Si le phénomène de l’itinérance s’est longtemps fait discret dans la MRC Thérèse-de-Blainville, les choses ont bien changé avec la crise du logement, qui rend encore plus rares les logis et, surtout, des loyers hors de prix pour bon nombre de citoyens démunis.
Malgré le froid qui s’installait, une dizaine d’organismes communautaires tenaient kiosque afin d’informer les passants des services disponibles, d’une aide potentiellement accessible pour tout un chacun.
Dans l’élan de Solidarité pour plus de dignité, de simples citoyens, mais aussi des élus s’étaient déplacés pour saluer les gens et parler d’un phénomène qui prend de l’ampleur, dont la députée des Plaines, Lucie Lecours, le maire de Sainte-Thérèse, Christian Charron et ses conseillers, ainsi que Julie Boivin, la mairesse de l’endroit, qui affichait son plus beau sourire, visiblement heureuse d’accueillir sur son territoire cet événement de solidarité envers les plus démunis.
Rassemblons-nous
De 18 h 30 à 23 h, les passants ont pu s’entretenir avec les employés et bénévoles derrière leur table, à savoir : le Cercle des fermières, La Licorne, Le Carrefour Jeunesse-Emploi, entre autres. Sans oublier celui de La Personne d’Abord dont les membres avaient concocté de délicieux biscuits à l’avoine, du Service d’entraide Le Relais avec leur bon chili maison et le Resto Pop qui s’était donné pour mission de réchauffer le corps et le cœur de chacun en offrant un café ainsi qu’un excellent bol de soupe aux légumes.
Tandis que les plus frileux se réchauffaient autour du feu de foyer, bien installé au centre du terrain consacré à cette soirée hors du temps, d’autres assistaient debout devant la scène aux performances musicales de la slammeuse Roxanne Bélanger et du chansonnier Antoine Vranna.
Parmi les kiosques, on pouvait aussi découvrir les photos du projet « Dans l’œil de l’itinérance », qui a été réalisé à partir du vécu de personnes vivant dans la rue, offrant ainsi une vue intimiste sur leur réalité. Responsable de ce projet, l’intervenante au Resto Pop, Marilou Durocher a distribué huit caméras à des individus en situation d’itinérance en les chargeant d’illustrer sur photos les images qu’ils associaient de près ou de loin au phénomène de l’itinérance.

Quoi de plus sympathique qu’un brin de conversation autour d’un feu de camp ?
La Maison François
Mais l’équipe du Resto Pop avait une bonne nouvelle à partager : La Maison François est enfin ouverte. Ce lieu aménagé pour héberger des personnes en situation d’itinérance temporaire ou à plus long terme est le fruit d’une entente entre l’équipe du Resto Pop et la Ville de Sainte-Thérèse.
L’endroit a accueilli ses premiers pensionnaires à la fin septembre. On accorde en ce moment cinq places de 0 à 14 jours à cinq individus alors que six autres personnes sont hébergées dans une chambre individuelle pour une période de 0 à 3 mois. Sainte-Thérèse dispose également d’un hébergement dans la communauté dont l’adresse est tenue secrète où l’on offre une chambre individuelle de 0 à 3 mois à trois personnes.
Pauvreté plus visible
Marilou Durocher et Martin Forget, intervenant à L’Écluse, constatent tous deux la même réalité sur le terrain : la pauvreté a changé de visage. On y retrouve désormais des familles, des travailleurs ayant du mal à se loger à prix raisonnable et forcé de demander l’aide alimentaire. « Surtout que les propriétaires se montrent de plus en plus exigeants : enquêtes de crédit, non-fumeurs, pas d’animaux », souligne l’intervenant de L’Écluse.
Et la pauvreté est plus visible. Sans parler du fait que beaucoup de gens des grands centres urbains s’exilent dans les banlieues, espérant améliorer leur sort.
« Avant, peut-être qu’ils étaient plus cachés, plus en couchsurfing chez un ami et l’autre. Mais là, beaucoup plus de problèmes suivent l’itinérance, dont les problèmes de santé mentale. Ce n’est donc pas évident de se faire loger quand tu ne vas pas bien, car la personne qui t’héberge ne va pas bien elle non plus. Ça n’aide pas à trouver un endroit sécurisé », explique l’intervenante Durocher.
Jusqu’à tout récemment, l’équipe du Resto Pop tentait d’aider ces personnes sans logis à se reloger, quitte à chercher jusque dans les Hautes-Laurentides, mais la crise touche dorénavant tous les secteurs. « C’est de plus en plus difficile de trouver un logement, que l’on soit à Saint-Jérôme, à Saint-Eustache, à Sainte-Thérèse. C’est cher partout », souligne Marilou Durocher.

MOTS-CLÉS
MRC de Thérèse-De Blainville
Sainte-Anne-des-Plaines
nuit des sans abri
15e édition
Itinérance