Commerce international, détresse psychologique en agriculture, lourdeur et besoin de plus de flexibilité dans le Programme de travailleurs étrangers temporaires, transferts de ferme à la relève familiale: ces thèmes ont été au coeur de la soirée Parlons d’agriculture tenue à la cabane à sucre Lalande, à Saint-Eustache, le 9 octobre dernier.
Simon Marcil (BQ); Anne-Marie Saint-Germain (NPD); François Desrochers (PCC), Karl Trudel (PLC) et Julie Tremblay (PV) tous candidats de Mirabel aux élections fédérales, ont participé à l’activité.
Cette soirée a permis aux candidats de présenter leur plateforme électorale en matière d’agriculture aux producteurs présents. Par-dessus tout, elle a été l’occasion pour les représentants des cinq formations politiques de plonger dans le bain de la réalité agricole pendant deux heures d’échanges structurés avec les agriculteurs présents.
Le commerce international a retenu l’attention et a donné lieu à des interventions teintées d’émotions de la part des agriculteurs. «Les difficultés de la météo, les insectes, la relève, le financement… on est capable de faire face à ça. Mais les ententes commerciales internationales qui nous tombent dessus, on n’y peut rien», a lancé Philippe Leroux, producteur de grains de Saint-Placide et président de l’UPA Deux-Montagnes.
«Dans la dernière négociation avec l’Europe, les producteurs de lait ont mangé un coup pour l’équipe, parce que c’était supposé aider dans le boeuf et dans un paquet de productions où il n’y a même pas eu d’exportations Pourquoi on accepte tout comme des boy-scouts et qu’on ne met jamais notre pied à terre pour mettre nos propres conditions?» , a déploré Réal Brière, producteur de Mirabel.
«Le monde agricole, on demande depuis longtemps… pas d’avoir des subventions. On veut travailler à armes égales avec qui vous nous mettez en compétition. […] On veut produire, c’est notre job, c’est ça qu’on veut faire, on veut pas avoir à revendiquer tout le temps», a martelé Sylvain Leroux, acériculteur et producteur de grains de Saint-Placide.
Travailleurs étrangers
Dans une région où les nombreuses entreprises maraîchères dépendent de la main-d’oeuvre étrangère, plusieurs agriculteurs sont intervenus pour demander des changements au Programme des travailleurs étrangers temporaires, afin de sabrer dans la paperasse et de le rendre plus flexible.
Les candidats ont notamment été interpellés afin qu’il soit possible, pour les petites exploitations agricoles qui ne peuvent offrir des postes à temps complet aux travailleurs étrangers, de partager entre eux le temps de travail à travers une coopérative d’utilisation de main-d’oeuvre, par exemple.
«Ces gens-là veulent travailler environ soixante heures par semaine», a fait valoir Audrey Lemaire, productrice de lait de Saint-Jérôme et président de l’UPA Basses-Laurentides. D’où l’importance de permettre le partage de la main-d’oeuvre étrangère pour les petites fermes qui n’ont pas autant d’heures de travail à pourvoir. «Moi, il pourrait venir tirer les vaches le matin, aller cueillir des choux le jour et revenir tirer les vaches le soir et ça ferait mon bonheur», a illustré Vanessa Mondou, qui gère un troupeau de 50 vaches à Mirabel.
Sources de stress
Plusieurs ont souligné le contexte favorable à la détresse psychologique. Déjà plus fragiles que la population en général, en raison de divers facteurs comme les risques associés aux prix des denrées et aux changements climatiques, les agriculteurs subissent maintenant une autre source de stress: l’intimidation sur les réseaux sociaux de la part des militants anti-viande et la peur de faire l’objet de gestes d’éclat sur leur ferme, comme cela est déjà le cas en Europe et ailleurs au pays.
«Je suis en train de me demander si je ne devrais pas barrer les portes de ma ferme, parce qu’il y a peut-être du monde qui va venir dans la nuit “libérer” mes vaches», a dit Vanessa Mondou.
Magali Noiseux-Laurin, directrice de l’organisme écoute agricole des Laurentides a dit espérer que les candidats élus mettent en pratique les recommandations émises dans le rapport publié en mai dernier par le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire : Santé mentale, une priorité pour nos agriculteurs du Canada.
Les règles fiscales peu favorables à la transmission d’une entreprise agricole à la relève familiale ont également été abordées. «Je comprends pas que ça ait été fait au provincial, mais pas au fédéral encore», a noté Tommy Lauzon, relève d’une ferme laitière à Mirabel et président du Syndicat de la relève agricole Laurentides-Outaouais.
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