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Le jaseur du Nord

Le jaseur du Nord

Publié le 15/01/2015

Avec sa figure marron, son masque noir et sa huppe au vent, le jaseur boréal s’avère l’un de nos oiseaux les plus racés.

Cette merveille de la nature présente également un ventre jaunâtre, un dos cendré et des éclats de blanc, de rouge et de jaune sur ses ailes brunes, sans oublier une queue grise se terminant par une bande jaune.

Cet oiseau était connu sous le nom de jaseur de Bohème, dans les anciens guides d’identification, en raison de son nom anglais Bohemian Waxwing. Une sorte de cire enduit l’extrémité de ses plumes, d’où son «waxwing», le mot «wax» signifiant cire.

Le jaseur boréal habite notamment le nord du Québec, de l’Ontario et des provinces de l’Ouest.

L’hiver, il peut quitter ces territoires pour rayonner davantage au sud. Il peut même surgir dans nos régions au cours de la saison froide. De fait, plusieurs observateurs de la région des Basses-Laurentides ont contemplé cet oiseau l’hiver dernier.

La raison de ces déplacements tourne autour de la nourriture. Cet oiseau est friand des baies et des fruits suspendus aux arbustes et aux arbres. Certaines années, la pauvre production de ces fruits en territoire nordique amène l’oiseau à se disperser dans le sud du Canada et, même, jusque dans le nord des États‑Unis.

Il ne fréquente guère les mangeoires remplies de grains, mais il peut se présenter dans nos cours et nos jardins peuplés d’arbres fruitiers. On peut l’attirer dans notre cour en lui servant dans une mangeoire à plateau des pommettes, des baies séchées et des fruits à pépins.

Les baies de sorbier et de genévrier et les fruits du cerisier, du rosier, de l’aubépine et de la viorne constituent son régime alimentaire durant une grande partie de l’année. L’été, il consomme des insectes pour subvenir aux besoins énergétiques de sa famille.

La rapidité surprenante de sa digestion, environ 30 minutes, et la grande quantité d’eau dans les fruits obligent le jaseur à consommer beaucoup de nourriture.

Notre oiseau coloré mange chaque jour plus du double de son poids afin de survivre. Cette boule de plume qui pèse quelque 55 grammes (en moyenne) doit donc consommer au moins 110 grammes de fruits et de baies.

Le jaseur boréal se déplace en groupe. Ces rassemblements peuvent varier de 20 à 150 individus, parfois davantage.

Il va sans dire qu’un groupe de jaseurs vident rapidement un arbre de ses fruits pour ensuite partir à la recherche d’autres arbres fruitiers.

On peut donc voir l’oiseau dans notre cour un beau matin de décembre ou de janvier et ne plus l’observer du reste de l’hiver.

Le jaseur, par ses fientes, facilite la dispersion des plants et des arbres, jouant ainsi un rôle important dans la biodiversité.

Notre jaseur ne chante guère, son registre vocal se limitant à un faible jasement évoquant une suite de «zriii, zriii, zriii…».

Le répertoire de la faune ailée québécoise comprend également le jaseur d’Amérique, un oiseau qui ressemble beaucoup au jaseur boréal. Ce dernier se démarque par une taille légèrement plus grande, une tache marron sous le ventre et un éclat jaune aux ailes.

Le jaseur d’Amérique peut hiverner en petits groupes dans nos régions, mais la grande partie des effectifs se retrouve au sud du Québec du mois de novembre au mois d’avril.

(Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre du regroupement Québec-Oiseaux. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com)