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Le ballet aérien du martinet ramoneur

Du matin au soir

Le ballet aérien du martinet ramoneur

Publié le 13/07/2015

Du matin au soir, un petit oiseau vole dans le ciel, multipliant les prouesses aériennes. Puis, au crépuscule, il disparaît soudainement en s’engouffrant dans une cheminée afin d’y passer la nuit. Notre saltimbanque s’avère le martinet ramoneur, un oiseau brun aux ailes longues et effilées ressemblant à une hirondelle.

Le martinet se démarque de celle-ci par sa queue très courte et sa silhouette en forme de tube. De plus, il vole de manière inlassable alors que l’hirondelle peut se poser sur une branche d’arbre ou un fil électrique. En outre, il vole haut dans les airs au-dessus des immeubles, alors que l’hirondelle survole généralement les plans d’eau et les milieux humides.

Avec son vol rapide et saccadé, le martinet zigzague dans les airs à la recherche d’insectes. Il peut capter plus de 1 000 bestioles par jour. Il aime se tenir en groupe, formant des bandes de 10 ou 15 oiseaux identiques, le mâle et la femelle revêtant le même plumage.

Tel qu’évoqué dans son nom, le martinet ramoneur passe la nuit dans les cheminées. Une petite cheminée peut constituer un nichoir pour un couple alors qu’une grande cheminée peut servir de dortoir à une centaine d’individus.

L’oiseau érige son nid en forme de demi-coupe sur une paroi interne de la structure. La salive gluante de l’oiseau agit comme ciment pour assembler les brindilles composant le nid ainsi que pour faire tenir celui-ci. On y trouve de trois à cinq œufs couvés par les deux partenaires durant trois semaines. Après l’éclosion, les oisillons restent dépendants des parents pendant 25 jours, avant d’être aptes à effectuer leur premier envol hors de la cheminée.

Avant la colonisation de l’Amérique du Nord par les Européens, le martinet nichait dans les cavités des grands arbres morts. Puis, avec le développement du Canada et des États-Unis, il s’est mis progressivement à dormir et à nicher dans les cheminées, un phénomène qui a été signalé dès les années 1700. Aujourd’hui, la grande partie de la population niche dans les cheminées.

En fait, ce choix semble de moins en moins possible pour le martinet. Depuis une quarantaine d’années, beaucoup de cheminées ont été défaites, bouchées ou grillagées, entraînant une perte d’habitat nocturne et causant ainsi une diminution notable de la population. De plus, en raison notamment de l’épandage massif de pesticides sur les terres agricoles nord-américaines, les scientifiques constatent une baisse générale du nombre de martinets, sans oublier les hirondelles, les papillons et les abeilles.

Face à cette baisse de la population, un comité sous la responsabilité d’Environnement Canada a attribué, en 2007, le statut d’espèce menacée au martinet ramoneur.

Dans ce contexte, le Regroupement Québec Oiseaux, en collaboration avec d’autres partenaires, a fait construire des cheminées artificielles pour le martinet. On trouve ces installations dans quelques villes, notamment à Châteauguay et à Sherbrooke.

En provenance des terres lointaines de l’Amérique du Sud, le martinet ramoneur arrive au Québec vers la mi-mai pour repartir dès la fin août.

À la brunante, assister au spectacle aérien des martinets plongeant dans les cheminées constitue une expérience marquante pour les observateurs de la nature.