On le sait, c’est aujourd’hui que les parcs nationaux du Québec pouvaient lever les barrières qui empêchaient les visiteurs d’y accéder depuis le 21 mars dernier. Le gouvernement avait autorisé la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ) à rouvrir ses parcs nationaux, dont celui d’Oka, et à y permettre notamment, et dans un premier temps, l’accès aux sentiers de randonnée pédestre et de vélo.
Comme l’avait laissé entendre le grand chef du Conseil de bande de Kanesatake, ce sont plutôt à des barrages – ou points de contrôle – bloquant les différents accès au Parc national d’Oka (à l’extrémité de l’autoroute 640, à l’entrée principale de la route 344 et des sentiers du calvaire d’Oka) que les visiteurs ont eu droit. Des cyclistes, vus de loin, ont cependant été en mesure de circuler sur les pistes.
Des résidents de Sainte-Thérèse et de Montréal qui souhaitaient profiter du soleil pour effectuer une petite randonnée, ont eu donc eu la désagréable surprise de constater qu’ils ne pouvaient accéder aux sentiers; une situation qu’ils ont dénoncée.
«Je comprends que les blocs sanitaires soient fermés, mais ça ne doit empêcher les gens d’aller marcher et se promener dans les sentiers tout en gardant nos distances. C’était la première journée et on trouvait ça cool d’y aller», a commenté, déçue, la résidente de Sainte-Thérèse.
Un Montréalais, contraint lui-aussi à rebrousser chemin, avait de la difficulté à comprendre à ce que l’accès au parc soit fermé de la sorte. «Ça n’appartient pas aux Mohawks, ça appartient à tout le monde. Ça devrait être interdit. Le gouvernement devrait mettre ses culottes une fois pour toute. Ça n’a aucun sens que deux ou trois personnes nous empêchent d’entrer!», a lancé, médusé, l’homme.
Situation «désolante» selon le maire d’Oka
Le maire d’Oka, Pascal Quevillon, a qualifié la situation, qui a débuté dès 8 h 30 le matin, comme étant «désolante» pour les citoyens. «La santé publique nous demande de sortir pour se changer les idées, à aller marcher. C’est la santé mentale des gens qui va écoper, sinon. La COVID-19 est là pour rester et il va falloir apprendre à vivre avec. Respectons la distanciation physique, respectons les exigences de la santé publique, mais n’empêchons pas les gens de Montréal, Laval ou d’ailleurs à nous visiter», de lancer M. Quevillon aux abords de l’entrée principale du Parc national d’Oka.
Celui-ci a ajouté que la Sûreté du Québec (SQ) lui avait savoir qu’il s’agissait d’un «dossier politique» et qu’il s’est donc adressé au premier ministre François Legault, via les journalistes, pour qu’il intervienne et à la SQ d’intervenir. «C’est malheureux, on est laissé à nous-mêmes encore une fois. Mme D’Amours [députée de Deux-Montagnes et ministre responsable des Affaires autochtones], ça fait un mois qu’on tente de la joindre. Pas de nouvelles!», s’est désolé M. Quevillon.
La sécurité des Mohawks en cause
Pour sa part, le grand chef Serge Otis Simon estime que la sécurité des siens est ici en cause en raison des milliers de visiteurs de Montréal, de Laval et de la Montérégie qui viendront au Parc national d’Oka et qui iront, par après, se promener dans le village d’Oka. Il craint aussi que la fermeture des blocs sanitaires soit un incitatif pour ces mêmes visiteurs à se rendre au village par «nécessité».
«Notre inquiétude, c’est une propagation communautaire. Plus de 50 % de nos membres mohawks ont des problèmes de diabète, de cancer et immunitaires. Jusqu’à maintenant, grâce à nos actions, nous avons réussi à limiter la propagation et nous n’avons aucun cas. Nous, tout ce qu’on demande, ce sont deux à trois semaines [avant de rouvrir le parc]. Il faut coordonner nos efforts pour que notre région reste en sécurité au niveau de la santé», de motiver, lui aussi à l’entrée principale du Parc national d’Oka, le grand chef, précisant qu’il fallait considérer, malgré toutes les précautions prises, chaque personne comme étant «symptomatique».
La position du gouvernement
Questionnée cet après-midi sur le sujet, lors du point de presse du gouvernement du Québec, la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a répondu que des discussions étaient toujours en cours avec les intervenants et ministres concernés pour tenter de trouver une solution à la problématique actuelle.
«On comprend qu’il y a des inquiétudes à divers endroits au Québec, mais notamment dans ce coin-là, sur la période de déconfinement qu’on vit. Il faut essayer de voir de quelle façon est-ce qu’on peut les [les Mohawks] rassurer, puis comment on peut en venir à une solution. Mais, il ne s’agit pas d’interdire l’accès au parc. C’était prévu que les parcs de la SÉPAQ rouvrent le 20 mai. On est le 20 mai, donc on les [les Mohawks] encourage, ou plutôt, on les décourage à bloquer l’accès au parc», a, enfin, précisé Mme Guilbault.
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