C’est avec optimisme que le maire de Rosemère reprend son rôle de préfet pour deux autres années. Il s’était donné comme mission d’être l’élément rassembleur des sept municipalités de la MRC et croit bien avoir réussi à transmettre parmi les maires et mairesses en poste un certain esprit d’équipe et la nécessité de prendre de la hauteur pour favoriser le bien de chacune des villes.
« Rassembler, ça je dirais que c’est ma plus belle réalisation de mes deux premières années comme préfet. À la MRC, on veut des projets qui rassemblent tout le monde le plus possible. »
Initiative payante
Cet esprit rassembleur s’est révélé particulièrement payant dans le dossier de l’ARTM, lorsque la ministre du Transport, Geneviève Guilbault a tenté de refiler la facture déficitaire de la société de transport en voulant augmenter la quote-part des villes membres de la Communauté métropolitaine de Montréal, dont font partie celles des Basses-Laurentides.
M. Westram a rassemblé les municipalités régionales dans un mouvement d’opposition, qui a eu des effets concrets. « Si ça n’avait pas été l’implication de notre MRC, qui a rassemblé d’autres MRC également touchées, alors que l’ARTM voulait nous imposer une augmentation de la tarification qu’on devait payer, on se serait ramasser aujourd’hui avec des factures totalement déraisonnables. Ici, le 200 $ par payeur de taxes serait monté à 800 $ sur le budget que l’on nous exigeait. C’était totalement ridicule », spécifie M. Westram.
« Ce dossier est une très belle victoire de notre MRC ainsi que des MRC voisines. On a gagné la première bataille, on a sauvé 2024. On a réussi à obtenir une augmentation de seulement 4 % la quote-part pour l’année 2024 versus celle que nous payions en 2023. »
Mais le préfet ne veut pas s’arrêter là. « On a demandé au gouvernement de s’ingérer, de faire un audit du transport en commun d’EXO et de l’ARTM. On veut savoir comment ça fonctionne, parce que selon nous, ça ne fonctionne pas. On nous augmente à chaque année nos quotes-parts et il y a un déficit grandissant alors que rien n’a changé en termes de services. »
Transport collectif incomplet
M. Westram s’inquiète notamment du coût de la quote-part à payer une fois que le REM sera en service à la gare Deux-Montagnes.
« On considère que le transport en commun n’est pas à la hauteur de ce qu’il devrait être (dans la région). Il y a deux entités qui ne se parlent pas, qui ne s’aident pas et qui se rejettent la balle. Quand j’ai rencontré l’ARTM et que je leur ai demandé quel est leur plan, ils m’ont dit que c’était d’éponger le déficit, (celui de Montréal à 65-70%). Mme Guilbault s’est engagée à faire un audit pour savoir qui fait quoi, où ça ne fonctionne pas et de là, certaines décisions devront être courageuses », dit-il.
Commerces et habitation
Les deux prochaines années ne s’enlignent pas comme un long fleuve tranquille pour l’équipe de la MRC. Si le préfet se félicite que ses municipalités attirent de nombreux citadins à venir s’y installer – en hausse de 9 % à Blainville et à Sainte-Anne-des-Plaines en seconde position avec 6 % de résidents supplémentaires – il constate que la santé commerciale n’est pas encore assurée malgré l’aide de 12 M$ accordée aux commerçants mal en point à cause de la pandémie. La perte de revenus et l’inflation ont fait exploser les coûts d’exploitation.
Puis la région n’a pas échappé à la crise du logement. M. Westram constate d’ailleurs que les priorités des citoyens ont quelque peu changé. Désormais, l’économie, le logement et l’inflation ont préséance sur l’environnement.
Cap sur 2024
Sur la liste des objectifs 2024, se trouve le dépôt en février de la version finale du PMAD amorcé en 2023 et qui doit tenir compte des exigences de la CMM. « La CMM a mis un moratoire sur des terrains de golfs dont celui de Rosemère. On se fait demander de la densification avec un 30 % de sauvegarde des milieux naturels. Il faut voir comment composer avec cela, car on nous demande des tours de 300 logements à l’hectare, donc des tours de 30 étages. Nous, on a dit NON à développer ce genre de tours à logements sur le terrain de golf », souligne le préfet de la MRC Thérèse-De Blainville.
« On a encore un an pour arriver à adopter un plan d’aménagement pour l’ensemble de la CMM, pour dire : à tel endroit, on permet telle densité, à tel endroit, c’est un espace vert et on n’y touche pas. On a mentionné à la CMM qu’on n’adopterait pas un PMAD si le transport en commun ne vient pas s’investir dans tout cela. C’est bien beau vouloir développer des banlieues, mais s’il n’y a pas de transport en commun, ça ne donne rien. »
« Construire des édifices à étages dans une ville comme Rosemère, ça change complètement son ADN. Et Rosemère n’est pas unique dans son souci d’en arriver à un développement raisonnable. La densification vient avec des investissements majeurs pour une ville : en approvisionnement en eau, en gestion des eaux usées alors que les usines sont déjà à pleine capacité. Cela exigerait des investissements majeurs en infrastructures. On se doit d’adopter un nouveau plan d’urbanisme parce qu’on fait face à des réalités auxquelles on n’échappera pas : l’exode des villes vers les banlieues ça va continuer et il faudra être capable de gérer tout ce volume de besoins qui l’accompagnent. »
L’Intelligence Artificielle, outil de gestion
L’année 2024 sera marquée par l’arrivée de l’Intelligence Artificielle dans la gestion de changements climatiques. La MRC a fait appel à sept firmes avec le mandat d’appliquer l’IA : gestion de l’eau potable, fuites d’eau en dessous des rues et produites par les usines d’assainissement des eaux et occasionnant une perte de 40-45 % de l’eau potable.
« On a trouvé à travers toutes nos villes de la MRC un projet commun où l’on va appliquer l’IA. Ce sont des ordinateurs qui vont s’occuper de la gestion des données, qui peut être très longue lorsque effectuées par des personnes, nous faisant sauter des étapes, ce qui nous permettra d’appliquer des actions plus rapidement. »
« On est la première MRC au Québec à avoir trouvé une façon d’appliquer l’IA. C’est un super beau projet pour unifier nos municipalités, surtout que les changements climatiques sont déjà là. On vit des périodes d’inondation, de pluies verglaçantes », dit le préfet, qui a obtenu une subvention pour son premier volet de l’ordre de 1 880 281 $ du ministère de l’Économie.
« Il faut y aller prudemment avec l’IA, mais il ne faut pas en avoir peur et embarquer dans le train qui passe », dit le préfet, qui préfère faire confiance au progrès.
L’achat local
Sur la liste des projets à venir pour la MRC, se trouve également celui de l’achat local, à lequel est rattaché l’agriculture régionale, secteur d’activité interpellant particulièrement la vice-préfète Julie Boivin, également mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines, municipalité en bonne partie agricole.
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Eric Westram
MRC de Thérèse-De Blainville