Le 29 mai dernier, les corps de 215 enfants autochtones ont été découverts sur le terrain d’un pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique. Le 23 juin, c’est plus de 750 tombes anonymes qui ont été trouvées, cette fois sur le site de l’ancien pensionnat de Marieval, en Saskatchewan. Puis, hier, les autorités ont fait la découverte de 182 cadavres près d’un ancien pensionnat pour enfants autochtones à Cranbrook, en Colombie-Britannique. « Une vraie honte pour le pays », souligne Simon Marcil, en ce jour de fête nationale.
Le député bloquiste de Mirabel était outré, au bout du téléphone, par la découverte de toutes ces innocentes victimes. « Les pensionnats autochtones sont une aberration. Le gouvernement canadien et l’Église ont déshumanisé et détruit la culture autochtone pour assimiler les nouvelles générations. C’est digne des premières colonies des siècles passés », a-t-il souligné. Au cours de la plus récente session parlementaire, M. Marcil a défendu en Chambre le traitement réservé encore aujourd’hui aux Premières nations en donnant l’exemple de certaines communautés dans le nord de l’Ontario qui n’ont toujours pas accès à l’eau potable.
Selon l’Atlas des peuples autochtones du Canada, ce sont plus de 150 000 enfants issus des Premières nations qui ont fréquenté les pensionnats canadiens entre 1832 et 1996, année de fermeture du dernier pensionnat actif au Canada. Mis sur pied par le gouvernement canadien et l’Église catholique, des enfants inuits, métis et des Premières nations étaient arrachés à leur famille pour être envoyés dans ces pensionnats, en les forçant à renier leurs traditions, leur culture et leur langue. Ainsi, en assimilant et en intégrant ces enfants à la société canadienne, le pays s’assurait de ne pas perpétuer l’héritage autochtone à travers les générations en faisant mourir à petit feu les différents peuples des Premières nations jusqu’à leur disparition. Le gouvernement allait donc pouvoir se débarrasser des droits autochtones, des réserves et des traités en vigueur, qui ont été pendant longtemps un poids dont les gouvernements voulaient se débarrasser, selon l’Atlas en partenariat avec l’Assemblée des Premières nations du Canada.
En plus de recevoir une éducation sévère, les pensionnats offraient des conditions de vie exécrables aux élèves et selon M. Marcil, les peuples autochtones en subissent toujours les conséquences: « Lorsqu’on sait comment les pensionnats fonctionnaient, c’est facile de comprendre à quel point les peuples autochtones sont démolis. Le problème à l’époque, c’est qu’il n’y avait pas de suivi. Là ils vont commencer à creuser et à chercher partout autour des pensionnats autochtones et j’ai l’impression que ce sera l’hécatombe. »
Justin Trudeau doit offrir des compensations
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a offert ses sympathies aux gens des Premières nations pour le tort que le gouvernement fédéral a pu leur causer au cours des dernières décennies. Bien entendu, M. Marcil reconnaît que les découvertes des derniers jours n’ont rien à voir avec les décisions prises par M. Trudeau. Après tout, ce n’est pas le premier ministre actuel qui a créé et développé les pensionnats autochtones. Toutefois, il soutient que le Canada doit tenter de réparer autant que possible les erreurs du passé, même si le pays sera à jamais marqué au fer au rouge par les plus récentes découvertes.
« Il faut qu’il y ait une compensation. Des vies ont été détruites. Le gouvernement n’a pas le choix de réparer les erreurs qui ont été commises. C’est un génocide culturel et on se rend compte que c’est peut-être plus que culturel. Ça n’a aucun sens. Ce sont des enfants », s’est indigné le député de Mirabel.
D’après M. Marcil, le gouvernement devrait commencer d’abord et avant tout par financer les recherches pour retrouver plus de corps et enfin faire la lumière sur cette macabre histoire, d’autant plus que le Canada « se targue constamment d’être un pays progressiste ».
En cette journée de fête nationale, où plusieurs souhaitent voir les festivités être annulées à la mémoire des victimes, le drapeau canadien est en berne, à la demande de Justin Trudeau.
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