métal. J’ai crié au meurtre quand on m’a extirpée de là », raconte-t-elle de son lit d’hôpital avec un moral d’acier.
Transportée en hélicoptère ambulance, la femme dans la cinquantaine perdait beaucoup de sang. « Le seul moyen pour me sauver était l’amputation à 4 pouces du genou. Mon autre pied a été traversé de gauche à droite par la colonne de transmission. Il était paralysé », livre-t-elle suivi d’un long silence avant d’ajouter d’une voix tremblotante, « Mon chien est mort écrasé. Il a voulu me protéger en se plaçant sur mes jambes. Je l’ai vu durcir et mourir dans mes bras », confie cette ancienne résidente des Laurentides, avec le sanglot dans la voix.
De retour au Québec, Isabelle doit commencer une nouvelle vie et mettre une croix sur son métier qu’elle aimait depuis plus de 20 ans, dont sept ans au sein de l’entreprise Jovan Transport de Saint-Eustache.
Elle ne sait même pas si elle va remarcher, son pied gauche, son seul, n’a plus de sensibilité. Il a été remodelé avec des agrafes pour tenir les morceaux ensemble. Le ¾ de sa cuisse a été charcutée pour camoufler avec cette greffe de peau le bout du moignon du genou droit, « le membre fantôme ». Son « petit bout de patte courte » a peut-être été « coupé » trop court pour une prothèse. Elle souhaite un baume au cœur et se croise les doigts.
La maison oui, l’auto non
La CNESST accepte d’adapter sa maison, mais pas la voiture. Son Pathfinder 2006 et sa Subaru 2009 ne peuvent être modifiés, trop vieux aux yeux du gouvernement.
La CNESST exige une voiture de moins de cinq ans avec un maximum de 100 000 kilomètres au compteur.
« La CNESST accepte de payer pour faire adapter un véhicule pas plus vieux de 5 ans, mais ne m’aide en rien pour trouver le véhicule et le payer », explique Mme Ouellet, visiblement déçue au bout du fil.
Elle précise ne pas avoir cet argent, puisqu’elle ne travaille plus depuis l’accident, qui lui a coûté une jambe et presque qu’une vie, étant encore hospitalisée.
« Je viens d’être transférée dans un centre de réadaptation. J’ai besoin d’un véhicule adapté pour me rendre à mes rendez-vous médicaux et faire mes petites commissions ».
La voiture adaptée serait de préférence un VUS, car la miraculée est une grande adepte de kayak.
Comme celle chez Carbur
Isabelle Ouellet a commenté, cette semaine, sur sa page Facebook, une publication du Groupe Carbur, dans laquelle on y voyait un camion adapté au complet pour les personnes en fauteuil roulant. « Maudine que j’aimerais ça ».
Un salaire à la baisse de 50%
Doublement pénalisée avec le calcul de la CNESST, qui lui verse 90% de son salaire imposable, Isabelle se retrouve dans un cul-de-sac. « Mon employeur donnait un montant forfaitaire par jour, non imposable, pour les repas. Certaines journées, je gagnais plus en frais non imposables qu’en imposables. La CNESST se base sur le montant imposable. En réalité, je suis payée la moitié moins qu’avant l’accident », dénonce la dame.
« Mon taux d’endettement grimpe donc à 37%. Ma banque refuse de me passer pour acheter l’auto récent demandé par la CNESST. C’est pourquoi, je sollicite votre aide pour garder mon indépendance et continuer à vivre ma vie pleinement », espère cette mère de famille précisant avoir fixé l’objectif du gofundme à 35 000$.
Consciente que les gens sont grandement sollicités, Isabelle Ouellet accepterait en échange d’un don de 10 000$ de lettrer sa nouvelle voiture avec le nom d’un commanditaire. « Ce n’est vraiment pas cher pour de la publicité qui finance une bonne action. Merci du fond du cœur! » conclut celle, dont la philosophie de vie fait réfléchir : « Si je vis cette épreuve, c’est qu’il y a quelques choses de meilleur pour moi ailleurs ».
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