Au terme d’un été où l’état des berges et des eaux de la rivière des Mille Îles leur a paru particulièrement préoccupant, des citoyens en appellent à une plus grande conscientisation au sujet des « surverses », un problème qui n’épargne aucune municipalité.
« Une surverse, c’est un débordement d’eaux usées par le système d’égout lorsqu’il est en surcharge. L’eau qui sort alors du réseau d’égout est un mélange entre l’eau usée et l’eau pluviale », explique Anne-Sophie Madoux-Humery, chargée de projets pour le Conseil des bassins versants des Mille-Îles (COBAMIL).
Les trop-pleins adviennent surtout lorsque le réseau, en cas de forte pluie ou de fonte des neiges, se sature. Sur une durée de cinq minutes ou bien de vingt-quatre heures, le refoulement rejoint alors les cours d’eau sans assainissement. N’allant pas jusqu’à faire la liste exhaustive de ce qu’on peut finir par retrouver dans la rivière, Anne-Sophie Madoux-Humery assure qu’il peut y avoir de tout et de n’importe quoi.
« On peut parler de concentration extrêmement diluée, à des concentrations qui correspondent quasiment au niveau d’un entrant de station. »
Un joyau négligé
Pour un couple de Rosemèrois habitant en bordure de la rivière des Mille Îles, la situation était à la limite du tolérable il y a quelques semaines. « Dégoutante », « étouffante », « époustouflante », les qualificatifs ne leur manquent pas pour décrire l’odeur, sans parler des débris sanitaires qui s’échouaient en quantité sur leur terrain. L’enjeu était tel, en août, qu’il leur paraissait impossible d’inviter des amis et de profiter du « joyau » qu’est, pour eux, leur cour arrière. Dépendamment des courants et des vents, l’état des rives varie, mais demeure repoussant.
« On le vit à tous les jours et on s’aperçoit des périodes où c’est vraiment pire », affirment-ils. « Le mois d’août, c’est incroyable l’odeur qu’il y a ici. Tellement, qu’on a de la misère à rester dehors. »
Une autre résidente des quartiers environnant le parc Charbonneau témoigne que les émanations, pendant plusieurs semaines le mois dernier, l’ont tenue éloignée du bord.
« Il s’est produit un événement, cet été, indique-t-elle. Je ne sais pas vraiment ce qui a occasionné ça. Il y avait une senteur épouvantable, je n’osais plus aller sur le bord de l’eau. Ça prenait à la gorge. »
Vers la fin septembre, l’épisode était toutefois passé.
Surtout, gérer les eaux
Selon Anne-Sophie Madoux-Humery du COBAMIL, les surverses arrivent parfois même lorsqu’il n’y a pas de pluie qui entre dans le système d’égouts, et sont alors principalement imputables à l’efficacité de la station de traitement.
« Soit c’est le réseau qui est à saturation, soit c’est le débit de la station d’épuration ou de pompage, explique-t-elle. Si le débit de cette station-là est atteint, l’usine n’est plus capable de pomper, donc le réseau va devoir surverser pour devoir enlever certaines charges. »
Le gouvernement du Québec se ferait une priorité, selon Anne-Sophie Madoux-Humery, de mettre aux normes les stations de traitement des eaux usées. Elle précise que les surverses sont courantes à l’échelle de la province et qu’elles font l’objet d’un encadrement grandissant. Les municipalités sont tenues d’envoyer un rapport au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques s’il advient une surverse par temps sec sur leur territoire, ainsi que de respecter un nombre maximal de trop-pleins par année. Cela dit, pour l’instant, « il n’y a pas de recette miracle pour éviter les surverses. »
Liza Poulin, mairesse de Blainville et présidente du conseil d’administration de la Régie d’assainissement des eaux de Sainte-Thérèse et Blainville, croit cependant que leur nombre est « en diminution de façon assez constante » dans la région.
« Actuellement, on est en train de préparer des travaux pour un bassin sanitaire qui va atténuer les surverses, ajoute-t-elle. Un bassin de rétention sanitaire à côté du poste de pompage principal, qui va faire en sorte qu’on va venir respecter les objectifs de surverses que le ministère de l’Environnement nous a fixés. »
Ces travaux, avoisinant les 11M$, devraient se réaliser vers 2026, à en croire la mairesse.
« On a tous une volonté d’améliorer les choses, assurément, pour notre rivière des Mille Îles. La volonté est là et je suis pas mal convaincue qu’elle est partagée. »
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