En tout début de procès, jeudi matin, au palais de justice de Saint-Jérôme, le juge a appelé à la barre des témoins Louis Kemp, le mari de l’actuelle mairesse de Boisbriand, Marlene Cordato.
Son témoignage est important puisque celui-ci prétend depuis 2009 que Claude Brière accompagnait Lino Zambito à l’une des deux rencontres ayant pour but de tasser la candidate à la mairie Marlene Cordato pour laisser la mairesse de l’époque, Sylvie St-Jean, se faire réélire sans opposition.
M. Kemp détient deux enregistrements de ces rencontres, le premier ayant été diffusé dans le cadre de l’émission Enquête de Radio-Canada, en octobre 2009, et qui rapportait la corruption dans le milieu de la construction.
Ces enregistrements constitueraient l’une des preuves incriminant l’ancien conseiller municipal, aussi son avocat, Louis-Alexandre Martin, a bien tenté de miner leur valeur.
Celui-ci a d’abord demandé au juge Paul Chevalier, mercredi, d’extraire cette preuve en raison de la mauvaise qualité auditive. C’est que l’appareil numérique contenant l’enregistrement original a été remis au DGE, qui l’aurait perdu, ce qui rendrait impossibles l’expertise et la contre-expertise de la preuve, selon Me Martin.
Le juge Chevalier a refusé sa requête, de sorte que le conjoint de Mme Cordato a dû raconter dans les moindres détails la procédure des deux enregistrements ainsi que la manière dont il les avait conservés.
Il a donc été question de la première rencontre, le 4 mai 2009, à laquelle Marlene Cordato et Patrick Thifault avaient été conviés par l’entrepreneur Lino Zambito et Sylvie St-Jean, dans un restaurant.
À la suggestion de son mari, Mme Cordato avait alors mis en marche un enregistreur numérique dissimulé dans son sac à main.
Le 4 juin, Louis Kemp, à titre d’organisateur de campagne, a participé à un déjeuner-rencontre en compagnie de Patrick Thifault, de Claude Brière et de Lino Zambito, lequel souhaitait revenir sur sa proposition à Mme Cordato de lui faire renoncer à la mairie en échange d’une réélection garantie comme conseillère, idem pour Patrick Thifault. Il offre aussi à Louis Kemp la direction du Club de soccer de Boisbriand.
Louis Kemp dit avoir fait une copie sur son ordinateur des deux enregistrements immédiatement après les rencontres.
Il a ajouté avoir remis des copies seulement après avoir été tabassé à la porte de sa résidence, le 27 septembre 2009, à la toute veille du début officiel de la campagne électorale.
C’est ce soir-là qu’ils ont convenu, lui, sa femme et Patrick Thifault, de contacter dès le lendemain le journaliste de Radio-Canada Alain Gravel pour révéler publiquement la proposition de Lino Zambito, question de se protéger.
M. Kemp assure avoir remis quatre autres copies: l’une aux policiers de la Sûreté du Québec enquêtant sur son agression, une autre à la firme d’avocats Prévost, Fortin, D’Aoust, au DGE Jacques Labbé, ainsi qu’une à sa femme Marlene.
Cette première journée de procès a pris fin avec le témoignage de Marlene Cordato, venue raconter le contexte dans lequel a été fait le premier enregistrement, que l’on a fait entièrement écouter au juge.