Cette concentration du nombre d’évasions de l’établissement Archambault en peu de temps soulève des préoccupations sur l’encadrement des détenus dans ce pénitencier des Basses-Laurentides.
Le 8 novembre 2024, Martin Éthier, 48 ans, s’est enfui de l’établissement Archambault avant d’être retrouvé le lendemain. Le 24 février 2025, c’était au tour du détenu Ricardo Vilches, 85 ans, de s’évader et d’être retrouvé le jour même. Richard Plourde, 62 ans, a pris la fuite le 22 juin dernier avant que la police ne l’interpelle le jour suivant. Le plus récent évadé, Lori Bill Germa, 69 ans, a quitté illégalement l’établissement carcéral le 6 juillet.
Ces quatre évasions en neuf mois soulèvent « des questionnements davantage qu’une préoccupation en lien avec la sécurité en soi », affirme la mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines, Julie Boivin. Certains citoyens et internautes se demandent comment il est possible que des évasions surviennent.
Résidente de Sainte-Anne-des-Plaines depuis 2002, Mme Boivin précise qu’il y a toujours eu des évasions de temps à autre. C’est surtout « la concentration des évasions dans les derniers mois qui fait la différence » actuellement. « Une fois de temps en temps, on n’en fait pas un plat, mais quatre fois en neuf mois, je comprends que les citoyens peuvent soulever des questions », explique-t-elle.

Un phénomène rare, mais pas nouveau
« Malgré les récents cas d’évasion, il convient de noter que ceux-ci demeurent rares. Le nombre de personnes qui se sont évadées d’un établissement correctionnel fédéral ne représente qu’environ 0,1 % de la population carcérale », tempère Service correctionnel Canada (SCC). L’agence fédérale affirme prendre « très au sérieux tous les cas d’évasions », précisant que la sécurité du public « demeure sa priorité absolue ».
La majorité des évasions des établissements fédéraux ont lieu dans les prisons à sécurité minimale. Selon une étude de SCC, il y a eu 25 évasions de 2021-2022 à 2023-2024 et 80 % d’entre elles ont eu lieu dans la région des Prairies. Le document indique que 92 % des détenus impliqués dans ces incidents avaient une cote de sécurité minimale.
La cote de sécurité incomprise
Les citoyens ont beaucoup de questions sur « le fonctionnement et sur l’encadrement des détenus », soutient la mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines. Elle juge qu’il y a une méconnaissance des différents niveaux de sécurité des pénitenciers au sein de la population.
L’environnement des prisons à sécurité minimale permet aux délinquants de développer « des compétences nécessaires » pour vivre sous supervision minimale. « C’est pourquoi le périmètre de l’établissement [Archambault] est clairement défini, mais ne comprend pas de clôture », dit le SCC.

Certains citoyens s’étonnent de voir des délinquants condamnés pour meurtre ou pour la prison à vie s’évader d’établissements à sécurité minimale. Pourquoi sont-ils dans une prison au plus bas niveau de sécurité ?
La modification de la cote de sécurité d’un détenu fait partie du processus de réinsertion sociale de Service correctionnel Canada. Selon l’agence fédérale, « même pour les détenus qui ne seront jamais remis en liberté, [le reclassement de la cote de sécurité] favorise un comportement prosocial et le développement de compétences diverses. »
« Les recherches démontrent que le reclassement des détenus vers des niveaux de sécurité moindres accroît leur sens des responsabilités », justifie SCC.
La cote de sécurité d’un détenu est déterminée avec des outils d’évaluation, dont des évaluations psychologiques dans certains cas, et avec l’avis professionnel du personnel spécialisé, affirme SCC. Cette cote peut être modifiée en tout temps. « Les détenus qui s’évadent ou qui sont illégalement en liberté peuvent faire l’objet d’un réexamen de leur niveau de sécurité ou de nouvelles accusations », explique le service correctionnel fédéral.

Julie Boivin n’est pas inquiète pour la suite. « Il y a une belle relation de confiance établie entre la municipalité et le centre correctionnel », explique-t-elle. « Je ne me sens vraiment pas en danger et je ne sens pas que la sécurité des citoyens pourrait être atteinte. On est entre bonnes mains. Quand il arrive des problématiques, [Service Correctionnel Canada] relève le défi haut la main. Ils [mettent] tout en œuvre pour pouvoir retrouver les détenus », considère la mairesse.
Service correctionnel Canada dit enquêter sur chaque évasion et affirme travailler en étroite collaboration avec les services policiers afin de retrouver le fugitif rapidement.
Léa Lemieux
Journaliste stagiaire
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