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« Je ne demande pas la lune, juste le droit d’uriner »

« Je ne demande pas la lune, juste le droit d’uriner »

Publié le 27/09/2022

Un homme de 65 ans, atteint d’un cancer, se retrouve sur une liste d’attente d’un an pour recevoir une simple boîte de cathéters afin de lui permettre d’uriner.

Antonio Jose Castro de Blainville est estomaqué par la réponse qu’il a obtenu du CLSC de Sainte-Thérèse. « Nous ne pouvons vous fournir des cathéters avant un an », lui a répondu une infirmière.

Stupéfaits par une réponse aussi « insignifiante » M. Castro et sa femme ne sont pas parvenus à obtenir davantage de détails, obligés de quitter les lieux.

« Je veux savoir si c’est un manque de stock ou de manque de budget ou autres, mais il faut m’expliquer, car là je suis perdue », lance Micheline, son épouse.

« Je ne demande pas la lune, juste le droit d’uriner », ajoute M. Castro, d’origine Espagnole.

Devant un refus catégorique, ils se sont tournés vers l’organisme Moelle épinière motricité Québec, qui a pu leur venir en aide, du moins à court terme. Plus de 1000 cathéters, stériles, lui ont alors été envoyés. 

« Nous avons pu lui fournir des cathéters grâce aux membres de l’organisme qui une fois opérés avec une sonde permanente gèrent différemment leur vessie, libérant ainsi des cathéters. Nous en recevons aussi de familles qui nous donne les leurs lorsque la personne malade est décédée. Toutefois, nous ne pourrons le faire longtemps. Nous ne savons même pas si nous aurons des cathéters de disponibles, le mois prochain », mentionne Adèle Liliane Ngo Mben Nkoth de Moelle épinière et motricité Québec.

Six par jour

« Ce n’est pas drôle quémander des cathéters en 2022. Mon mari utilise six cathéters par jour. Il lui en reste pour un mois maximum ».

Le cathéter est une tige en plastique de 20 pouces de long, insérée dans l’urètre qui se rend à la vessie pour permettre à la personne d’uriner. Il se vend entre 1$ et 3,50$ l’unité.

Le calvaire a débuté en avril dernier. M. Castro se rend alors à l’hôpital puisqu’il est incapable d’uriner depuis des mois et que ses reins ne fonctionnent pas bien. Il est souffrant.

Dès son arrivée au centre hospitalier, il se retrouve dans un fauteuil roulant pour être immédiatement transféré à l’hôpital Sacré-Cœur.

Opéré aux reins, on découvre une masse cancéreuse et constate que le nerf neurologique est écrasé. « La masse n’a pas grossie depuis trois mois. On espère qu’elle restera stable », livre sa femme, inquiète de la possibilité de l’ablation d’un rein. 

Il sera ensuite envoyé à la Maison Gingras-Lindsay pour un mois de réhabilitation. « Nous avons eu droit à un service impeccable ».

En juin 2022, les médecins décident que M. Castro peut retourner à la maison, non adaptée. Le sexagénaire a de la difficulté à rester en équilibre, son côté gauche est constamment engourdi.

Sa femme, qui travaille encore cinq jours semaine à 78 ans, quittera son emploi d’ici la fin du mois pour s’occuper de son mari à temps pleins.

M. Castro doit se déplacer pour plusieurs rendez-vous hebdomadaires pour la physiothérapie, le neurologue, le chiropraticien, en plus d’ingurgiter des pilules pour la haute pression, le diabète, les infections, les douleurs. Il voit que sa santé se détériore, mais demande au CLSC de lui éviter un stress supplémentaire, en lui fournissant des cathéters. Lui qui n’a pas de médecin de famille.

Cet ancien concierge retraité souhaite de ne pas en venir à nettoyer les cathéters déjà utilisés avec de l’eau et du savon.

Notons que sur une boîte de cathéters, il est bien écrit que le cathéter est à usage unique. Le CISSS des Laurentides n’a pas été en mesure de répondre à notre demande d’entrevue.

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