Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez annoncé hier en conférence de presse que vous estimiez pouvoir permettre aux commerces de la CMM d’ouvrir leurs portes dès le 25 mai, «si tout se passe bien». Voyant le report de l’ouverture des écoles et des services de garde, je suis inquiet que les commerces dans les municipalités de la CMM subissent aussi le même sort.
Je comprends tout à fait la réalité de la pandémie sur le territoire de Montréal, et même de certaines villes périphériques, mais ce serait une erreur de mettre toutes les villes de la CMM dans le même bateau, et comme on dit «de jeter le bébé avec l’eau du bain». Plusieurs municipalités rurales vivent des réalités totalement différentes, dont Sainte-Anne-des-Plaines, pour laquelle j’occupe les fonctions de maire, et je pense que tout comme nous, d’autres municipalités rurales ont sans doute le sentiment d’être traitées inadéquatement en étant sous la juridiction de la CMM.
Dans notre ville de 15 000 citoyens, nous n’avons à l’heure actuelle que 25 cas de contagion à la Covid-19. C’est une statistique bien en dessous de la moyenne de bien d’autres villes. Collées sur nous, les villes de Saint-Lin-Laurentides ou Sainte-Sophie par exemple, qui ne font pas partie de la CMM, et qui enregistrent un nombre de cas plus élevé, ont obtenu l’autorisation d’ouvrir leurs commerces à la population.
En ouvrant les portes des commerces du nord, vous incitez nos citoyens à parcourir une certaine distance pour se procurer des biens, plutôt que de le faire dans leur ville, risquant ainsi de contaminer à leur retour notre communauté. À Sainte-Anne-des-Plaines, nous n’avons pas de commerces à grande surface; les autres citoyens de la CMM n’auront pas le réflexe de venir acheter chez nous plus que dans d’autres villes du nord, qui proposent une offre plus intéressante en cette période (Costco, Rona, Wal-Mart ou Canadian Tire par exemple). Ce que nous avons chez nous, ce sont de petites boutiques qui font battre le cœur de notre village. Nos commerçants sont déjà à bout de souffle. En persistant à leur imposer de fermer boutique, vous mettez à risque non seulement notre économie locale, mais aussi nos citoyens.
Il est impératif que vous compreniez que faire partie de la CMM n’équivaut pas à vivre la même situation que Montréal. Nous avons en plein cœur de notre ville un petit noyau de commerçants. Pour quitter le centre urbain de la ville, il faut rouler minimalement 15 kilomètres. Notre réalité géographique, nos risques de contamination, notre densité de population et notre attractivité commerciale n’équivalent en rien celles des villes de Laval ou de Boisbriand, par exemple. Le risque pour la santé publique n’est pas plus élevé ici qu’à Sainte-Sophie, et probablement même beaucoup moindre qu’à Saint-Jérôme, qui elles toutefois, ont obtenu l’autorisation de rouvrir boutique.
Nous estimons que dans les circonstances, maintenir nos commerces fermés encore plus longtemps, alors qu’ils ouvrent dans d’autres régions, et ce, pour la simple raison que nous faisons partie de la CMM, c’est faire complètement abstraction de notre caractère rural distinctif, et de notre réalité propre.
Dans ces circonstances, je fais appel à vous, Monsieur le Premier Ministre, pour prendre des décisions en fonction d’une analyse de risques plus précise et plus ciblée qui portera sans doute moins préjudice à ceux qui comme nous, vivent dans un microcosme particulier, où l’économie est fragile, et les risques de contamination très faibles.
J’aimerais vous mentionner que dès le 13 mars, notre ville a emboité le pas pour mettre en œuvre sur le terrain toutes vos directives, en plus d’être proactive et soutenante pour notre population. Cette fois, sans remettre en cause notre appartenance à la CMM, nous souhaitons profondément être entendus et considérés pour ce que nous sommes : une «municipalité rurale distincte», et non pas simplement «une ville de la CMM».
Guy Charbonneau
Maire de Sainte-Anne-des-Plaines
MOTS-CLÉS
Journal La Voix
Lettre ouverte
Sainte-Anne-des-Plaines
Guy Charbonneau
COVID-19