Quelques 200 membres de La Fédération des intervenants en petite enfance du Québec (FIPEQ) et de l’Alliance des intervenants en milieu familial (ADIM) des Laurentides, toutes deux affiliées à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ont défilé bruyamment (et plutôt joyeusement) sur le boulevard du Séminaire, chemin faisant vers un rassemblement qui s’est tenu dans le stationnement du Centre culturel et communautaire Thérèse-de-Blainville. Auparavant, on avait fait un arrêt au bureau du député de Groulx et ministre des Finances, Eric Girard, où les doléances du groupe ont été reçues.
Ce rassemblement, animé par la présidente de l’ADIM, Chantal Brokaert, faisait état de la lenteur des négociations avec le ministère de la Famille, qui achoppaient alors sur un dernier point, celui du salaire horaire des éducatrices, toujours maintenu à 12,42 $, alors que les demandes sont chiffrées 16,75 $ (le salaire d’une éducatrice non-formée à l’échelon 1 en CPE).
Une double injustice
«On vaut plus que ça!», scandaient les manifestantes (et quelques manifestants), alors que Mme Brokaert haranguait ses troupes. «Le ministre Lacombe (Mathieu) devra reconnaitre notre travail à sa juste valeur», a-t-elle lancé, tout en rappelant que les RSE en milieu familial font le même travail, doivent offrir la même plateforme pédagogique, le même programme éducatif, les mêmes repas équilibrés, la même qualité d’intervention que dans un CPE.
Deux autres intervenants partageaient la tribune avec elle, alors que Mario Beauchemin, de la CSQ, rappelait que 2 500 postes d’intervenantes en milieu familial sont actuellement disponibles au Québec. «Mais on ne trouve personne pour les combler. Cette situation prive les parents de 13 000 places en services éducatifs. C’est le temps de rehausser et d’améliorer les conditions de travail des intervenantes», exprimait M. Beauchemin, soulignant du même souffle que, depuis février dernier, cette vacance de postes avait forcé 32 500 femmes à quitter le marché du travail pour s’occuper de leurs enfants. «C’est une double injustice, une attaque frontale contre la condition économique des femmes», a-t-il statué.
«Les RSE se tiennent debout! Il va bien falloir que le ministre vous écoute», lançait pour sa part la présidente de la FIPEQ, Valérie Grenon, alors qu’on espérait toujours éviter le déclenchement de cette grève qui impliquera ses 10 000 membres partout au Québec.
Historique
À noter que les négociations avec le ministère de la famille ont débuté en mars 2019 et que les membres de la FIPEQ avaient voté, dans une proportion de 97,5 %, pour le déclenchement d’une grève générale illimitée, dont la date avait été fixée au 1er avril 2020. Le 13 mars, en raison de la pandémie, on avait décidé de repousser les moyens de pression et de fixer au 21 septembre le déclenchement de la grève. En juin, les dernières offres gouvernementales (notamment une hausse du salaire horaire de l’ordre de 0,43 $), ont été rejetées à 82 %.
«On veut être payées pour nos heures travaillées. On veut gagner plus que le salaire minimum. Actuellement, ne serait-ce que pour les repas et les collations, on dépasse notre budget chaque jour. Tout augmente, mais pas nos revenus», exprimait Annie Brokaert en entrevue, signalant au passage qu’avec la hausse prévue du salaire minimum, en mai prochain, les RSE vont encore s’appauvrir.
Au cours du dernier week-end, le ministre Lacombe a rejeté la proposition des syndicats qui proposaient l’arbitrage sur la question salariale. Le ministre suggère plutôt l’entrée en scène d’un médiateur. Au moment d’aller sous presse, le mouvement de grève générale illimitée était enclenché.
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