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Sainte-Anne-des-Plaines Tensions durant l’assemblée extraordinaire

Photo Marie Pier Lafleur –

Sainte-Anne-des-Plaines : Le partenariat avec la CCITB réévalué

Sainte-Anne-des-Plaines Tensions durant l’assemblée extraordinaire

Publié le 18/12/2025

Le partenariat avec la CCITB a soulevé l’inquiétude des commerçants de Sainte-Anne-des-Plaines lors d’une séance extraordinaire tenue le 15 décembre.

L’assemblée, annoncée le jour même, a mis en lumière les tensions entourant le partenariat entre la Ville de Sainte-Anne-des-Plaines et la Chambre de commerce et d’industrie de Thérèse-de-Blainville (CCITB). La rencontre visait à informer sur la situation financière actuelle de la ville ainsi que le vote visant à entamer des négociations concernant une possible résiliation de l’entente liant les deux parties pour la période 2026-2028.

Dès l’ouverture de la séance, le maire, Jean-René Labelle, a rappelé que la Ville s’était engagée, dans le cadre de la nouvelle entente, à verser des montants annuels jugés importants. Or, depuis la signature du contrat, la municipalité a appris la perte d’un financement lié à la ruralité, annoncée en octobre 2025. Cette nouvelle réalité financière oblige aujourd’hui le conseil à revoir certains engagements afin d’assurer une gestion rigoureuse des fonds publics.

Selon les informations présentées, la contribution annuelle de la Ville à la CCITB passerait d’environ 55 000 $ à près de 97 000 $, une augmentation de 76 %. Une hausse qui, selon plusieurs élus, a servi d’élément déclencheur à l’ouverture de discussions avec l’organisme.

Mandat à la direction générale

Le conseil a ensuite expliqué qu’un mandat avait été confié à la direction générale afin d’évaluer les options possibles. Parmi celles-ci figurent la renégociation de l’entente actuelle, le partage d’une ressource en développement économique avec une autre municipalité ou encore la mise sur pied, à moyen terme, d’un comité consultatif en développement économique. L’embauche éventuelle d’un agent de développement relevant directement de la Ville a également été évoquée.

À la demande du conseiller Keven Renière, un vote a été tenu afin d’entériner la poursuite des démarches de négociation. La résolution a été adoptée par cinq voix contre une, ouvrant ainsi la période de questions.

Des commerçants inquiets et peu consultés

La période de questions a rapidement donné lieu à de nombreuses interventions de commerçants et de citoyens, plusieurs se disant surpris par la tenue rapide de l’assemblée et préoccupés par le manque de consultation en amont. Certains ont rappelé que, pour l’année 2026, peu de services avaient été reçus jusqu’à présent dans le cadre de l’entente, ce qui alimente un sentiment d’incertitude.

Mme Yoko Généreux, la propriétaire et cuisinière chez Boulangerie La fournée d’Hortensia a souligné l’apport de la CCITB au développement des commerces du village. Elle a exprimé la crainte que le conseil sous-estime l’impact réel de l’organisme. « La CCITB a aidé les commerces de Sainte-Anne-des-Plaines. Ce dossier-là nous fait peur », a-t-elle affirmé, regrettant que les commerçants n’aient pas été rencontrés plus tôt pour partager leur point de vue.

D’autres entrepreneurs ont évoqué les services offerts par la CCITB, notamment en matière de formations, de visibilité, de soutien en marketing et d’accompagnement des micro-entreprises. Plusieurs ont rappelé qu’ils n’avaient ni le temps ni les ressources pour recréer eux-mêmes un regroupement local. « Je suis seule dans mon entreprise et je fais toutes les tâches. Sans ce soutien-là, je crains qu’on ne recule », a témoigné Lucie Sincennes, propriétaire de la boutique Le Campagn’Art.

Le maire a alors répondu qu’il entendait les inquiétudes des acteurs économiques présentes à la séance extraordinaire, mais que « l’économie de la Ville de Sainte-Anne-des-Plaines ne reposait pas sur la CCITB » et qu’il était du devoir de la nouvelle administration de revoir une entente signée par la Ville durant les élections municipales.

Photo tirée de la diffusion web de la séance extraordinaire du 15 décembre
Des commerçants et des citoyens ont exprimé leurs inquiétudes lors de la séance extraordinaire du 15 décembre à Sainte-Anne-des-Plaines.

Transparence et communications remises en question

La question de la transparence est revenue à plusieurs reprises au fil de la soirée. Des citoyens ont déploré avoir été informés trop tard de la tenue de l’assemblée extraordinaire, certains affirmant même s’être présentés devant des portes barrées. Pour plusieurs, la démarche contraste avec les engagements de transparence évoqués par le conseil lors de son entrée en fonction, dont Marie-Andrée Raiche, la cogestionnaire entreprise chez Lait Charbonneau, qui questionnait les raisons le fait de ne pas avoir été prévenus d’avance. Questionnée à ce sujet dans le cadre de cet article, la Ville précise toutefois qu’elle n’a jamais eu l’intention de maintenir la porte barrée durant le déroulement de l’assemblée.

Le conseiller du district 1, Vincent Guénette, a tenté de rassurer l’assemblée en affirmant que le conseil n’avait pas pris de décision définitive. « Il ne faut pas partir en peur. On est ici pour vous écouter », a-t-il déclaré.

De son côté, la conseillère dans le district 3, Caroline St-Jean, a tenu à préciser que la Ville n’avait pas l’intention de mettre fin abruptement au partenariat. « On ne veut pas mettre la hache là-dedans. Les commerçants sont au cœur de nos préoccupations et nous vous écoutons », a-t-elle indiqué, ajoutant que les commentaires entendus seraient pris en considération.

Une option transitoire évoquée

Parmi les solutions avancées par les citoyens, plusieurs ont proposé de maintenir l’entente actuelle pour une période d’un an, le temps pour la Ville d’analyser en profondeur les impacts et de structurer une alternative crédible. Le maire a confirmé que cette option figurait parmi les scénarios envisagés, tout en rappelant que certaines discussions demeurent confidentielles dans le cadre des négociations.

La séance s’est conclue avec l’engagement du conseil de poursuivre les échanges. Le dossier devra notamment être considéré dans le cadre de l’élaboration du budget municipal, prévu pour janvier.

Si aucune conclusion n’a été arrêtée, la rencontre aura mis en évidence l’attachement de nombreux entrepreneurs à la CCITB et l’importance, pour la Ville, de concilier développement économique et contraintes budgétaires. Plusieurs citoyens ont quitté la salle en espérant être davantage consultés au cours des prochaines étapes de la négociation à venir.

Par Phoeby Laplante
plaplante@groupejcl.ca