Stablex: Dérapage d’une manifestation dite « citoyenne »

Sur l’invitation de la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex, les participants s’étaient rassemblés en début d’après-midi au Boisé du Lac Fauvel avec un itinéraire bien précis : se rendre devant l’usine pour exprimer leur mécontentement face à la poursuite des activités de Stablex et leur étendue sur le terrain de la Grande Tourbière, qui a reçu l’aval du gouvernement Legault en avril dernier.

La marche a démarré sur un ton pacifique, mais en cours de route, des manifestants sont sortis des rangs et ont coupé la chaîne qui clôturait le terrain de l’usine Stablex. Ils y sont entrés et certains d’entre eux ont dessiné des graffiti sur des machines, sur le sol et ailleurs sur le terrain. Des fenêtres ont aussi été brisées.

Des policiers sont intervenus et les ont escortés là où se tenait l’ensemble des autres manifestants, sur le boulevard Industriel, devant l’usine.

La manifestation a finalement pris fin vers 15h30, peu après l’arrestation de l’un des manifestants pour méfaits. Selon la porte-parole du Service de police de Blainville, le lieutenant Sarah Tousignant, si l’usine Stablex décide de porter plainte, une enquête sera ouverte, ce qui pourrait mener à d’autres arrestations.

Pour Marie-Claude Archambault, porte-parole du Mouvement citoyen de Blainville contre Stablex, la manifestation demeure un succès. Elle avance qu’« au moins 350 personnes » y ont pris part et reconnaît qu’« il est immanquable que des franges plus revendicatrices finissent par s’exprimer » dans ce type d’action. « La coalition n’a jamais eu de comportement comme ça… ce sont les risques du métier de coorganiser un événement. Mais tout s’était très bien passé, ils ont été très collaboratifs », dit-elle en parlant du mouvement Le soulèvement du fleuve, partenaire de l’organisation.

Le jour même, sur les réseaux sociaux, Mme Archambault avait diffusé une vidéo montrant des manifestants escortés hors du site par la police, tout en commentant : « Regardez ce qui s’est passé, comme quoi on est plus forts que Stablex… Ils ont bloqué Stablex, ils ont envahi Stablex. C’est une réussite totale de “À l’assaut de Stablex”. »

De son côté, Stablex est encore à évaluer l’ampleur des dommages matériels. Joints mardi matin par le Nord Info, l’entreprise a commenté : « Nous tenons à réaffirmer notre respect du droit fondamental de manifester. Cependant, la santé et la sécurité de nos employés demeurent notre priorité absolue et ne peuvent en aucun cas être compromises.

Les événements de ce week-end sont le fait d’un petit groupuscule qui a délibérément mis en danger la sécurité de nos travailleurs. Ce comportement est inacceptable et nous le condamnons fermement ».

Liza Poulin appelle au calme

La mairesse de la Ville de Blainville, Liza Poulin, a vivement dénoncé les débordements et le vandalisme qui ont marqué la manifestation.

Pour la mairesse, il est clair que les organisateurs de la manifestation portent la responsabilité de cet évènement désolant. « Je condamne vivement ces gestes qui n’ont rien à voir avec les valeurs démocratiques défendues par la Ville de Blainville et partagées, j’en suis convaincue, par une large majorité de la population de Blainville », a déclaré Liza Poulin, qui dit reconnaitre le droit des gens à manifester.

L’administration municipale estime que le débat entourant le projet de Stablex doit se poursuivre pacifiquement. Or, les gestes graves posés par certains manifestants, les vidéos tournées et les propos observés sur les médias sociaux laissent peu de place à l’interprétation, selon la mairesse de l’endroit.

 « Quand une manifestation appelle les gens à monter à l’assaut de quelqu’un ou de quelque chose, il y a clairement un réel danger d’escalade. La Coalition n’a rien fait pour contrôler ces manifestants et pour éviter ces débordements. Elle aurait dû condamner immédiatement ces actions malheureuses qui n’ont pas leur place dans notre société démocratique », a ajouté Liza Poulin.

Le combat contre la Loi 93 se poursuit

Celle-ci craint également que les actions de la Coalition n’entachent le combat de la Ville contre le projet de Stablex, contre le projet de Loi 93. « Nous sommes toujours devant les tribunaux pour faire invalider la Loi 93. Il ne faudrait pas que de tels actes de violence discréditent notre démarche menée au nom de la population de Blainville. »

 « Alors que la démocratie est attaquée dans plusieurs sociétés dans le monde, il faut rester au niveau des idées et éviter de sombrer dans la diffamation, la peur ou la violence à des fins politiques. C’est mon souhait le plus cher », assure-t-elle.

Selon les propos qu’elle entend sur le terrain, la majorité des Blainvillois rejettent les méthodes radicales de la Coalition et ses alliés.

 « La Coalition et les organisations qui la suivent ne sont pas représentatives de Blainville et de nos valeurs démocratiques. Elles se sont complètement discréditées le 13 septembre et j’espère que tous les acteurs politiques et communautaires qui y ont participé condamneront les méfaits commis et se dissocieront de la Coalition », a conclu Liza Poulin en mentionnant qu’une enquête est en cours par le Service de police de la Ville.