Le couple a passé l’été 2019 à préparer son bateau de 52 pieds, acquis en 2016, en vue de ce voyage qu’ils souhaitaient tous les deux réaliser depuis très longtemps.
«Nous l’’avons peinturé au complet, ajouté des panneaux solaires, une machine pour transformer l’eau salée en eau douce, etc. Nous avons mis des milliers d’heures dedans», soutient Jason, 40 ans, qui n’avait que sept ans lorsque son père lui a offert son premier bateau, un «12 pieds» qu’il mouillait sur la rivière des Mille-Îles.
Cloée a quant à elle découvert sa passion pour la vie de bateau lorsqu’elle a rencontré son conjoint, en 2013. Depuis, le couple passe ses fins de semaine à bord du bateau, l’été, et rêve de la mer.
Le voyage
C’est ainsi que le 2 octobre au matin, emmitouflés de la tête aux pieds et leur bateau rempli jusqu’au rebord d’équipements de toutes sortes, Jason et Cloée Vienneau ont quitté la marina Bo-Bi-No de Laval à destination de New-York, leur première escale.
«Le départ fut un stress intense, se rappelle Jason. J’étais sensé étudier la route durant l’été, mais je n’ai pas eu le temps. Je n’avais donc aucune idée où m’en aller, mais il fallait y aller ! On est parti à l’aveuglette.»
Le couple a finalement emprunté la rivière Richelieu jusqu’à la frontière américaine. Par la suite, il a parcouru le lac Champlain jusqu’à l’écluse qui l’a mené à la rivière Hudson. En cinq jours, Jason et Cloée étaient arrivés à New York. De New-York, ils se sont ensuite dirigés vers la Floride. Ils y sont arrivés le 10 novembre.
«Quand nous sommes arrivés en Floride, raconte Cloée, nous étions sur un nuage. Il y a des gens qui navigueront dans un lac toute leur vie et nous étions rendus en Floride. C’était fou de le réaliser et de voir notre petit bateau parmi ces immenses bateaux de millionnaires!»
Floride-Cuba
Ce n’est qu’un peu avant la période des Fêtes que les navigateurs jouissant d’une météo favorable, décident de quitter la Floride pour Varadero, à Cuba, où ils demeureront une douzaine de jours. La traversée aura toutefois apporté son lot de péripéties, dont une fuite d’huile majeure à l’un des deux moteurs, mais aussi des images à couper le souffle.
«Durant la traversée, raconte Cloée, nous étions sur un nuage ! Il fallait se pincer pour se dire que nous étions en route pour Cuba. Une fois arrivés, nous racontions aux Québécois que l’on rencontrait sur la plage que nous étions venus en bateau de Boisbriand et ils n’en revenaient pas !»
«J’étais déjà allé à Cuba, de renchérir Jason, mais là, tu es assis dans ton hôtel, et tu réalises que ton bateau t’attend à la marina. C’était capoté !»
Cuba-Bahamas
Après quelques essais infructueux pour quitter Cuba à destination des Bahamas, des vagues de six pieds les forçant notamment à rebrousser chemin, Jason et Cloée entament finalement le dernier droit vers leur destination ultime.
«Quand on décolle, en après-midi, tout est beau, mais vers 23 heures, je commence à voir des nuages d’orage qui s’en viennent vers nous. La grosse tempête s’en vient et tu es au milieu de l’océan, à 300 kilomètres de la côte et là tu commences à stresser…»
Le bateau des Vienneau est pris dans la tempête, «gauche-droite, gauche-droite, ça brasse», se rappelle Jason, qui passe finalement à travers cette tempête, non sans y laisser l’un de ses moteurs.
«Il faut être habile de ses mains et débrouillard pour entreprendre un tel périple en mer. On ne te parachutera pas un mécanicien en plein milieu de l’océan si tu tombes en panne !», lance Cloée.
En janvier, le couple a rejoint les Exumas dans les Bahamas et y passe des jours paisibles en attendant la visite des parents de Jason qui doivent arriver en avion à Nassau, le 10 mars.
Arrive la pandémie
La pandémie qui a secoué la planète, le 12 mars, allait compliquer la vie des Vienneau. «Nous étions pris sur notre bateau. À l’ancre pendant deux semaines. Sans avoir le droit de bouger !», raconte Jason qui, souhaitant vivement rentrer au pays, décide finalement de se pousser en douce vers Cuba, puis la Floride, défiant les autorités (il avait déjà tenté l’expérience mais s’était fait arrêter par la patrouille nautique).
«J’ai demandé la permission de quitter en demeurant vague quant à ma destination, de dire Jason. On m’a demandé où j’allais. J’ai répondu que je me dirigeais vers les Etats-Unis».
Son plan fonctionne, mais le couple est loin d’être au bout de ses peines. Jason ne sait pas trop comment ni pourquoi, mais attrape la COVID-19 et est pris de fortes fièvres pendant quelques jours. Puisqu’il est seul à conduire le bateau, la maladie les a donc ralentis.
Et comme si ce n’était pas suffisant, un peu avant d’entrer dans les eaux canadiennes, Jason et Cloée réalisent que la route qu’ils souhaitent emprunter est barrée en raison de travaux effectués sur l’écluse. Ils doivent alors faire un détour de 2000 kilomètres par les Maritimes.
Ils sont entrés au pays la semaine passée. Jason a encore de fortes toux.
«Malgré tout, ce fut une expérience formidable!», a-t-il conclu.
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