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Permis de travail refusé : Laura devra-t-elle tout quitter ?

Crédit photo : Reine Côté –

Résidente de Boisbriand :
Laura Viandier coincée dans les dédales d’Immigration Canada.

Permis de travail refusé : Laura devra-t-elle tout quitter ?

Publié le 28/01/2025

La Boisbriannaise d’adoption Laura Viandier vit un véritable cauchemar depuis l’automne; elle devra peut-être se séparer de son amoureux et retourner vivre dans sa France natale, n’ayant plus de revenus de travail.

En cause : une embrouille avec Immigration Canada qui refuse de renouveler son permis de travail malgré sa situation stable.

Si rien ne se règle, s’il ne lui est pas possible de travailler, la jeune femme de 28 ans devra embarquer sur un vol simple en direction de la France. Et dire adieu à son amoureux, récemment embauché comme technicien diététiste chez Hydro-Québec et qui s’est vu délivrer un permis de travail bien en règle à l’automne.

Cette situation angoisse tant Laura, qu’elle en est même tombée malade, au cours des dernières semaines. Et ce n’est pas faute d’avoir tout essayé.

« Je suis intégrée, je paye mes taxes et mes impôts, je respecte la loi, je n’ai jamais commis aucune infraction, je travaille activement donc je contribue à la vie économique du pays, je ne bénéficie d’aucune aide ou prestation financière quelle qu’elle soit de l’État (et je n’en veux pas), donc je ne coûte rien, mais je rapporte. Je pense avoir suffisamment prouvé par mon comportement que je suis une bonne citoyenne et malgré tout cela, le 12 novembre dernier, j’ai reçu une lettre de refus concernant ma demande de prolongation de permis de travail avec des motifs qui restent encore flous à ce jour. »

En toute conformité

Arrivée en septembre 2020 avec un Permis Vacances-Travail (PVT), Laura a été ensuite rejointe en sol canadien par son petit ami trois mois plus tard. Ils sont tous les deux partis pour le Saguenay où l’amoureux est allé chercher un diplôme en technique de diététique et transformation alimentaire au Cégep de Chicoutimi.

Après le Saguenay, tous les deux ont élu domicile à Boisbriand, car Laura a décroché un emploi à l’hôtel de ville de Rosemère à titre de réceptionniste. Après son PVT, non renouvelable, elle a obtenu un permis de travail qu’elle devait renouveler en 2024.

Sa situation de couple obligeait les partenaires à démontrer qu’ils avaient tous les deux un employeur pour obtenir un permis de travail ouvert, demande à laquelle l’amoureux ne satisfaisait pas alors aux conditions, étant en fin d’études à ce moment. Depuis que celui-ci a fait savoir à Immigration Canada qu’il avait décroché un emploi, sa situation s’est régularisée avec un permis de travail officiel.

Multiples démarches

Cependant, Laura n’a toujours pas obtenu le sien, malgré toutes ses démarches. « J’ai pourtant envoyé 42 documents à Immigration Canada », clame la jeune Française, qui aime de plus en plus sa vie au Québec.

Problème de communication Immigration Canada et les citoyens ?  Laura ne comprend pas. Elle dit avoir entre autres fourni une lettre de son employeur, le maire Éric Westram, des relevés de paies et des papiers prouvant qu’elle réside bien à Boisbriand.

Dans le formulaire de renouvellement, aucune demande ne précisait qu’elle devait fournir la preuve d’emploi de son conjoint, seul document qu’elle n’a pas pu joindre à sa demande de renouvellement en juin 2024, puisque que son amoureux était en fin de programme d’études.

Et elle insiste : la situation de son amoureux s’est régularisée depuis et il a même obtenu son permis de travail, lui.

Ne détenant pas un métier recherché correspondant aux critères définis par Québec, elle ne peut quant à elle obtenir le Certificat de sélection du Québec, étape nécessaire pour obtenir ensuite le statut de résidente permanente par le gouvernement fédéral. « Je ne suis pas admissible à obtenir le CSQ car je ne travaille pas dans un métier dit recherché par le Québec. Je n’ai pas cumulé les deux années d’expériences de travail québécoise nécessaires et requises pour faire la demande de CSQ…C’est comme si mes quatre années de travail ici ne valent rien », déplore-t-elle.

Lettre de contestation, demande de rétablissement de statut, Laura a tout essayé par la suite.  Elle s’est démenée en frappant à toutes les portes possibles : son député fédéral, le ministre fédéral de l’Immigration. Rien à faire. En date du 24 janvier, elle était toujours dans l’attente.

De réels impacts

Or, sa situation impacte déjà son entourage. D’abord son amoureux, puis ses colocataires, car le couple doit partager son logement en raison de son coût mensuel élevé.

« Et si ma demande de rétablissement est refusée de nouveau ? Nous allons devoir tout quitter immédiatement…Aurais-je le temps de vendre tous mes meubles et mes biens ? Résilier mes assurances, rembourser les crédits des voitures, résilier mon bail et laisser notre partie du loyer à la charge de mes deux amis colocataires ? Auront-ils eu la possibilité d’assumer ces frais en plus ? »

Son conjoint a un emploi permanent. La suivra-t-il ? « Si je ne peux pas rester au Québec, nous ne ferons probablement pas une relation à distance. Ou alors il faudra tous les deux quitter le pays », déplore avec tristesse Laura.

Sans revenus

C’est qu’en plus, elle ne vit que sur ses économies et la poignée d’argent prêtée par ses parents. Elle n’a plus son emploi depuis novembre en raison de sa situation officielle non régularisée. L’employeur a bien tenté de lui garder sa place durant quelque temps, mais devra afficher le poste sous peu, car son absence impacte l’équipe de travail.

« Toutes les économies que j’ai durement réussi à mettre de côté depuis quatre ans partent en fumée, me mettant dans une situation dramatique et bientôt irréparable. Il y a aussi le problème financier dans lequel mon conjoint risque de se retrouver puisqu’il va devoir assumer seul les dépenses étant donné qu’il est le seul à recevoir un revenu. Un fardeau qui va entraîner mon conjoint dans ma chute également si la situation n’est pas vite résolue. Je suis déjà endettée à présent à hauteur de 1500$ après deux mois sans salaire dont je n’ai aucune idée de comment pouvoir les rembourser, sans revenus », déplore-t-elle.

Et puis voilà, en en perdant cet emploi, elle perd par la même occasion toutes ses chances de voir son permis de travail renouvelé. C’est le serpent qui se mord la queue.

Pour l’amour du Québec

« Et c’est sans compter les conséquences psychologiques sur moi, stress, anxiété, angoisse, perte de sommeil, vivre dans le flou sans savoir quelle décision sera prise les prochains jours. »

Mais surtout, Laura aime sa vie au Québec. Elle avait bien réfléchi à cet exil volontaire avant de déposer sa demande de PVT, en février 2020, et elle aime les Québécois. Elle s’est fait des amis, elle apprécie ses collègues de travail qui sont gentils avec elle, y compris monsieur le maire, son employeur. « Il y a une réelle bienveillance ici », dit-elle de cette patrie qu’elle aimerait bien faire sienne.