L’accès difficile aux soins de santé (en santé mentale et en toxicomanie, notamment), la discrimination, la judiciarisation, la rareté des ressources en hébergement d’urgence, la quasi impossibilité de se trouver un logement quand on reçoit une contribution mensuelle de 627 $ de l’aide sociale (un montant avec lequel on peut à peine s’offrir une chambre, encore moins un appartement d’une pièce et demie), jusqu’au dénombrement des personnes itinérantes qui fait défaut. «C’est comme si on prenait une photo à un moment précis pour tirer des conclusions qui ne correspondent pas à la réalité» , indique Nytia Cloutier. On cite, entre autres exemples, ceux qui vivent une sorte d’itinérance «invisible» en se rendant d’un divan à l’autre, qui finissent par épuiser leur réseau d’amis pour finalement se retrouver à la rue. Ceux-là ne sont jamais comptés quand vient le temps d’évaluer les besoins en ressources.
Les contraintes liées aux subventions à l’employabilité sont également identifiées comme de sérieux obstacles pour ceux et celles qui ne sont pas à l’abri d’une rechute et qui deviennent automatiquement inadmissibles. «Il faut les accompagner. Les interventions en itinérance se font à long terme. Il faut être patient, les prendre comme ils sont et s’adapter à eux» , soumet Joël Marois.
Celui-ci soulignait au passage que l’une des revendications émises par les intervenants, voulant qu’on puisse émettre des cartes d’assurance-maladie temporaires pour les itinérants qui n’ont plus aucune preuve d’identité, mais qui sont référés par un organisme, a récemment trouvé une oreille positive auprès des autorités compétentes.
Bref, ceux et celles qui côtoient sans jugement les personnes vivant dans l’extrême pauvreté sont à même d’observer (et de nous le faire constater), à quel point la société n’est pas nécessairement adaptée à cette réalité parallèle qui nous échappe complètement.
La Nuit des sans-abris est justement ce genre d’événement qui permet de faire un peu de rattrapage à ce chapitre. «L’itinérance est la dernière forme d’exclusion sociale avant la mort. On ne peut pas aller plus bas» , exprime Joël Marois.
MOTS-CLÉS
Sainte-Anne-des-Plaines
Nuit des sans-abris
Journal La Voix