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Le Collège Lionel-Groulx s’inquiète des coupures ministérielles

Photo courtoisie –

Budget réduit par le MES: le Collège Lionel-Groulx s’inquiète des nouvelles compressions.

Le Collège Lionel-Groulx s’inquiète des coupures ministérielles

Publié le 22/05/2025

Déjà inquiété par les compressions imposées par le ministère de l’Enseignement supérieur à l’automne 2024, voilà que le Collège Lionel-Groulx doit composer avec de nouvelles coupures, venant sérieusement impacter le budget de fonctionnement de l’établissement.

Alors que la population étudiante actuelle se chiffre à 6 400, celle-ci grimpera à 7029 lors de la rentrée d’août 2025-2026. En conséquence, les besoins de toute sorte augmenteront. Or, plutôt que la hausse attendue en fonction des besoins, l’enveloppe budgétaire promise par la ministre Pascale Déry se limitera à un léger redressement de 0,3 %, tel que proposé à l’ensemble des établissements de la Fédération des cégeps du Québec.

C’est bien peu pour l’établissement de Sainte-Thérèse, qui se voit obligé de couper ici et là, dans les services aux étudiants : activités socioculturelles, service de soutien psychosocial, activités sportives. À cela, s’ajoutent les services essentiels du collège comme l’entretien du bâtiment, le chauffage, car les coûts d’énergie augmentent.

« On est encore en train d’évaluer l’impact exact des coupures, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que ce sont les services aux étudiants qui vont subir cet impact-là. Ce sont tous des budgets touchés par ces coupures comme celles-là. Il faut comprendre que l’on est dans un contexte inflationniste. Et si nos budgets n’augmentent pas, il faut couper ailleurs. Il faut faire des choix comme institution. Ce sont des choix difficiles et que l’on préférerait ne pas être obligés de faire », affirme Philippe Nasr, le directeur général du Collège Lionel-Groulx.

Envisage-t-on de limiter les nouvelles inscriptions ? « Nous, on ne veut pas aller là. La mission des cégeps, c’est d’abord de favoriser l’accessibilité à l’enseignement supérieur. Et dans une région qui est en croissance démographique, c’est de répondre à tout prix à cette mission-là », rétorque fermement M. Nasr.

Ce dernier insiste sur la nécessité de trouver des moyens créatifs pour compenser le manque d’espace, le manque de budget. L’établissement a allongé ses plages horaires avec des cours en soirée et propose dorénavant des sessions complètes en période estivale.

Travaux d’infrastructures en attente

Puis il y a les budgets d’investissement qui ont aussi été sacrifiés. Sans les chiffres précis sous les yeux, le directeur Nasr estime tout de même des coupures à hauteur de 20 M$.  

En prévision de la hausse de la population étudiante, la direction de l’établissement avait planifié des travaux : agrandir la bibliothèque interne, bonifier la surface des résidences étudiantes et aménager le Pavillon Louise Harel, qui inclut 29 nouvelles salles de cours. Trois projets relevant du PQI, le Plan Québécois d’Infrastructures, lequel n’est pas directement touché par les compressions du MES, mais l’argent prévu se fait tout de même attendre.

Alors que le Pavillon Louise Harel sera inauguré à l’automne – des cours s’y donnent déjà – l’agrandissement de la bibliothèque en est encore à l’étape d’étude au PQI, bien que le CLG soit prêt à passer à planification des travaux depuis trois ans. Un projet de 350 millions $.

« Ça fait deux années de suite qu’on nous dit qu’il n’y a pas de fonds disponibles dans le Plan Québécois d’Infrastructures pour nous permettre de faire avancer ce projet-là », déplore M. Nasr.

Puis, il y a le troisième projet, celui de l’aménagement de résidences étudiantes, indispensables pour une population étudiante qui grossit et qui devait en principe ouvrir ses portes en 2026.

Le projet a été déposé au ministère de l’Enseignement supérieur il y a deux ans. « Et il n’est toujours pas inscrit au PQI. On est à l’étape 0 de 3 dans le cheminement du PQI », souligne le directeur général du collège.

Le directeur général du Collège Lionel-Groulx, Philippe Nasr.
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Le directeur général du Collège Lionel-Groulx, Philippe Nasr.

Coupures historiques

À l’instar des autres établissements, M. Nasr ne peut s’empêcher de qualifier les décisions du MES d’historiques. « On n’a jamais vécu ça des compressions aussi sévères dans le réseau collégial. Au milieu des années 2010, à l’époque de l’austérité des libéraux, on a vécu des compressions à peu près du même montant, mais sur une période de 5 ans, pas dans une seule année. On est vraiment dans un contexte inédit. »

Avec la Fédération des cégeps, la direction du CLG entend bien poursuivre les représentations auprès de la ministre Pascale Déry, du Conseil du Trésor ainsi qu’auprès du ministère des Finances. 

« Mais on se frappe à des portes closes en ce moment. On nous dit que c’est l’état des finances publiques du Québec. Les cégeps sont prêts à faire leurs efforts pour pouvoir rétablir, contribuer aux finances publiques du Québec. Mais on pense que la hauteur et l’impact n’ont peut-être pas été bien mesurés par notre gouvernement », insiste M. Nasr.

Quant à la démission de la ministre Pascale Déry qui est réclamée, M. Nasr ne cache pas qu’il en attend davantage de la personne à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur. 

« On a besoin d’une ministre qui va soutenir le réseau collégial, soutenir l’enseignement supérieur et faire les représentations nécessaires pour aider le réseau à traverser la crise qui nous est imposée par le gouvernement. On espère que Mme Déry va concrètement appuyer son réseau collégial puis démontrer l’importance des cégeps et le rôle qu’on joue. Dans un contexte d’instabilité économique, le cégep, c’est un vecteur régional de développement économique et de requalification de la main-d’œuvre également et puis ça, on ne l’entend pas beaucoup de la part de notre ministre », conclut Philippe Nasr.