Pas moins de 250 étudiants et 18 chercheurs du Québec et de la France prenaient part au 26e Forum organisé par l’Acfas, du 7 au 9 novembre.
« Accueillir le Forum international Sciences Société, à l’occasion des 200 ans de notre institution, est une belle manière de réaffirmer notre engagement envers les sciences. Cet évènement incarne notre volonté de favoriser le dialogue entre les générations et les cultures scientifiques, tout en formant des esprits curieux, critiques et ouverts sur le monde », a souligné le directeur général du Collège Lionel-Groulx, Philippe Nasr, fier d’accueillir cet événement d’envergure.
Du côté des organisateurs, l’objectif était clair : mettre en lumière l’exercice pédagogique de l’événement, permettant du coup aux collégiens de faire appel à leur raisonnement scientifique et d’aiguiser leur esprit critique au contact de chercheurs de haut niveau.
Tout au long du week-end, des ateliers et échanges ont tenu les participants bien occupés. Le Forum s’est d’abord ouvert vendredi soir avec un bar des sciences durant lequel des délégations étudiantes ont élaboré des propositions autour du thème « Comprendre ensemble ».
Le lendemain, ils ont continué de discuter lors des six ateliers interactifs qui se déroulaient autour d’enjeux contemporains entourant les arts et les sciences, le bien-être et la nature, la chimie verte, l’épigénétique, le rôle du microbiote et les villes, avant de se poursuivre dans une ambiance décalée avec un défi « neurone » et une performance de la ligue d’improvisation du collège Lionel-Groulx, pour s’ouvrir autrement à l’univers scientifique.
Déterminisme et épigénétique
Les ateliers ont rassemblé des chercheurs et des étudiants, bien curieux d’avoir un aperçu des récentes découvertes des chercheurs. À l’atelier sur l’épigénétique, les questions fusaient en direction des chercheurs Ghyslain Bolduc, Mathieu Dalvai et Ridha Joober.
On l’aura deviné à son nom : « l’épigénétique s’intéresse au patrimoine génétique, mais d’une manière particulière ; elle cherche à définir pourquoi et comment les gènes seront utilisés par une cellule ou pas. L’expression des gènes peut être modulée par différents facteurs environnementaux sans altérer la séquence ADN, contrairement à ce qui se passe avec les mutations génétiques ».
Ridha Joober, chercheur rattaché au département de psychiatrie à l’Université McGill, a ainsi laissé savoir qu’il y aurait une corrélation entre le tabac durant la grossesse et le développement du cerveau du bébé. Certains fœtus exposés au tabagisme durant la grossesse seraient davantage prédisposés au syndrome TDAH que les autres fœtus non exposés. Mais le professeur Joober préfère parler de « facteurs de risque » et non de causalité.
Et contrairement à la pensée populaire, l’Impact génétique ne touche pas seulement les maladies physiques, mais également les désordres psychiatriques comme la bipolarité et la schizophrénie, par exemple, qui sont « hautement déterminées » par le facteur génétique.
Or, tous les chercheurs en génétique s’entendent pour dire que si l’ADN prédispose à certaines maladies, elle ne mène pas forcément à son développement.
Parfois, les recherches amènent elles aussi leur lot de surprise. L’une d’elles, qui a été réalisée dans le Grand Nord canadien, perçu comme éloigné de la pollution, a causé toute une surprise en se révélant au contraire comme un terreau fertile aux polluants. Lors de grands froids, les polluants se mettent en suspension dans l’air et redescendent, fortement concentrés lors de phénomènes violents comme des averses de neige ou de pluie, a indiqué le chercheur français Mathieu Dalvai, qui s’est spécialisée en génétique sur le cancer après son doctorat en épigénétique.
Succès
Bref, un atelier fort captivant, mais non le seul puisque la plupart des salles se sont remplies rapidement d’étudiants curieux.
L’événement a finalement pris fin dimanche par la tenue d’une séance plénière valorisant la richesse et la diversité des parcours des chercheurs invités à ce 26e Forum. Hugo Asselin (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue) et Magali Talandier (Université Grenoble-Alpes) ont saisi l’occasion pour y exposer leurs réflexions après trois jours riches en rencontres.
« Depuis 25 ans, lors du Forum international Sciences Société, les collégiens de toutes les régions du Québec s’immergent dans le monde de la recherche au contact de chercheuses et chercheurs invités. Les rencontres formelles ou impromptues entre les scientifiques et les étudiants s’avèrent souvent déterminantes pour la suite des parcours de ces jeunes adultes. Ainsi, les mots du regretté sociologue et bâtisseur du Québec moderne Guy Rocher ne pouvait être plus justes : on ne se fait pas soi-même, on se fait avec d’autres », a conclu Martin Maltais, président de l’Acfas.

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