La victime, Fidel Orlando Molina, un employé saisonnier, a fait une chute fatale d’une hauteur de 2,6 mètres, alors qu’il travaillait à l’installation de câbles d’acier au niveau des poutrelles de serre, manœuvre qu’il effectuait du haut d’une plateforme sur rails. C’est un autre travailleur qui a aperçu M. Molina au sol, peu après 9 h, dans la matinée du 24 octobre. Vers 9 h 24, selon le rapport signé par les enquêteurs Giancarlo E. Specogna et Geneviève Rivard, la victime a été transportée par ambulance au Centre hospitalier Saint-Eustache, où son décès a été constaté.
Les inspecteurs Specogna et Rivard ont présenté les détails de leur enquête, le mardi 8 mai, dans le cadre d’une conférence de presse tenue au Centre de formation agricole de Mirabel, exercice qui se déroulait en présence des étudiants de l’institution, dans un but pédagogique de sensibilisation à la sécurité du travail.
Il ressort de ce rapport qu’un escabeau et un escalier de bois se trouvaient sur la plate-forme, ce qui pourrait avoir occasionné une chute d’une hauteur plus élevée, bien que personne n’ait été témoin de l’accident. Quoi qu’il en soit, même à partir du plancher de la plateforme, le garde-corps d’une hauteur de 74 centimètres (le Code de sécurité du bâtiment prescrit une hauteur de 1 à 1,2 m), n’aurait pu suffire à contenir ou prévenir la chute de M. Molino ont conclu les inspecteurs: «La méthode de travail, qui consiste à utiliser des plateformes de serre sur rails pour des travaux en hauteur, ne permet pas de prévenir la chute du travailleur» , ont-ils écrit.
Par ailleurs, l’enquête a permis de démontrer que, bien que l’entreprise soit membre d’une mutuelle de prévention, «l’employeur ne possède pas de programme de prévention couvrant les risques et les dangers spécifiques aux activités agricoles de son entreprise» et qu’il «n’a pas développé de programme de prévention spécifique pour les activités de construction» , comme celles auxquelles s’adonnaient la victime.
On a également relevé que les travailleurs présents sur le chantier n’avaient pas suivi le cours de sécurité générale sur les chantiers de construction ni sur la prévention des risques de chutes lors de travaux en hauteur. Ceux qui utilisent des plateformes élévatrices automotrices, par ailleurs, n’ont pas reçu de formation quant à l’utilisation sécuritaire de celle-ci. Ceux-ci, peut-on lire dans le rapport, sont plutôt formés au quotidien, par compagnonnage, selon les tâches à accomplir.
Correctifs et recommandations
Il va sans dire que les recommandations de la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) vont dans le sens d’un environnement de travail sécuritaire.
Ainsi, après avoir ordonné la suspension des travaux, l’organisme a exigé, de la part de l’entreprise, que les employés soient dûment formés en santé et sécurité sur les chantiers de construction, qu’ils portent les équipements de protection individuelle requis et que la formation menant à l’utilisation de plateformes élévatrices automotrices soit dispensée par une personne compétente. Puisque l’employeur s’est conformé à toutes ces exigences, les travaux ont pu reprendre. «L’important, pour nous, c’est de comprendre ce qui s’est passé et de faire des recommandations pour que ce genre d’accident ne se reproduise plus» , expliquait le directeur régional de la CNESST, Denis Beaulieu, qui assistait à ce point de presse. Celui-ci précisait qu’avant d’être rendu public, le rapport avait été présenté à l’employeur, au syndicat, à la famille de la victime de même qu’à l’Union des producteurs agricoles.
Il n’a pas été possible de connaître l’âge de la victime, ni de savoir s’il s’agissait d’un travailleur étranger, ce genre d’information étant de nature confidentielle, nous a-t-on répondu.
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