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Photo Marie Pier Lafleur –

Attaqué par un chien
Un bambin évite le pire

Un chien dangereux arrache la moitié d’une oreille à un bambin

Publié le 14/08/2025

Le 9 juillet, vers 18 h, Julie (nom fictif) marchait tranquillement sur le trottoir avec son fils de deux ans et demi, en direction du parc Edmond, quand leur vie a basculé.

L’enfant avançait à petits pas, entre sa mère et la poussette. En passant devant la maison d’un voisin, Julie aperçoit ce dernier à la fenêtre. Elle le salue; il lui répond par un signe de la main qu’elle croit être une invitation à attendre. Croyant qu’il vient lui parler, elle s’avance légèrement quand la porte s’ouvre alors « toute grande ». Le bull-terrier du voisin jaillit « comme une flèche » et fonce droit sur l’enfant. L’animal ne grogne pas, ne prévient pas : il vise directement la tête et referme sa mâchoire sur l’oreille de l’enfant. Elle tire pour déprendre son enfant de l’emprise, le propriétaire saisit le chien par le collier et tire également. Mais le mal est fait : la moitié supérieure de l’oreille du bambin est arrachée.

Transporté d’urgence à l’Hôpital de Saint-Eustache, puis à Sainte-Justine, le bambin a subi une chirurgie pour refermer la plaie. Sur le plan esthétique, l’opération est un succès et les traces de l’agression sont subtiles. Mais sur le cellulaire de Julie, les images prises depuis l’attaque sont difficiles à regarder.

Les médecins estiment que l’oreille interne n’a pas été touchée, mais des tests devront être réalisés plus tard pour confirmer l’état du tympan.

Une famille brisée

Julie se rappelle l’événement : « J’ai vu le chien par-dessus mon enfant. S’il n’avait pas attrapé son chien à ce moment-là, je n’aurais pas pu retirer mon fils. Je l’ai serré contre ma poitrine et j’ai crié, j’ai crié de toutes mes forces. Pendant une semaine, je n’ai plus eu de voix. »

À la table de la cuisine, cela fait 100 fois que Tony, le père de l’enfant, entend le récit d’horreur. Toujours aussi secoué, il baisse les yeux et retient difficilement ses larmes. Depuis le 9 juillet, son fils fait des crises de colère et dort mal. « Il se réveille en pleurs. Notre famille est brisée. Mon fils ne parle pas encore. Il ne peut même pas me dire s’il a peur… ce à quoi il rêve. C’est horrible », confie Tony avec émotion.

Photo courtoisie
Un mois après l’attaque, les plaies ont guéri, mais le traumatisme reste bien présent, tant pour le garçon de deux ans que pour les parents.

Des voisins inquiets

Fait troublant, cette attaque ne semble surprendre personne dans le voisinage. Des photos et une vidéo suivant une autre agression du même chien ont d’ailleurs été fournies au Nord Info. « Il prenait souvent sa marche sur notre rue. On voyait que c’était un chien méchant, il devenait enragé en voyant d’autres animaux », nous dit un voisin d’une rue adjacente. Une autre voisine raconte : « Il avait toujours une muselière dans sa main, mais jamais il ne la mettait au chien. On le voyait frapper son chien. Je ne crois pas qu’il soit apte à s’occuper d’un animal ».

Une troisième personne affirme quant à elle avoir entendu, dans d’autres circonstances, le propriétaire donner des ordres à son chien pour l’inciter à attaquer. « C’est un homme menaçant qui dévisage. Lorsqu’on le croise, on change de trottoir », confie-t-elle.

À la lumière de ces témoignages, et compte-tenu de la rumeur qui veut que l’homme soit déjà en démarche pour se procurer un nouveau chien, pas surprenant de savoir que la pétition initiée par Tony, demandant une résiliation du bail du propriétaire du chien, un dédommagement pour les victimes, ainsi qu’une interdiction de posséder un chien a rapidement pointé 61 signatures, dont plus de 40 recueillies en seulement 24 heures.

Le chien a été euthanasié, mais pour la famille, ce n’est pas suffisant. « Le propriétaire doit payer pour ce qu’il a fait », tranche le père accablé

Les autorités interpellées

La mairesse de Boisbriand, Christine Beaudette, sensibilisée au dossier, a promis de se pencher sur la plainte. Contactée au téléphone un mois après l’agression, l’inspectrice-chef à la division de soutien aux opérations de la Régie intermunicipale de police de Thérèse-De Blainville, Karine Desaulniers, s’étonne d’apprendre que le propriétaire entrainait peut-être son chien à l’attaque et rappelle que toute nouvelle information sera prise au sérieux : « Si on nous transmet des informations comme quoi quelqu’un entraînerait un chien à l’attaque, on ne laissera pas cela sans réponse, même si le chien a été euthanasié. »

D’ici là, Tony souhaite que l’histoire de son fils soit connue pour éviter de nouveaux accidents.

Photo lona Mousli
Une simple promenade vers le parc, un soir de juillet, aurait pu avoir des conséquences tragiques pour la famille de Boisbriand.

Encadrement des chiens dangereux au Québec

Selon le Règlement d’application de la Loi visant à favoriser la protection des personnes(chapitre P-38.002, r. 1), un chien déclaré potentiellement dangereux doit :

1.Être enregistré auprès de la municipalité (micropuce, stérilisation, vaccination).

2.En public, être tenu en laisse (max. 1,25 m) et porter une muselière-panier.

3.Sur la propriété, être empêché de s’échapper et signalé par une affiche visible.

4.Se soumettre aux inspections municipales, sous peine d’amendes doublées si le chien est classé à risque.

Ces règles donnent aux autorités des leviers concrets pour prévenir de nouvelles attaques et encadrer strictement les propriétaires de chiens jugés dangereux.