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Le goglu, ménestrel des champs

Le goglu

Le goglu, ménestrel des champs

Publié le 11/06/2013

En plein jour, un long gazouillis retentit dans les airs d’un champ de foin de Mirabel. Tapi dans la végétation, l’oiseau, difficile à voir, lance également diverses sérénades de notes roulées et aiguës.

Notre chanteur prend la forme du goglu des prés, un oiseau à la poitrine et la tête noires et au dos blanchâtre. Sur la nuque, il semble porter un capuchon doré.

Le goglu des prés dispose d’un registre vocal impressionnant. Il émet une série de chants et de cris diversifiés, dont certaines notes métalliques qui évoquent le mot «bobolink», son nom anglais.

Il chante aussi en plein vol, tant pour délimiter son territoire envers les autres mâles que pour impressionner les femelles des alentours.

Celles‑ci regardent d’un air curieux ses prouesses aériennes. Il se projette comme une fusée dans les airs pour ensuite redescendre d’une trentaine de mètres vers le sol en effectuant zigzags et piqués.

Au sol, il courtise l’auditoire des femelles en se bombant le torse et en étalant ses plumes dorées tout en esquissant quelques pas de danse.

La femelle revêt une robe brunâtre teintée de chamois et étale des lignes pâles sur le dos. Dès la fin du mois de juillet, le mâle perd son lustre et prend la coloration de la femelle.

En été, le goglu est très utile dans nos régions par sa grande consommation de chenilles, de sauterelles, de criquets et autres insectes nuisibles à l’agriculture.

En automne, il change ses habitudes alimentaires et adopte un régime «granola» constitué de grains et de céréales.

Dans ses quartiers d’hiver, en Argentine, l’oiseau s’avère une «peste» par sa propension à dévaster les champs de céréales. Il peut se regrouper en bandes nombreuses formant des essaims de plus de 30 000 individus, suscitant la colère des agriculteurs du pays.

Grand voyageur

Au Québec, le goglu des prés s’établit en mai et repart dès le mois d’août vers les contrées australes.

Parmi tous les oiseaux chanteurs d’Amérique du Nord, le goglu des prés est celui qui effectue la plus longue migration, un trajet aller‑retour de plus de 18 000 km entre le Canada et l’Argentine.

Durant son circuit migratoire, l’oiseau nomade peut parcourir un itinéraire de près de 1 800 km au cours d’une seule journée.

Le goglu fait son nid au sol, sous les herbes hautes des champs et des prés. De par son emplacement, le nid est très difficile à détecter. De plus, la femelle ne se rend pas directement à son nid, empruntant diverses trajectoires pour semer les prédateurs.

Elle couve cinq œufs durant une douzaine de jours. Après l’éclosion, les oisillons demeurent dépendants des parents pendant trois semaines.

Le dernier bilan (octobre 2012) du projet de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, une vaste étude s’étalonnant de 2010 à 2015, indique que la population du goglu des prés a connu un important déclin au cours des dernières années.

La chasse intensive de l’oiseau dans ses quartiers d’hiver constitue la principale raison de cette baisse. De plus, dans nos régions, la coupe du foin pendant la saison de reproduction fauche des familles de goglus en cours de nidification.

L’usage immodéré des pesticides par les grands agriculteurs industriels affecte également le goglu et plusieurs autres espèces d’oiseaux, tels les bruants et les hirondelles.

 

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.