Durement touchés par les mesures « trop contraignantes » de la loi 17 sur le transport rémunéré de personnes par automobile, les propriétaires-taxis demandent au gouvernement de retourner faire ses devoirs.
Les propriétaires-taxis accusent le ministre des Transports, François Bonnardel, d’être devenu un « collecteur ».
En fait, c’est qu’une redevance pour chacune des courses des taxis est prévue dans la nouvelle loi. C’est-à-dire que le montant indiqué sur le taximètre, également appelé compteur honokilométrique, est de 4,55 $ avant chacune des courses, mais le chauffeur, lui, doit calculer ses frais comme si le compteur « décollait » à 3,50 $.
C’est que la loi 17 oblige les chauffeurs à garder « dans une petite caisse une redevance de 1,05 $ pour chacune des courses. Une somme qui sera remise aux trois mois avec la TPS et TVQ », explique Benoit Chamberland chez Taxi 7000, à Blainville.
Du même souffle, il répète avec conviction dans la voix : « C’est comme si nous partions le compteur à 3,50 $. Comment voulez-vous avoir un salaire convenable et trouver de la relève. Impossible! ».
Incapable de se calmer, il y va d’une déclaration encore plus cinglante : « Pas besoin d’avoir des maths 434 pour voir qu’on n’arrive pas », laisse-t-il tomber avec un ton ferme.
Fort de son expérience de 13 ans derrière un volant de taxi, Benoit Chamberland ne lâche pas le morceau. « La loi 17 devait moderniser l’industrie. Elle est plutôt sur le point de la détruire ».
Or, pour pallier au manque à gagner, l’ensemble des chauffeurs de taxi souhaitent que « cette redevance soit abolie, le temps que le gouvernement trouve un moyen de nous dédommager à long terme », ajoute-t-il toujours aussi vigoureux.
Perte de 400 000$ à Saint-Eustache
Chez Taxi Saint-Eustache, Julien n’est pas moins en colère. « La loi 17 a foutu le bordel avec plus aucun territoire de protégé. En juin, une compagnie de Montréal nous a arraché un contrat de transport adapté que nous avions depuis longtemps à Saint-Eustache qui était de l’ordre de 400 000 $ par année. Ça fait mal ».
Instaurée par le gouvernement caquiste, la loi 17 a permis le rachat des permis des conducteurs de taxi à travers la province. « C’est encore de la merde. Les permis ont été rachetés au prix payé il y a 20-25 ans et non au prix actuel alors que la valeur d’aujourd’hui est beaucoup plus grande qu’à l’époque. Pourtant, les frais d’achat des voitures, les assurances, les coûts d’opération ont plus que doublés en 25 ans. On n’a même pas tenu compte de l’augmentation de l’inflation », critique ouvertement ce chauffeur de taxi de Saint-Eustache.
À la fin mars, des chauffeurs de taxi de partout se sont rendus au bureau de la Commission des transports pour expliquer l’aberrance de cette redevance. « Une taxe cachée », disent-ils.
Nous n’avons pas été en mesure d’obtenir une entrevue avec la Commission des transports, grand gestionnaire de l’industrie du taxi au Québec.
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François Bonnardel
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