La date est encerclée à l’agenda : le 15 septembre prochain, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) invite tout le monde à délaisser les plateformes de Meta, dont Facebook, Instagram et WhatsApp, pendant 24 heures.
Cette idée survient après que les AMIS de la radiodiffusion, un mouvement de défense des médias et du journalisme québécois, ait demandé un boycott similaire, les 23 et 24 août derniers.
« On s’est dit qu’il fallait aller plus loin. On a pensé à la journée de la démocratie, qui est le 15 septembre prochain », indique Michael Nguyen, président de la FPJQ.
« Terre brulée »
Rappelons que, depuis le 1er août dernier, le géant Meta a entrepris de bloquer l’accès aux sites de nouvelles sur ses plateformes en réponse à la Loi sur les nouvelles en ligne adoptée par Ottawa, qui lui demande de rémunérer les médias dont il véhicule le contenu journalistique.
« Au Canada, c’est 80% des revenus publicitaires en ligne qui ont été siphonnés par les géants du Web au fil des années », pointe le président de la FPJQ.
Meta emprunte donc ce que la Fédération appelle « la stratégie de la terre brulée », au sens où il décide d’anéantir ses revenus et ceux des autres pour ne pas conformer son espace virtuel à la législation. D’après Michael Nguyen, il s’agit là d’un message à l’intention d’autres nations qui voudraient suivre l’exemple du Canada, qui demeure un « petit joueur » démographiquement et permet donc au géant de procéder à une telle coupure sans trop de conséquences. Reste que l’acte est irresponsable et létal pour l’avenir démocratique selon la FPJQ, qui croit que la Journée sans Meta constitue une façon pour les canadiens de montrer qu’ils « peuvent se tenir debout ». Ainsi, même si une infime proportion du pays y prend part, les effets se feront ressentir sur les statistiques de Meta, estime Michael Nguyen.
« Ce n’est pas ça qui leur feront faire faillite, c’est certain. Mais ça envoie un message assez significatif pour souligner qu’il se passe quelque chose. »
L’initiative vise aussi à faire le point et à sensibiliser un maximum d’internautes.
« Il faut que le public comprenne la situation, insiste Michael Nguyen. On est à un moment critique. Il y beaucoup de désinformation et on voit qu’il y a des groupes qui ont compris le fonctionnement des réseaux sociaux et qui essaient de discréditer la démocratie pour faire avancer leurs propres intérêts. »
Un paradoxe à l’horizon?
Si le mouvement fonctionne, on peut s’attendre à voir les hashtags pulluler… sur Facebook et Instagram. Un tel engagement générera certainement des recettes pour Meta, contrebalançant l’effet de la Journée.
« Il y a une belle ironie dans tout ça, reconnait Michael Nguyen. La problématique qu’on a, c’est que Facebook et Instagram sont rendus des incontournables. C’est vrai qu’ils sont des moyens de communication magnifiques et on n’est pas en train de dire aux gens d’effacer leurs comptes : on est réalistes, on sait bien que les gens sont habitués. »
Sans renverser le cours des choses, le geste pourrait néanmoins le bousculer et « faire des petits ». C’est du moins ce qu’espère la FPJQ, qui souhaite ardemment faire entendre raison à Meta. L’entreprise n’a toujours pas manifesté de volonté de négociations dans le dossier.
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Fédération professionnelle des journalistes du Québec