La dernière fois que nous vous avons parlé de Sherwin Edwards, en avril dernier, il manifestait, pancarte à la main, contre le projet de loi fédéral S-5: Loi modifiant la Loi sur le tabac, la Loi sur la santé des non-fumeurs et d’autres lois en conséquence, document qui a récemment franchi l’étape de la deuxième lecture à la Chambre des communes.
M. Edwards, qui gère sa propre entreprise à Saint-Janvier (Vap Select), en a toujours contre le fait que le projet de loi S-5 englobe les produits de vapotage en les classant au même rayon que les produits du tabac, lui qui prétend, une kyrielle d’études à l’appui, que ce qu’il fabrique et commercialise réduit les méfaits du tabac et aide plutôt les fumeurs à se débarrasser de leur dépendance à la nicotine.
Parmi les nombreux documents qui jonchent la table de conférence, chez Vap Select, M. Edwards pointe notamment celle du Collège royal des médecins (2016), qui en arrive à la conclusion que les produits de vapotage sont à 95 % moins nocifs que le tabac, de même qu’une autre étude, celle de l’Université Victoria (2017), qui valide les résultats de la première.
Un substitut de nicotine
En vertu de la loi 44 (adoptée au Québec en 2015), voilà ce qu’il n’a pas le droit de dire à un client potentiel, sous peine d’amende, pas plus qu’il n’est autorisé à afficher ses prix ni à faire déguster à un acheteur éventuel les différentes saveurs qu’il «cuisine» dans son laboratoire de la rue Charles. Pour Sherwin Edwards, c’est un non-sens et ça frise la censure. «On est en train de criminaliser le produit le plus révolutionnaire de tous les temps dans la lutte contre les méfaits du tabac!» s’exclame-t-il.
Les produits de vapotage devraient alors, selon M. Edwards, être considérés au même titre que les autres substituts de nicotine (la gomme et les timbres) qui contribuent au sevrage des fumeurs et qu’on retrouve en vente libre dans toutes les pharmacies. Et surtout, il faudrait en exclure toute mention dans la future loi S-5. «Personne ne votera contre une loi qui encadre les produits du tabac. Mais ce qu’on vend, ce n’est pas du tabac. Vapoter n’est pas fumer» , s’évertue à répéter l’homme d’affaires à qui veut bien l’entendre.
«Mais nous ne sommes pas entendus. J’ai parlé à plusieurs députés qui devront voter sur le projet de loi, après les fêtes, et la plupart ne savent même pas ce qu’il contient» , laisse-t-il tomber.
Pétition en ligne
Bien sûr, il ne faut pas généraliser. Parmi la députation fédérale, il se trouve que le bloquiste Simon Marcil, qui représente la circonscription de Mirabel, a bien reçu les doléances de M. Edwards, lui qui parraine la pétition électronique E-1237 qu’on retrouve sur le site Web de la Chambre des communes. Cette pétition, qui réclame qu’on suspende le projet de loi S-5 et qui demande qu’on fasse la distinction entre le tabac et les produits de vapotage, avait récolté 9 872 signatures, en date de jeudi dernier (14 décembre) et demeurera en ligne jusqu’au 23 décembre à 9 h 24. [http://petitions.noscommunes.ca/fr/Petition/Sign/e-1237]
«On aimerait bien avoir 10 000 signatures» , indique M. Edwards qui considère que ce chiffre frapperait l’imaginaire. Rappelons qu’il faut 500 signatures pour que le libellé d’une pétition soit lu en Chambre. «Nous sommes déjà dans le top 5» , exprime le président de Vap Select, qui ne se fait pas trop d’illusions pour la suite des choses. «Chaque fois qu’une personne arrête de fumer, au Canada, le gouvernement perd 8 $ par jour en taxes» , lance-t-il sur un ton qui en dit long, soulignant qu’en 2015-2016, les taxes sur le tabac avaient permis au trésor fédéral de s’enrichir de plus de 8,3 milliards de dollars, selon les chiffres fournis par l’association Physicians for a Smoke-Free Canada. Or, depuis les trois dernières années, 600 000 Québécois se sont convertis au vapotage (900 000 en Ontario). Il y en aurait quelques millions dans tout le Canada. Faites le calcul. «Est-ce que ça joue un rôle? Dur à dire, mais c’est possible» , souffle M. Edwards.
«Les gouvernements devraient être visionnaires et nous appuyer» , estime celui qui mène ce combat tout en gérant son entreprise, en assumant ses responsabilités de père de famille… et en gardant la foi. «Un peu d’espoir, c’est mieux que pas d’espoir du tout. Les efforts que nous faisons laisseront des traces. Nous voulons sensibiliser les gens. Est-ce que le gouvernement nous entendra? »
La question est posée.
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