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« Ce n’est pas le feu notre ennemi, mais le cancer »

Photo courtoisie-
Il est possible de faire un don pour la recherche sur le glioblastome en suivant ce lien.
https://fondationcusm.com/travaux/nouveaux-traitements-contre-le-cancer-du-cerveau

« Ce n’est pas le feu notre ennemi, mais le cancer »

Publié le 20/09/2024

Le plus grand ennemi des pompiers, ce n’est pas le feu mais le cancer. Voilà le cri du cœur de Gabriel Thibert, un Blainvillois de 40 ans qui est pompier et a reçu en janvier dernier un diagnostic de cancer au cerveau de stade 4.

De 2005 à 2016, le gouvernement fédéral a observé que le cancer était en cause dans 86 % des demandes d’indemnisation à la suite du décès d’un pompier dans le cadre de son travail. Les pompiers courent un risque 14 % plus élevé de développer un cancer que la population, en général.

Dans son entourage professionnel immédiat, Gabriel Thibert relève au moins une dizaine de collègues touchés par le cancer et dont certains n’y ont pas survécu.

Un diagnostic choc

Celui-ci a appris le 21 février dernier qu’il souffrait d’un cancer du cerveau de stade 4, dont le nom scientifique est glioblastome.

Pourtant, rien ne lui laissait croire à la présence d’un cancer. Il était en forme et vaquait sans problème à ses activités de pompier. Une crise de convulsion a été le signal d’alarme et a mené à un examen par Imagerie par résonance magnétique (IRM) qui est venu confirme le diagnostic accablant.

« J’ai été surpris. Je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver car j’étais en forme. Je ne pouvais pas le suspecter avant ma crise de convulsion », confie le pompier qui travaille au Service de sécurité incendie de Montréal.

Pire encore, on lui a appris qu’il souffrait du glioblastome, un cancer du cerveau très agressif, qui attaque la couche protégeant les neurones. Le stade 4 associé à son cancer ne correspond pas à l’étape avancée, mais au type de cancer dont il s’agit, précise M. Thibert.  

On l’opère malgré tout très rapidement, à peine cinq jours plus tard. Et le Blainvillois est chanceux dans son malheur puisque qu’on est parvenu à retirer la masse cancéreuse sns même toucher aux zones à risques de séquelles. 

« J’ai la chance : la tumeur était placée dans mon lobe temporal gauche et collé sur la boite crânienne, ce qui a empêché de toucher la zone du langage et de la motricité », souligne-t-il.

Peu de chances de survie 

Les deux derniers IRM ne montrent plus de traces de cancer. Mais le principal intéressé préfère faire preuve de réalisme ; il sait qu’un cancer du cerveau laisse peu de chances de survie.

« Je n’ai jamais entendu parler de rémission pour ce genre de cancer. On parle même d’un taux de récidive de près de 80 %. Il n’y a donc pas de rémission envisageable pour moi. En fait, les statistiques sont tellement fatales que je suis considéré en phase terminale. »

Gabriel est néanmoins conscient qu’il fait partie du mince pourcentage de ceux qui n’ont pas de séquelles de l’opération. « Je suis en forme et comme on a retiré toute masse cancéreuse, ce sont des facteurs de mon côté. Mais à chaque 3 mois, je dois passer des IRM et c’est stressant à chaque fois.

Voir la vie autrement

Vivre avec une telle épée de Damoclès au-dessus de sa tête lui a fait revoir ses priorités. En arrêt de travail depuis le 22 janvier, il profite de sa vie à chaque instant, surtout qu’il est père de deux enfants de 6 et 9 ans.

« Ça changé complètement mon œil sur la vie. J’ai envie de vivre plus que jamais. Mon seul souhait est de vivre le plus longtemps possible pour être avec les gens que j’aime », assure bien humblement l’homme touché par la maladie.

Sensible à son sort, ses collègues ont tenu une levée de fonds dans plusieurs commerces McDonald’s la semaine dernière afin d’amasser de l’argent destiné à la recherche sur le glioblastome.

Pompiers et cancer

N’empêche que la réalité va au-delà de son cas. Les pompiers sont surreprésentés pour ce qui du cancer. La grande raison : leur contact régulier avec des matériaux et matières présentant de plus en plus de toxicité : gaz à combustion, matériel plastique et matériaux de revêtement de maison. Entre autres. 

Dans son équipe de Montréal actuelle, Gabriel Thibert souligne la perte un confrère d’un cancer du colon d’à peine 34 ans, d’un autre collègue aux prises avec le même cancer que lui ainsi qu’un autre pompier atteint lui aussi d’un cancer. 

En juin 2023, Ottawa a adopté le projet de loi C-224, Loi concernant l’élaboration d’un cadre national sur la prévention et le traitement de cancers liés à la lutte contre les incendies qui s’appuie sur les engagements à créer un plan d’action pour protéger les personnes au Canada, y compris les pompiers, contre l’exposition aux produits ignifuges toxiques qui se trouvent dans certains produits ménagers.