De nombreux citoyens avaient pris siège dans l’auditorium du Campus Rose-De Angelis de l’Académie Ste-Thérèse pour écouter les deux conférenciers dont la notoriété n’est plus à faire.
Mme Clermont œuvre à l’Association québécoise des médecins pour l’environnement tandis que Jérôme Dupras détient une longue liste de titres en recherche au Département des Sciences naturelles à l’Université du Québec en Outaouais où il enseigne en plus d’être membre des Cowboys fringants.
Accueillis par Julie Morais et Patrick Bonin, les conférenciers ont rapidement mis la table sur les défis environnementaux avant de leur céder la parole.
Environnement et santé publique
Patricia Clermont a d’abord rappelé la mission de L’AQME. Plus ou moins connue, l’organisme se veut un lanceur d’alerte, mesurant l’impact positif à considérer sur la santé de la population des transports collectifs et actifs en lien avec l’aménagement durable du territoire, de la protection de la nature, de la nature de proximité, et autres, nettement négatifs, comme l’usage des pesticides et la surconsommation énergétique « qu’on ne pourrait jamais arrêter ».
« Les troubles de santé mentale, c’est aussi un enjeu de santé publique amplifié avec la pandémie COVID-19, mais aussi avec la crise climatique, notamment chez les jeunes, mais pas seulement. Toutes les générations sont affectées et ces enjeux-là s’entrecroisent et s’additionnent. La réduction des risques climatiques s’impose comme une exigence de santé publique en contexte climatique et d’urgence climatique. La crise dans laquelle on est, c’est donc une triple crise, une crise de changement climatique, de pollution et de biodiversité. Et l’enjeu existentiel, c’est quelle sera notre réponse », a souligné Mme Clermont.
Les données illustrent avec force son propos. Pas moins de 99 % des gens dans le monde respirent un air qui est au-delà des normes. Et rien qu’au Québec, la pollution engendre 4 000 décès et 30 milliards de doses par année.
S’aligner aux normes de l’OMS
« Ce sont des coûts pour notre système de santé, des coûts qui ne sont pas disponibles pour faire des aménagements dont on nous dit qu’ils sont trop chers », indique Mme Clermont.
Elle souligne au passage que les normes du Québec ne sont pas alignées avec celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alors que depuis 2015, beaucoup de normes relatives à la pollution atmosphérique ont baissé.
« À l’AQME, on demande au gouvernement de faire en sorte que les normes relatives à la qualité de l’air soient révisées pour s’aligner sur celles de l’OMS. Et c’est pour ça qu’en 2023, on a travaillé très fort, trois médecins de l’AQME et moi, sur un cadre de référence sur l’air qui a été appuyé par les 14 organisations, banques professionnelles, syndicats et autres organisations, ce qui a mené à la publication en janvier de notre cadre et son lancement en février », a-t-elle souligné, avant de céder la place à Jérôme Dupras.
De l’évolution à la régression
Ce dernier a dressé l’état de notre planète en présentant un court rappel historique en abordant l’évolution du monde depuis l’époque des 30 Glorieuses, tout en retraçant l’évolution du mouvement environnemental, depuis les années 1970, incluant l’impact de la mission Apollo 17, en 1972, sur la perception de la Terre et notre relation avec la nature depuis la Révolution Verte, qui a amené la mécanisation de l’agriculture.
Si ces développements sociétaux ont participé à l’évolution du monde, il en ressort aujourd’hui d’importants impacts négatifs et destructeurs.
« On a vécu cette situation de révolution verte en agriculture au Québec aussi. Mais on se rend compte, quelques années plus tard, que finalement, de travailler de cette façon, d’industrialiser notre rapport avec la nature, ça a aussi ses impacts. Ça a des impacts sociaux, ça a des impacts environnements », déplore le conférencier Dupras.
« Même s’il y a eu une prise de connaissance, même s’il y a eu des hommes et des femmes de grande volonté partout dans le monde qui ont essayé de renverser la tendance, la réalité, c’est qu’il y a toujours cette compétition pour les ressources, il y a toujours une économie qui s’est capitalisée, qui est dominante. »
S’ouvrir les yeux
Le professeur Dupras a souligné plusieurs défis liés aux changements climatiques, de l’effondrement de la biodiversité à la nécessité d’une transition écologique rapide pour atteindre la carboneutralité.
« Sachant que lorsqu’on émet une tonne de gaz à effet de serre, ça prend environ une trentaine d’années avant d’avoir un impact sur le climat. Ce qu’on ressent aujourd’hui, notre augmentation de 1,2, degrés Celsius, c’est les émissions des années 90. Ce que nos enfants vont subir comme transformation climatique dans 30 ans, c’est ce qu’on est en train d’émettre aujourd’hui. C’est un phénomène très, très important que celui des changements climatiques. Il est là devant nous. On ne peut pas se fermer les yeux. Cette courbe d’augmentation du climat, elle est réellement là. Il faut se mettre dans une optique d’adaptation. »
Espèces animales menacées
Puis les bouleversements climatiques impactent sérieusement la survie des espèces animalières. « On constate de 1000 à 10 000 fois le taux d’extinction naturelle. La théorie de l’évolution de Darwin dit que des espèces sont appelées à naître et à disparaître selon leur adaptabilité à ce qui se trouve autour d’elles. Or, ça change tellement vite avec la transformation du territoire, la couche d’ozone, les polluants systémiques, les changements climatiques et les espèces invasives, que ces pressions cumulées font en sorte que les espèces ne sont plus capables de s’adapter, de faire naître de nouvelles races, des variétés qui vont migrer vers des espèces », déplore le chercheur Dupras.
D’où l’importance de la mobilisation citoyenne, de l’appel à l’action collective et individuelle pour préserver la nature et des initiatives locales pour un avenir durable. Il a aussi rappelé la mission environnementale que s’était donnée Les Cowboys fringants en reversant une partie des profits des ventes dans la plantation d’arbres. Au total, 410 000 arbres ont été plantés grâce à cette initiative
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