Dans une lettre adressée au grand chef Serge Otsi Simon et datée du 17 mars 2015, bien que Mme Frappier-Raymond se disait alors en accord avec la mission principale de l’entreprise, soit la réutilisation et la revalorisation des matières assimilables reçues, elle affirmait aussi que ce projet soulevait «certaines inquiétudes et interrogations» de la part des producteurs. Trois ans plus tard, les mêmes questions demeurent.
«À la suite de la lettre que nous avons envoyées en 2015, à M. Simon, il n’y a rien, rien, rien qui a bougé dans ce dossier-là» , dit-elle d’emblée avant d’ajouter avoir aussi tenté d’interpeler à maintes reprises le ministère de l’Environnement pour que celui-ci se penche sur ce dossier. Encore là, les demandes sont demeurés lettres mortes.
«On s’est fait dire que c’était correct, que c’était acceptable et que le dossier, dans leur tête à eux autres, ne posait pas de problèmes! Mais moi, depuis l’ouverture de ce site-là, je suis très, très, très inquiète!»
La santé en jeu
Si Mme Frappier-Raymond est si inquiète, c’est qu’elle doute fortement de la «qualité des produits qui rentrent-là» .
«En agriculture, insiste-t-elle, la ressource dont on a le plus besoin, c’est l’eau. Avec les produits qui rentrent là, s’ils sont contaminés, cela peut affecter la nappe phréatique. La culture maraîchère qui se fait à proximité, jusqu’à la Pointe-aux-Anglais, est ainsi en péril!»
Selon Josée Frappier-Raymond, la vie des résidants du secteur, mais aussi de partout au Québec, est ainsi mise à risque.
«Ce n’est pas une fois que les légumes de ces maraîchers se retrouveront sur les tablettes des supermarchés et qu’il y aura eu des morts au Québec qu’il sera le temps de dire qu’on aurait donc dû! On ne sait pas ce qu’il y a dans l’eau comme produits chimiques.»
Le fait que des autochtones soient propriétaires de ce terrain du rang St-Jean est la principale raison pour laquelle ce dossier traîne en longueur, selon la présidente de l’UPA Deux-Montagnes.
«Nous sommes persuadés que si un Blanc aurait fait cela sur une terre agricole, ça ferait longtemps qu’il se serait fait ramasser et fermer les portes. C’est déplorable de voir que c’est une belle terre agricole, dans une zone agricole, mais qu’elle appartient à des Indiens qui en fontce qu’ils veulent»
Un centre de tri?
Mme Frappier-Raymond questionne par ailleurs le fait que l’entreprise se présente comme un centre de tri alors que «rien ne sort de là» .
«À la vitesse que les camions entrent à cet endroit, c’est certain qu’ils ne se rendront pas au bout de leur bail de 30 ans. Ils sont déjà rendus dans le Mont Bleu, un site pur qui faisait partie de la renommée d’Oka, mais ils sont après le contaminer aussi!»
Même si les autorités gouvernementales tardent à répondre aux interrogations soulevées par l’UPA, Mme Frappier-Raymond n’a pas l’intention de baisser les bras. Tous les ans, elle poursuit d’ailleurs ses démarches auprès des personnes et organisations concernées.
«Ce sera toujours une épée de Damoclès au-dessus de notre tête, a conclu Josée Frappier-Raymond. L’eau peut contaminer les aliments, mais il faut aussi penser que le cours d’eau ne s’arrête pas de couler chez l’agriculteur d’à côté, il continue son chemin et ce sont les citadins que tu finis par prendre en otage!»
MOTS-CLÉS
UPA
centre de tri
dépotoir