«J’ai passé une bonne partie de la session d’hiver, pendant le confinement, à enseigner par vidéoconférence et là je me suis dit que ce n’est pas vrai que je vais faire ça à l’automne, surtout que j’enseigne surtout aux premières années. Nous sommes à l’ère où nous devons réinventer les façons de faire», lance l’enseignant qui, après y avoir réfléchi «tout l’été» propose donc à ses étudiants, pour la session d’automne, de se réunir en petits groupes de 7 à 10, dans des parcs situés à proximité de leurs lieux de résidence, au lieu de se présenter au collège.
Avec 165 étudiants inscrits à ses cours, ce fut «tout un casse-tête» de mettre son plan à exécution, mais le jeu en valait la chandelle, insiste-t-il.
«C’est important que les étudiants se rencontrent entre eux. L’éducation, c’est quelque chose de profondément social. C’est de l’émotion. Ce n’est pas juste du contenu. Pour le contenu, il y a Wikipédia ! Les étudiants doivent créer de l’émotion pour rester motivés, pour avoir envie d’apprendre», lance l’enseignant de sociologie qui a bien l’intention d’aller d’un parc à l’autre afin de s’assurer que tout se déroule comme il l’a imaginé.
Partout dans la région
En se promenant dans les parcs des Basses-Laurentides cet automne, il ne sera donc pas surprenant d’y voir des étudiants au travail. Ils se retrouveront dans des parcs à Rosemère, Blainville, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache et Mirabel.
«Lorsque j’ai fait part de mon projet aux étudiants, explique Fabien Torres, je leur ai demandé de me donner un mot pour le décrire. Ce sont les mots : intrigant, intéressant, spécial et différent qui revenaient le plus souvent. D’autres m’ont écrit en privé pour me dire qu’ils avaient hâte de commencer l’expérience».
Ce sera en effet une véritable expérience de sociologie que vivront les «premières années» inscrits au cours de M. Torres.
«Je ne les envoie pas faire rien. Ils vont revenir ensemble sur les devoirs de la semaine précédente et faire une vidéo dans laquelle ils devront réfléchir sur les normes actuelles, formelles et informelles, observer et voir comment les gens se comportent par rapport à la COVID. Je leur dis de vivre cela dehors, d’être en contact avec la nature», explique Fabien Torres, conscient qu’en temps froid, ses étudiants pourraient se réunir dans un café ou dans le sous-sol de l’un d’eux. «C’est bien correct !»
Une rentrée difficile
Conscient que cette rentrée collégiale 2020 est plus que particulière, Fabien Torres souhaite faciliter le passage du secondaire au cégep de ses étudiants.
«Ils disent déjà que cette rentrée est éparpillée, déséquilibrée, dit-il. On le ressent que la rentrée est difficile pour eux. Ils doivent jongler avec plusieurs plates-formes, plusieurs profs, etc. alors qu’avant, ils n’avaient qu’à s’asseoir à un bureau et écouter.»
Des collègues ont été mis au fait de l’initiative de Fabien Torres et pourraient être tentés de l’imiter. On saura au terme de la présente session si ce fut un essai concluant.
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Collège Lionel-Groulx
Sainte-Thérèse
Fabien Torres