Il l’a fait savoir, d’ailleurs, dans une lettre ouverte cosignée par plusieurs artistes et intervenants du milieu culturel, parue dans Le Devoir du 22 février. Dans cette lettre, intitulée Deux poids, deux mesures pour la culture et sa relève, M. Gauthier s’étonne (le mot est faible) du fait que la santé publique, dans le contexte de la pandémie, n’autorise pas son organisation à tenir ces finales en circuit fermé (une captation des numéros qui seraient présentés virtuellement à un jury), alors qu’il est permis de le faire pour des spectacles professionnels présentés à la télévision, suivant l’observation de règles et de mesures qui sont pourtant identiques. Il ne comprend pas pourquoi, dans ce cas précis, l’exercice se déroule à la satisfaction des autorités sanitaires.
Or, alors qu’on permet des assouplissements pour l’industrie du spectacle et qu’on fait de même pour les institutions d’enseignement (sur le plan strictement pédagogique) et certains autres secteurs (les cinémas et les musées, par exemple), l’événement Cégeps en spectacle demeure, aux yeux de la santé publique, une activité parascolaire, qui ne peut bénéficier, du moins pour l’instant, de mesures de déconfinement qui sont accordées au compte-goutte.
La question de la santé mentale
«Le parascolaire n’a bénéficié d’aucun assouplissement depuis le début de la pandémie», soumet Jacques Gauthier, qui affirme avoir reçu, de la part de différents ministères (Culture, Enseignement supérieur) et même du bureau du Premier ministre, des témoignages à l’effet que les activités parascolaires et la réussite éducative sont intrinsèquement liées. «Ils ont défendu cette idée, mais la santé publique ne l’a pas reçue», déplore Jacques Gauthier, qui est aussi conseiller à la vie étudiante, au Cégep de Sorel-Tracy, et qui aborde la question, comme beaucoup d’autres avant et en même temps que lui, sous l’angle de la santé mentale, un concept qu’il ne craint pourtant pas de banaliser.
«Dans le milieu collégial, ça fait longtemps qu’on parle de santé mentale et qu’on offre des services d’aide multiples, dit-il. On le sait, les activités socio-culturelle sont un facteur de réussite éducative. Quelqu’un qui ne va pas bien dans sa tête ne réussira pas son parcours scolaire. En ce sens, nous n’avons aucune gêne à parler de santé mentale.»
Dans son milieu de travail, Jacques Gauthier côtoie quotidiennement les jeunes et peut témoigner du désarroi que vit une bonne majorité d’entre eux. «Le printemps s’en vient, la vaccination arrive et là, on dirait qu’ils commencent à croire qu’on va s’en sortir», constate le conseiller à la vie étudiante. Inversement, il peut citer une foule de cas d’étudiants déprimés, qui peinent à se motiver et qui ne se reconnaissent plus. Les jeunes vivraient-ils les désagréments de cette crise sanitaire d’une façon plus intense que les adultes? «Je pense que oui», répond tout simplement M. Gauthier.
Dans l’ADN des cégeps
Qu’espère alors le président du RIASQ de cette sortie publique? Croit-il que la santé publique fera volte-face et autorisera la tenue des finales de Cégeps en spectacle? «Non. De toute façon, ce serait trop tard», réagit Jacques Gauthier, qui mise plutôt sur des effets positifs à long terme.
«Nous voulons que le débat soit entendu. Nous voulons que les activités socio-culturelles ne soient plus sous-estimées, qu’elles soient reconnues comme faisant partie de la réussite éducative et non plus comme un petit à-côté. Qu’elles contribuent à la santé mentale des collégiens et des collégiennes», exprime-il.
«Le socio-culturel fait partie de l’ADN des cégeps, plaide encore Jacques Gauthier. C’est comme ça que les cégeps ont été pensés par Guy Rocher et d’autres intellectuels, à la fin des années 1960. C’est écrit noir sur blanc, dans le rapport Parent : ce qui distingue un cégep d’une autre institution d’enseignement, c’est que les étudiants vont faire autre chose que des cours.»
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