Quelque 70 citoyens touchés par le déluge du 9 août ont assisté mercredi soir dernier à la soirée d’informations de la Ville de Sainte-Thérèse, où l’on avait convié Marcel Roy, un spécialiste en ingénierie hydrique et pluviale, à parler des vulnérabilités résidentielles et le mode d’emploi pour y remédier en vue d’éviter de revivre le cauchemar Debby.
Ce ne sera pas la dernière fois qu’un tel débordement survient à la suite de pluies torrentielles et il ne sert à rien de chercher à jeter les torts sur la Ville. Mieux vaut prévenir de façon individuelle, surtout en cette ère de changements climatiques qui n’a pas fini de nous surprendre.
Voilà l’essentiel du message de Marcel Roy, qui a longtemps agit comme directeur du service du génie et des travaux publics pour la Ville de Gatineau, municipalité ayant été touchée lourdement par des inondations antérieurement.
C’est toutefois dans une ambiance tendue que le spécialiste invité a démarré sa conférence, alors que certains citoyens manifestaient bruyamment leur frustration à l’endroit de l’administration municipale qu’ils considèrent directement responsable des dommages résidentiels.
Conformes mais vulnérables
Après les interventions forcées des organisateurs, M. Roy a pu continuer d’informer les citoyens des vulnérabilités possibles de leur maison en cas de déluge comme celui de Debby.
« J’ai visité 3000 maisons dans ma carrière et 8-9 sur 10 ne sont pas conformes », a indiqué M. Roy, qui privilégie résilience et adaptation.
« Le message que je veux passer aujourd’hui, c’est que si vous faites exactement la même chose comme réparations, on va peut-être être encore ici l’année prochaine ou dans deux ans. Parce que des événements comme Debby, on peut les accepter ou les refuser. »
Après cette entrée en matière, le spécialiste Roy a abordé la gestion des eaux de pluie et des infrastructures municipales en dressant le portrait des vulnérabilités et des faiblesses des réseaux pluvieux municipaux anciens et actuels.
Il en a surpris plus d’un en spécifiant que le drain de fondation ne doit pas être branché au tuyau d’égoût, s’il n’y ni mesures d’atténuation ni clapets à l’intérieur de la maison. Un conseil qui exige donc circonspection.
Puis, il s’est longuement étendu sur les pratiques et matériaux efficaces ou pas, même parmi ceux reconnus comme étant conformes, notamment en ce qui concerne les clapets.
Mais surtout, insiste-t-il, même ceux qui ont fait des rénovations importantes et se croient à l’abris peuvent des surprises, d’où l’importance d’une réelle analyse des vulnérabilités.
Programme d’accompagnement 2025
Et c’est justement ce que s’apprête à faire l’administration Charron en lançant en 2025 un programme d’accompagnement auprès des citoyens afin de procéder à une analyse des vulnérabilités résidentielles.
M. Charron attend la réponse du gouvernement à sa demande de subvention, mais il assure que son administration ira tout de même de l’avant, financement gouvernemental ou pas.
On prévoit commencer dès le printemps, à la suite d’un appel d’offres. Une équipe d’inspection se rendra chez les propriétaires touchés par les inondations. C’est du moins ce qui est envisagé pour le moment.
Évidemment, les travaux suggérés à la suite du diagnostic posé par les inspecteurs seront à la charge des propriétaires.
Et les solutions ?
À l’hôtel de ville, on assure que des études de faisabilité pour l’ensemble des solutions envisagées sont en cours, mais qu’aucune d’elles n’a encore été arrêtée. « Ça peut prendre du temps, mais c’est dans le collimateur. On fera des annonces dans les prochains mois », a averti le maire Charron, à la fin de la conférence de mercredi dernier.
L’une de ces solutions serait possiblement un mur anti crue le long de la Rivière aux chiens, le secteur le plus à risque de débordement à Sainte-Thérèse. « On a fait une étude préliminaire, mais ça prendra la participation du gouvernement », affirme le maire Charron, qui a rencontré précédemment Éric Girard, député de Groulx et ministre des Finances du Québec.
À la Ville, on annonce néanmoins qu’un comité sur la résilience aux changements climatiques est désormais formé. On se donne trois mois pour élaborer un plan de match, a répondu M. Charron à une citoyenne qui insistait sur la question.
Aide gouvernementale attendue
Mais le maire de Sainte-Thérèse aimerait que le gouvernement du Québec fasse sa part en subventionnant un programme d’accompagnement de mesures de protection et d’immunisation des maisons, plutôt qu’un programme de compensation fixe lors de sinistres.
M. Charron assure avoir insisté auprès du ministre de l’Environnement Benoit Charette avec cette demande, au printemps dernier, lors de la présentation préliminaire de la nouvelle cartographie. Il s’est fait répondre : « on ne veut pas aller là parce qu’on ne veut pas donner de la valeur aux maisons. »
« Je lui ai dit que je ne comprenais pas, car avec la nouvelle cartographie, ça va enlever de la valeur aux maisons parce que là, il recule beaucoup la zone. C’est sûr qu’avec la nouvelle cartographie, des maisons vont se retrouver en zone inondable. Et donc, j’aurais aimé ça qu’il y ait un accompagnement du gouvernement, au moins pour aider les gens, Mais on va continuer à le réclamer », a commenté Christian Charron.
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