« On s’en vient demander au gouvernement de rétablir les services en francisation qu’ils ont interrompus depuis le début de l’année et de prendre les mesures qui sont nécessaires pour éviter les fermetures qui sont annoncées parce qu’on est près d’atteindre la limite qui nous a été fixée », affirme Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE.
Rappel des faits
En août dernier, le Centre de services scolaires des Mille-Îles a annoncé la fermeture des six classes prévues dès septembre au Centre de formation de Sainte-Thérèse et de sept des dix classes qui devaient s’ouvrir au Centre de formation continue de Deux-Montagnes, 13 classes remplies de nouveaux arrivants ou d’individus issus de l’immigration.
En tout, le CSSMI avait reçu plus de 240 demandes d’inscription en francisation. Or, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration qui gère le dossier de la francisation et le ministère de l’Éducation qui en déploie le financement ont imposé de nouvelles règles aux centres qui dispensent les services de francisation.
Dans la région des Basses-Laurentides, le CSSMI, qui est le distributeur de ce service, s’est vu imposer une réduction de son budget et des règles précises quant à sa répartition. Et le budget alloué à la francisation a été établi selon la demande qui en était faite en 2021, nettement inférieure alors qu’à l’heure actuelle.
Besoins énormes
« Le gouvernement Legault a ouvert les valves il y a trois ans avec l’immigration temporaire. Donc il a accueilli plein de gens et il avait un plan de régionalisation et donc en dehors des grands centres urbains. Il a donc créé un besoin en francisation. Et les besoins sont énormes, même en dehors de l’île », explique Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE.
Selon les données du rapport annuel de 2023 de l’organisme ABL, la MRC de Deux-Montagnes recense 10 115 résidents issus de l’immigration, la MRC Thérèse-De Blainville en compte 17 825, et la MRC de Mirabel, 3 650. La population totale des Basses-Laurentides se chiffrait en 2023 à 326 792 personnes.
La FAE et le Syndicat de l’enseignement des Laurentides considèrent injuste de priver de nombreux immigrants de l’apprentissage de la langue officielle du Québec et d’avoir mis fin à la dernière minute au contrat d’une vingtaine d’enseignants spécialisés en enseignement de langue seconde comme le français.
Or, la consigne limitant à 22 le nombre d’étudiants à temps plein sera atteinte d’ici janvier, ce qui signifie qu’aucune classe n’ouvrira au début de l’année 2025.
Des ressources disponibles
Les syndicalistes insistent sur l’importance de rétablir les services et d’utiliser efficacement les ressources disponibles pour répondre aux besoins des élèves immigrants.
« Les enseignants ne sont pas mis à profit pour enseigner le français aux immigrants, alors qu’ils ont l’expertise pour le faire. Et pendant ce temps-là, ces élèves-là sont pris pour se trouver un autre endroit pour aller apprendre le français, poursuivre leur parcours, qui est une étape primordiale, importante dans leur processus d’intégration », renchérit Dominique Sauvé, la présidente du Syndicat de l’enseignement des Basses-Laurentides.
« Il faut laisser la marge de manœuvre aux Centres de services scolaires en fonction de la réalité, de leurs besoins », indique Mme Tardif.
Et la FAE s’interroge aussi sur l’enveloppe budgétaire du MIFI, alors que le ministre Jean-François Roberge a laissé savoir dernièrement avoir reçu une hausse de 40 millions $. « Pourquoi une partie de cette augmentation-là n’est-elle pas transférée au ministère de l’Éducation? », insiste Mme Tardif.
Selon Mme Tardif, c’est le MIFI qui détient les vrais cordons de la bourse en francisation et qui distribue l’argent parmi ses partenaires offrant ces services : universités, cégeps et organismes communautaires et s’en remet au ministère de l’Éducation pour les Centres de services scolaires. Donc, sur le budget total du MIFI de 291 M $, le MEQ s’est retrouvé avec un budget de 104 M $ pour assurer le financement de l’offre en francisation.
Mise à jour économique
« Est-ce que l’argent est utilisé à bon escient ? On nous répète que d’autres groupes ouvrent ailleurs, mais on n’a pas de données à cet effet. On a des locaux, on a des professeurs, on ne demande même pas de la nouvelle argent. Prenez une partie du budget du MIFI et achetez des services supplémentaires au MEQ », martèle Mme Tardif.
Celle-ci a d’ailleurs été surprise la semaine dernière d’entendre le ministre Roberge dire qu’il reste de l’argent au MIFI pour déployer l’offre de services. « Pourquoi aller construire autre chose que ce qui existe déjà? C’est ça qu’on ne comprend pas », souligne la vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE, qui espère que le message sera entendu par le gouvernement avant la mise à jour économique du 21 novembre prochain.
« On voit une belle occasion, de revoir le budget, de prendre d’autres décisions, de regarder ce qui reste au budget du ministère de l’Immigration, ce qui peut être transféré aux Centres de service scolaire et leur redonner une marge de manœuvre, car ils savent très bien, avec la réalité qu’ils ont, ce qu’ils peuvent utiliser ou pas. Ça ne réglerait pas tout, mais ça réglerait une partie du problème », note Mme Tardif.
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